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vraie au fond, ou du-moins peut recevoir un air de vérité. Voyez Proposition.

Ce mot est formé du grec παρὰ, contra, contre, & δόξα, opinion.

Le système de Copernic est un paradoxe au sentiment du peuple, & tous les savans conviennent de sa vérité. Voyez Copernic.

Il y a même des paradoxes en Géométrie : on peut regarder comme tels les propositions sur les incommensurables & plusieurs autres, &c. on démontre, par exemple, que la diagonale d’un quarré est incommensurable avec son côté, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune portion d’étendue si petite qu’elle soit, fût-ce de ligne qui soit contenue à-la-fois exactement dans le côté d’un quarré & dans la diagonale. La Géométrie de l’infini fournit un grand nombre de paradoxes à ceux qui s’y exercent. Voyez Asymptote, Incommensurable, Infini, Différentiel, &c. (O)

Paradoxe ou Paradoxologue, (Hist. anc.) c’étoit chez les anciens une espece de mimes ou de bateleurs, qui divertissoient le peuple avec leurs bouffonneries. Voyez Pantomime.

On les appelloit aussi ordinaires, à cause apparemment que parlant sans étude ou préparation, ils étoient toujours prêts.

Ils étoient encore appellés nianicologices, c’est-à-dire des conteurs de sornettes d’enfant ; & outre cela arétalogices, du mot ἀρετὴ, un virtuoso, en ce qu’ils parloient beaucoup de leurs rares talens & des merveilleuses qualités qu’ils s’attribuoient.

PARÆTACENE, (Géog. anc.) contrée d’Asie ; on donnoit ce nom, selon Ptolomée, l. VI. c. iv. à toute la partie de la Perside qui touchoit la Médie. Strabon, l. II. p. 80. & l. XI. p. 524. dit que la Parætacene & la Cossée joignoient la Perside, & s’étendoient jusqu’aux portes Caspiennes. Les habitans de cette contrée, nommée Parætacæ & Parætaceni, étoient des montagnards adonnés au brigandage.

PARÆTAQUES, (Géog. anc.) peuples dont les anciens Géographes marquent presque tous différemment la position. Selon Pline, ils séparoient le pays des Parthes de la province nommée Aria, c’est-à-dire qu’ils occupoient les montagnes qui servoient de frontieres à ces Parthes & aux Ariens. Selon Ptolomée, les Parætaques habitoient au nord de la Perse & au midi de la Médie ; & selon Eratosthenes, cité par Strabon, ils s’étendoient vers l’Orient jusqu’aux frontieres du pays des Parthes & celles de la Caramanie : ensorte qu’ils n’étoient séparés des Parætaques orientaux de l’Asie & du Sacastan que par les déserts de la Caramanie, si même ils ne les habitoient pas ; car les pays les plus stériles ne l’étoient pas pour les Scythes, leurs troupeaux étant accoutumés à se nourrir des plantes seches que la terre produit dans ces plaines arides.

Hérodote & Arrien mettent les Parætaques dans la Médie. Etienne de Byzance dit qu’il y avoit une ville dans la Médie, appellée Paroetaca ; mais il y a apparence qu’elle étoit seulement dans la Paraetacene, aux confins de la Médie.

Strabon donne une très-grande étendue aux Parætaques occidentaux, il les joint aux Cosséens ; & après avoir dit que ce sont des montagnards féroces & accoutumés aux brigandages, il ajoute qu’ils s’étendoient au nord jusqu’aux portes Caspiennes, c’est-à-dire jusqu’au nord de la Médie, & dans le voisinage de l’Hyrcanie, & de la partie septentrionale du pays des Parthes : ailleurs il joint ces Parætaques aux peuples de l’Elymaïde, & dit qu’ils occupoient les montagnes voisines de la Pittacene ou de l’Apolloniatide, c’est-à-dire de la rive orientale du Tigre. Ces Parætaques avoient conservé dans l’Elymaïde le

nom de Saques, & l’avoient donné à un canton de la Susiane, nommé Sagapena, selon Strabon : ce nom nous apprend que les Parætaques répandus dans les montagnes de la Perse, étoient des Saques ou des Scythes, de la même nation que les Parætaques du Sacastan, dans la Margiane & dans le Paropamisus. Ainsi l’on conçoit facilement que ces peuples n’avoient eu que le Tigre à traverser pour s’établir dans la Babylonie, & porter leur nom de Saques dans cette île formée par les deux bras du Tigre où sont les deux bourgades, qui sont appellées encore aujourd’hui Sakié par les Arabes.

Il se pourroit même que quelque bande de ces mêmes Saques eût donné son nom à la ville de Sacada sur le Tigre, au midi de Ninive. Selon le témoignage de Strabon, les Saques avoient fait des irruptions dans les pays les plus éloignés de leur premiere demeure qui étoit vers les bords du Jaxartes ; non seulement ils s’étoient emparés de toute la Bactriane, de la Margiane, & du pays des Parthes, habité par une très-ancienne colonie de Scythes avec laquelle ils s’étoient mêlés, mais ils s’étoient encore étendus de proche en proche jusques dans la Babylonie à l’Occident ; & remontant de-là vers le Nord, ils avoient pénétré jusques dans l’Arménie où ils s’étoient emparés d’une province fertile entre le Cyrus & l’Araxe, à laquelle ils donnerent le nom de Sacassena ; ils avoient aussi fait des courses dans la Capadoce, & ravagé ce pays jusque sur les bords du Pont Euxin. On célébroit encore du tems de Strabon une fête à Zela, ville du Pont sous le nom de Sacæa, en mémoire d’un avantage remporté par ceux du pays sur les Saques. Voyez Saccées. (D. J.)

PARÆTONIUM, (Géog. anc.) ville d’Egypte. Ptolomée, l. IV. c. v. la place dans le nome de Lybie, entre Apis & Pithys extrema. Strabon, l. XVII. p. 798. dit que cette ville avoit un port, que quelques-uns l’appelloient Ammonia. C’est-là qu’Antoine & Cléopatre laisserent comme en dépôt leurs enfans & leurs trésors après la bataille d’Actium. Justinien fit fortifier Parætonium, pour arrêter les incursions des Maures ; mais ce prince n’a fait que se ruiner en fortifications inutiles, & dépeupler ses états par un zele furieux. (D. J.)

PARAGE, s. m. (Jurisprud.) appellé dans la basse latinité paragium, signifioit autrefois la haute noblesse, ainsi que le remarque du Cange ; dans la suite ce terme est devenu usité pour exprimer la parité ou égalité de condition qui se trouve entre plusieurs coseigneurs d’un même fief.

Parage, ou tenure en parage, est la possession d’un fief indivis entre plusieurs co-héritiers, dont la foi est rendue au seigneur dominant pour la totalité, par l’aîné de ses co-héritiers, que l’on appelle chemier, tandis que les puînés ses co-héritiers, qu’on appelle parageurs dans certaines coutumes, & dans d’autres parageaux, tiennent leur portion indivise du même fief, sous l’hommage de leur chemier ou aîné, sans en faire d’hommage au seigneur dominant, ni à leur aîné, lequel fait seul la foi pour tous, & les garantit sous son hommage.

L’effet de cette maniere de posseder un fief est qu’après le parage fini dans les tems, & suivant les regles que chaque coutume prescrit les portions que les puînés ont dans les fiefs, cessent de relever directement du seigneur dominant, dans la mouvance duquel elles avoient été jusqu’alors, & se levent pour toujours de la portion possédée par le chemier ou aîné, qui devient dès-lors le seigneur dominant des parageurs ou puînés.

Il est assez difficile de pénétrer quel a été dans l’origine le fondement de cet usage, qui paroît néanmoins avoir été suivi autrefois dans la plus grande partie