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fraction du traité, ils se trouvent à sa merci, il ne s’ensuit pas qu’il ait droit en conscience de les faire mourir pour ce sujet seul ; il peut seulement les retenir désormais comme prisonniers de guerre.

Les ôtages donnés pour un certain sujet sont libres, dès qu’on y a satisfait, & par conséquent ne peuvent pas être retenus pour une autre cause pour laquelle on n’avoit point promis d’ôtages. Que si l’on a manqué de parole en quelqu’autre chose ou contracté quelque nouvelle dette, les ôtages donnés peuvent alors être retenus, non comme ôtages, mais en conséquence de cette regle du droit des gens, qui autorise à arrêter la personne des sujets pour le fait de leur souverain.

Un ôtage est-il en liberté, par la mort du prince qui l’avoit donné ? Cela dépend de la nature du traité, pour la sureté duquel on avoit livré l’ôtage, c’est-à-dire qu’il faut examiner s’il est personnel ou réel.

Que si l’ôtage devient l’héritier & successeur du prince qui l’avoit donné, il n’est plus tenu alors de demeurer en ôtage, quoique le traité soit réel ; il doit seulement mettre quelqu’un à sa place, si l’autre partie le demande. Le cas dont il s’agit étoit tacitement excepté ; car on ne sauroit présumer qu’un prince, par exemple, qui auroit donné pour ôtage son propre fils, son héritier présomptif, ait prétendu qu’au cas qu’il vînt à mourir lui-même, l’état fût privé de son chef. (D. J.)

OTALGIE, s. f. (Médec.) Une douleur d’oreille quelconque peut s’appeller otalgie, mais sur-tout si celle qu’on ressent à cette partie est intérieure & violente.

La douleur interne de l’oreille qui vient à la suite de quelque inflammation, est dangereuse ; on la diminue par la saignée, & ensuite par l’évacuation du pus ; il faut y appliquer les émolliens antiphlogistiques, & relâcher le ventre.

Il faut dessécher l’érésipele à la faveur des absorbans secs, & de l’application des doux astringens.

Si c’est un catarre ou l’écoulement de quelqu’humeur tenue & âcre, qui produit la douleur d’oreille, il faut détremper cette humeur & l’adoucir par des lotions émollientes, chasser la matiere par les vésicatoires, les ventouses, & en faire la dérivation sur une autre partie en lâchant le ventre. (D. J.)

OTARDE, voyez Outarde.

OTELLES, terme de Blason. Bouts de fer & piques assez larges par derriere qu’on a appellés amandes pelées, à cause qu’ils en ont la figure ; on charge quelquefois l’écu de ces bouts de fer : quelques-uns font venir ce mot de hassulæ ou hassilæ, pique ou lance.

OTENE, (Géog. anc.) contrée de l’Arménie, selon Pline, liv. XII. c. xiij. Etienne place le peuple Oteni vers le fleuve Cyrus avec les Obaréniens. (D. J.)

OTER, v. act. (Gram.) c’est ou séparer, ou priver, ou transporter, ou éloigner, ou déplacer, ou diminuer, ou arracher, ou perdre, &c. ôtez cet enfant de la voie des carosses : qui de 9 ôte 5, reste 4 ; on lui a ôté jusqu’à ses souliers ; la violence de sa passion lui a ôté la raison, &c.

Oter, (Jardin.) on dit ôter une branche à un arbre ; ôter le trop de fruit noué pour que le reste vienne plus beau ; ôter un chancre, de la mousse ; ôter le trop de chevelu, de racines & autres.

Oter ses dents, se dit d’un poulin, lorsque quelques-unes de ses dents de lait tombent pour faire place à d’autres ; ce cheval ôte ses dents de trois ans.

OTEVENT, s. m. (Charpenter.) c’est un assemblage de cinq ou six planches qu’on met au-dessus d’une boutique pour la garantir du vent, de la pluie

& du soleil ; on a fait de ce terme celui d’auvent, dont on se sert aujourd’hui. (D. J.)

OTHIN, s. m. (Mythol.) ce mot s’écrit encore Otin & Odin, nom propre d’un dieu des anciens Danois. Leurs principaux dieux étoient Othin, Thor & Freyus ; c’étoit de grands hommes ou des conquérans qu’on avoit mis au nombre des dieux, comme Sturlæsonius l’a prouvé. Voyez aussi Bartholin, Antiquit. Danicæ, & Saxo-Grammaticus, Hist. Dan. (D. J.)

OTHOMAN ou OTTOMAN, (Gram.) on dit l’empire Ottoman, l’empereur Ottoman ; cette dénomination vient d’Othoman ou Osman, premier empereur des Turcs. Osman n’étoit que le fils d’un paysan nommé Orthogule : voilà l’origine de tous ces potentats jusqu’à ce jour. Voyez Musulman, Turc.

OTHONNA, (Hist. nat.) pierre connue des anciens, qui se trouvoit en Egypte & qui étoit d’une couleur d’airain, on croit que c’est la pyrite. (—)

OTHONA, (Géog. anc.) ancienne ville de l’île de la grande-Bretagne, sur le rivage Saxon. Le savant Bauter pense que cette ville a été engloutie par la mer, & que Maeldon est Othona nova. (D. J.)

OTHRYS, (Géog. anc.) montagne de Thessalie ; c’est là, dit Strabon, que prend sa source l’Enipée, grossi par l’Apidan, riviere qui vient de Pharsale. Stace dit dans son Achilleide, l. I.

Jam tristis Pholæ, jam nubilus ingemis Othrys.

Virgile y met des Centaures, & dit Æneid. l. VII. vers. 675.

Descendunt Centauri omolen Otrynque nivalem
Linquentes cursu rapido.

(D. J.)

OTOURAK, terme de relation, c’est le nom que l’on donne dans les troupes Ottomanes aux soldats que l’on paie sans qu’ils aillent servir en campagne : l’aga des janissaires a sous lui plusieurs milliers de janissaires à morte-payes, qu’ils appellent otourak, c’est-à dire gens de repos. Du Loir. (D. J.)

OTRANTE, (Géog.) province d’Italie au royaume de Naples, bornée N. par la terre de Barri & par le golfe de Venise, E. par le même golfe, S. O. par un grand golfe qui est entr’elle & la Basilicate. Cette contrée montagneuse abonde en olives, en figues & en vin. Elle est fort exposée aux courses des corsaires Turcs. C’est du cap d’Otrante que Pyrrhus conçut autrefois le dessein extravagant de joindre par un pont l’Italie à la Grece : il auroit eu 13 lieues de quatre mille pas chacune.

La terre d’Otrante comprend l’ancienne Calabre & la Messapie où étoient les peuples Tarentini, Calabri, Salentini & Japyges. Elle a près de 120 milles de côtes, & est souvent broutée par les cavalettes, sorte de sauterelles ; mais les corsaires Turcs y sont bien plus à craindre : car quand ils y font des descentes, ils pillent la campagne & emmenent en esclavage tous les habitans qu’ils peuvent surprendre ; cependant malgré de si grands inconvéniens, la terre d’Otrante est peuplée, & compte au nombre de ses villes quatre archevêchés & dix evêchés. (D. J.)

Otrante, (Géog.) ancienne ville d’Italie au royaume de Naples, capitale de la terre d’Otrante, avec un archevêché & un port. Les Turcs la prirent sous Mahomet II. Ferdinand, roi de Naples, la reprit. Elle est à l’embouchure du golfe de Venise, à 24 milles S. de Tarente, 16 S. E. de Brindisi. Long. 36. 10. lat. 41. 21.

Les Latins ont connu cette ville sous le nom d’Hydrus, au genit. Hydruntis, ville de la Pouille la plus proche de la côte d’Epire. Son port qui est