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qui font des bas au métier. Voyez l’article Bas au métier.

PASSE-TALON, (Cordon.) est le cuir qui couvre le talon de bois du soulier. Voyez les Planches du Cordonnier-Bottier.

PASSE-TOUR, espece de jacinte. Voyez Jacinte.

PASSE VELOURS, ou QUEUES DE RENARD, (Jardin.) est une espece d’amaranthe à qui les Jardiniers ont donné le nom de queue de renard à cause de la figure de sa fleur disposée en épi & rampante, d’une couleur rouge, livide, avec des feuilles longuettes presque rouges, & une tige de la même couleur. On prétend que cette fleur, qui fleurit en automne, ressemble au velours. Elle est peu estimée, & on ne la met guere dans les parterres. Elle donne une petite graine luisante comme les autres amaranthes, & vient en pleine terre. (K)

PASSEVIN, s. m. (Physiq.) instrument de Physique qui sert à séparer deux liqueurs de différentes pesanteur. Cette séparation se fait ordinairement avec de l’eau & du vin. L’instrument étant composé de deux bouteilles de verre A, B, jointes par un tuyau ou un cou commun étroit, on verse d’abord du vin par l’ouverture C, jusqu’à ce que la bouteille B soit pleine, ensuite on remplit d’eau la bouteille A : alors l’eau pressant sur le vin, plus léger que cette premiere liqueur, l’oblige à monter & à venir se placer au-dessus d’elle. Cet effet se manifeste d’une façon agréable à la vue. On voit le vin se filtrer au-travers de l’eau comme une espece de fumée. (D. J.)

PASSE-VOLANS, ou FAUX SOLDATS, (Art milit.) ce sont des gens supposés enrôlés quoiqu’ils ne le soient pas, que le capitaine ou le colonel font passer en revue pour faire voir que leur compagnie est complette, & pour en employer la paie à leur profit. Chambers.

En France les passe-volans qui sont reconnus dans les rangs des compagnies d’infanterie, cavalerie ou dragons, lors des revues d’icelles, doivent avoir le nez coupé sur le champ sans remission par l’exécuteur de la haute-justice. Ordonnance de Louis XI. du 1. Juin 1676. (q)

Passe-volant, (Marine.) c’est un faux matelot qu’un capitaine ou maître de vaisseau fait passer en revue pour faire trouver son équipage complet.

Lorsque M. de Pontchartrain entra dans la marine, il fit ordonner qu’il n’y auroit que les vaisseaux portant seize canons qui pourroient naviger aux îles de l’Amérique. Pour satisfaire à un ordre si gênant, on mit des canons de bois appellés passe-volans.

PASSE VOGUE, s. m. (Marine.) c’est un effort que l’on fait de ramer plus grand qu’à l’ordinaire. (Z)

PASSÉ, s. m. (Gramm.) il se dit de toute la durée qui s’est écoulée, jusqu’au moment où l’on parle. La vieillesse fatigue le présent des éloges du passé.

Passé, s. m (Broderie.) point de broderie par lequel on forme sous un ouvrage le même dessein que dessus. Il differe du point épargné en ce que le dessein ne se fait que d’un côté.

Passé, (Jardinage.) se dit d’un fruit qui ayant passé le tems de sa maturité, devient insipide, mou ou cotonneux. On peut encore le dire d’une fleur qui n’est plus dans sa beauté.

Passé en sautoir, en termes de Blason, se dit des choses qui sont mises en forme de croix de S. André. Angenoust en Champagne, d’azur à deux épées passées en sautoir d’argent, les pointes en haut, les gardes & les poignées d’or.

PASSÉE, s. f. (Basse-lisserie.) c’est l’aller & le venir de la flûte qui leur sert de navette, entre les fils de la chaîne de leur ouvrage levés ou baissés par le moyen des marches des lames & des lisses.

Passée. (Mégisserie.) les mégissiers appellent une

passée, deux douzaines de peaux de moutons qu’ils plongent tout-d’un-coup dans une espece de grande huche, remplie d’une mixtion propre à leur faire prendre le blanc.

Passée, chez les faiseurs de papier de tapisserie, est l’action de passer sous la presse en taille-douce un nombre de feuilles blanches à contr’épreuves & des maculatures entr’elles. J’ai fait une passée, je vais en faire une autre. D’où l’on voit que la passée s’entend aussi du paquet d’épreuves de papier blanc & de maculatures qu’on a passées ou qu’on va passer sous la presse. Aucun dictionnaire n’a parlé de ces passées des graveurs en bois. Voyez Papier de tapisserie à l’endroit de leur impression. Voyez aussi Contr’épreuves & Maculatures.

Passée, s. f. (terme de Perruquier.) c’est environ trois douzaines de cheveux qu’on tresse sur les soies lorsqu’on fait quelque perruque. Les apprentis perruquiers commencent par apprendre la passée.

Passée, (Vénerie.) est le lieu où le cerf a passé. Passée est aussi un grand filet qu’on tend entre deux grands arbres dans les clairieres de bois taillis où l’on a remarquée que passent les bécasses ; c’est la même chose que pantierre.

Passées, terme de Tailleur, qui signifie des fils qu’on passe des deux côtés de l’ouverture d’une boutonniere pour la former. Les boutonnieres ordinaires n’ont que deux passées, une de chaque côté : mais les boutonnieres d’or ou d’argent en ont quelquefois jusqu’à quinze, parce qu’elles se font ordinairement fort larges.

PASSEGER ou Passacer un cheval, en termes de Manege, c’est le promener au pas & au trot. Passager un cheval sur les voltes, passager la volte. Passager la tête à la muraille, c’est mener son cheval de côté, la tête vis-à-vis & près de la muraille du manege.

PASSEMENT, s. m. (Bas au métier.) une des opérations du faiseur de bas au métier. Voyez l’article Bas au métier.

Passement, qu’on nomme plus communément dentelle, (Boutonnier.) c’est un ouvrage d’or, d’argent, de soie ou de lin filé, qui se fabrique sur un oreiller avec des épingles, en suivant les traits d’un dessein ou patron placé dessous l’ouvrage, Voyez Dentelle.

Il n’y a aucune différence entre le passement pris en ce sens, & la dentelle, que les matieres employées. Du reste les points sont les mêmes, s’exécutent & s’enchaînent également.

PASSEMENTIER, s. m. (Art. méchaniq.) ouvrier & marchand qui fait & vend des passemens ou dentelles. Les autres ouvrages que peut fabriquer le passementier sont des guipures, des campanes, des crespines, des houpes, des gances, des lacets, des tresses, des aiguillettes, des cordons de chapeaux, des boutons, des cordonnets, des rênes, des guides & autres ouvrages & marchandises semblables.

Les Passementiers forment à Paris une communauté assez considérable, dont les nouveaux statuts du mois d’Avril 1653, sont composés de quarante-quatre articles tirés des anciennes ordonnances qu’ils avoient obtenues d’Henri II. le 22 Mars 1558.

Suivant ces statuts, ils sont qualifiés maîtres passementiers, boutonniers, enjoliveurs.

Pour être admis à la maîtrise dans cette communauté, il faut avoir fait cinq années d’apprentissage, servi les maîtres quatre ans en qualité de compagnon, & avoir fait chef-d’œuvre.

Les fils des maîtres sont exempts de toutes ces formalités ; ils ne sont obligés qu’à une seule expérience ; ils ne peuvent cependant obliger des apprentis qu’après avoir atteint l’âge de dix-huit-ans.