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PACHTLI, s. m. (Hist. mod.) le onzieme & douzieme des dix-huit mois de 20 jours qui composent l’année des Mexicains. Ils nomment encore le onzieme Hécolti, & le douzieme Hiteipachtli.

PACHYNEO, (Géogr. anc.) Pachynum promontorium ou Pachymus ; promontoire de la Sicile dans la partie orientale de cette île du côté du midi : c’est l’un des trois promontoires qui ont fait donner à la Sicile le nom de Trinacrie. Plutarque parle de ce promontoire ; on le nomme présentement le cap de Passaro. (D. J.)

PACHYS, s. m. (Médecine.) παχύς, épais. Hippocrate décrit dans son Traité des maladies intérieures, une indisposition ou plutôt différentes maladies, sous le nom de παχονοσημα, maladie épaisse. On fait quatre especes de cette maladie.

On ne trouve point que nos praticiens modernes, ni même ceux d’entre nos anciens qui sont venus après lui, aient décrit aucune maladie particuliere qui fût accompagnée de tant d’accidens à-la-fois, & si peu analogues les uns aux autres, d’où quelques-uns ont inféré, ou que ces maladies ont cessé & n’attaquent plus personne aujourd’hui, ou qu’elles n’ont jamais été, & que ce sont des maladies feintes dont la description est faite à plaisir. Mais ces conjectures n’ont aucune probabilité, il est beaucoup plus raisonnable de supposer que le livre où ces maladies sont décrites n’est point d’Hippocrate, mais que c’est l’ouvrage des Médecins cnidiens, que l’on accuse d’un défaut fort remarquable dans le livre où l’on trouve la description de la maladie épaisse. Ce défaut est de multiplier les classes de maladies sans aucune nécessité ; c’est à cette multiplication & à cette distinction inutile qu’il faut attribuer l’obscurité dans ce que nous venons de dire du pachys. Leclerc. Hist. Med. lib. III. cap. xj.

PACHYNTIQUES, (Médecine.) de παχύς, épais, dense, &c. sont des remedes incrassans ou d’une nature épaississante, mais d’ailleurs froids. Ces remedes en se mêlant dans un suc fort délayé en joignent les parties, l’épaississent & le rendent d’une composition plus dense & plus ferme. Blanchard. Voyez Incrassans.

PACIAIRE, s. m. (Hist. ecclésiast.) Le concile de Montpellier de l’an 1214, & celui de Toulouse de 1229, appellent paciaires, ceux qui étoient commis par le pape pour faire observer la paix. Clement IV. conféra le nom & la dignité de paciaire dans la Toscane, à Charles I. roi de Sicile. Les échevins des villes ont été paciaires entre les bourgeois.

PACIFERE, (Art numismat.) Dans une médaille de Marc-Aurele, Minerve est surnommée pacifera ; & dans une de Maximin on lit, Mars paciferus.

PACIFICATEUR s’entend ordinairement dans le même sens que médiateur, c’est-à-dire signifie quelqu’un qui s’entremet pour reconcilier ensemble des princes & des états divisés.

Wicquefort cependant met de la différence entre médiateur & pacificateur. La paix ayant été conclue entre l’Angleterre & la France en 1621, les actes furent remis de part & d’autre dans les mains de quelques ambassadeurs qui avoient été employés comme pacificateurs, non comme médiateurs, & ils furent chargés de garder ces actes jusqu’à l’échange des ratifications. De même l’archevêque de Pise, ambassadeur du grand duc de Toscane à Madrid, ne fut jamais regardé comme médiateur dans les conférences de la France avec l’Espagne, quoique les ambassadeurs françois lui eussent permis d’y assister, & de se porter pour pacificateur des différens qui étoient entre les deux nations. Le grand duc n’avoit point offert la médiation, & la France d’ailleurs n’auroit pas voulu l’accepter. Wicquefort, p. 2. §. 11.

PACIFICATION, s. f. (Hist. mod.) l’action de re-

mettre ou de rétablir la paix & la tranquillité dans un

état.

Dans notre histoire, on entend par édits de pacification plusieurs ordonnances des rois de France, rendues pour pacifier les troubles de religion qui s’éleverent dans le royaume pendant le xvj. siecle.

François I. & Henri II. avoient rendu des édits très-séveres contre ceux qui feroient profession des nouvelles opinions de Luther & de Calvin. Charles IX. en 1561 suivit à cet égard les traces de ses prédécesseurs ; mais les hommes souffriront toujours impatiemment qu’on les gêne sur un objet, dont ils croyent ne devoir compte qu’à Dieu ; aussi le prince fut-il obligé au mois de Janvier 1562, de révoquer son premier édit par un nouveau qui accordoit aux Prétendus Réformés le libre exercice de leur religion, excepté dans les villes & bourgs du royaume. En 1563, il donna à Amboise un second édit de pacification qui accordoit aux gentilshommes & hauts-justiciers, la permission de faire faire le prêche dans leurs maisons pour leur famille & leurs sujets seulement. On étendit même ce privilege aux villes, mais avec des restrictions qui le rendirent peu favorable aux Calvinistes ; au lieu qu’on les obligea à restituer aux Catholiques les Eglises qu’ils avoient usurpées. L’édit de Lonjumeau suivit en 1558 ; mais les deux partis qui cherchoient à s’y tromper mutuellement, étant peu de tems après rentrés en guerre, Charles IX. par un édit donné à Saint-Maur au mois de Septembre 1568, révoqua tous les précédens édits de pacification. Cependant la paix ayant été faite le 8 Août 1570, dès le 10 du même mois, ce prince rendit un nouvel édit, qui, aux privileges accordés par les précédens, ajouta celui d’avoir quatre places de sûreté ; savoir, la Rochelle, Montauban, Coignac & la Charité, pour leur servir de retraite pendant deux ans.

Le massacre de la saint Barthelemi & un édit qui le suivit de près, annulla toutes ces conditions ; mais Henri III. en 1576 donna un nouvel édit de pacification plus favorable aux Calvinistes, qu’aucun des précédens ; la ligue qui commença alors, le fit révoquer aux états de Blois sur la fin de la même année ; mais le roi se vit obligé de faire en leur faveur l’édit de Poitiers du 8 Septembre 1577, par lequel en rétablissant à certains égards, & en restraignant à d’autres les privileges accordés par les précédens édits pour le libre exercice de leur religion, il leur accorda de plus d’avoir des chambres mi-parties, & huit places de sureté pour six ans ; savoir, Montpellier, Aigues-mortes, Nyons, Seyne, la Grand’Tour, & Serres, en Dauphiné ; Périgueux, la Réole, & le mas de Verdun en Guienne. Mais en 1585 & 1588, la ligue obtint de ce prince la révocation totale de ces édits.

Enfin Henri IV. en 1591, cassa les derniers édits d’Henri III. & en 1598 donna à Nantes ce fameux édit de pacification, qui entr’autres choses permettoit aux prétendus Réformés l’exercice public de leur religion dans tous les lieux où il avoit été fait publiquement pendant les années 1596 & 1597, & leur en accordoit l’exercice particulier à deux lieues des principales villes, pour chaque bailliage où on n’en pouvoit établir l’exercice public sans trouble. Louis XIII. le confirma à Nîmes en 1610, & Louis XIV. en 1652, pendant les troubles de la minorité ; mais il le révoqua en 1656, & le supprima en 1685.

Les Protestans se sont plaints avec amertume de la révocation de l’édit de Nantes, & leurs plaintes ont été fortifiées de celles de tous les gens de bien Catholiques, qui tolerent d’autant plus volontiers l’attachement d’un protestant à ses|opinions, qu’ils auroient plus de peine à supporter qu’on les troublât dans la profession des leurs ; de celles de tous les philosophes, qui savent combien notre façon de penser reli-