Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

combien l’histoire des maladies dressée en conséquence seroit simple, juste & conforme à la réalité ; mais parlons sérieusement, & opposons à ces inconvéniens les avantages des définitions symptomatiques, qu’on appelle aussi pratiques, parce qu’elles servent seules au praticien ; nous allons voir à l’instant tous ces théoristes animés d’intérêts différens, & parlant divers idiomes, se réunir au lit du malade. Lorsqu’il sera question de déterminer les symptomes essentiels de la pleurésie, ils vous diront tous que cette maladie est formée par l’ensemble des symptomes suivans : une fievre aiguë, difficulté de respirer, toux & poing de côté : à ce portrait personne ne méconnoîtra la pleurésie, parce qu’il est formé sur des traits que tout le monde peut appercevoir, & qu’on observe en effet dans toutes les pleurésies. C’est ainsi qu’on doit traiter la pathologie ; c’est ainsi qu’elle étoit enseignée par Thémison, le chef des méthodistes, par Théssalus, Cælius Aurelianus, auteur célebre par l’exactitude de ses descriptions & la bonté de ses diagnostics ; c’est sur le même plan qu’est travaillée l’excellente pathologie méthodique de M. de Sauvages, professeur fameux de l’université de Montpellier, & que sont disposées ses classes de maladies. Voyez Maladies.

En réunissant la nosologie & la symptomatologie, les pathologistes ne devroient pas en distinguer la seméiotique ; elle est renfermée nécessairement dans ces deux parties : la séméiotique de la santé ne doit point être séparée de la physiologie ; & celle qui traite des signes généraux de l’état malade doit être traitée par le détail qu’on fait des symptomes dans la pathologie, parce qu’en fait de maladie, comme en santé, tout symptome devient signe aux yeux du médecin éclairé ; il sait par ces phénomenes apparens pénétrer dans l’intérieur du corps, & y découvrir les dérangemens plus cachés ; il paroît ainsi très-naturel, après qu’on a exposé quelques symptomes généraux, de montrer tout-de-suite quel parti on peut en tirer pour le diagnostic ou le prognostic des maladies. Cette application fixe & occupe plus agréablement l’esprit de l’étudiant, que la sécheresse des questions pathologiques isolées ne peut manquer de rebuter.

Nous n’entrons ici dans aucun détail sur la classification des maladies, sur les divisions ultérieures des causes & des symptomes. Voyez Nosologie, Ætiologie, Symptomatologie, & sur-tout l’article Maladie, où cette matiere est discutée à fond. Les auteurs qui ont écrit sur la pathologie sont Galien, les Arabes, qui l’ont farcie de beaucoup de mots & d’idées inintelligibles : Fernel, Sennert, Riviere, Gorter, Hoffman, Wedelius, Boerhaave, Nenter, Juncker, de Sauvages, Fizes, Lacaze. &c.

PATHOS, s. m. (Belles-Lettres.) παθος, mot purement grec, qui signifie les mouvemens ou les passions que l’orateur excite ou se propose d’exciter dans l’ame de ses auditeurs. De-là vient le mot de pathétique. Voyez Pathétique.

On dit que le pathos regne dans un discours quand il renferme plusieurs de ces tours véhémens qui échauffent & qui entraînent l’auditeur comme malgré lui. On emploie aussi quelquefois ce mot au lieu de force ou énergie. Voyez Energie.

PATI, (Géog. mod.) petite ville de Sicile, dans le golfe de même nom, avec un évêché suffragant de Messine, & un port. Elle fut bâtie par le comte Roger, après la défaite des Sarrasins. Long. 32. 50. lat. 38. 12.

PATIBULAIRES Fourches, (Jurisprud.) Voyez Echelles, & au mot Fourches.

PATIENCE, s. f. (Hist. nat. Botan.) lapathum, genre de plante qui ne differe de celui de l’oseille qu’en ce que la patience n’a pas un goût acide. Tour-

nefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Cette plante, autrement nommée parelle, est l’espece de lapathum, appellé par Tournefort lapathum hortense sativum, folio oblongo, I. R. H. 504. en anglois, the common garden dock with oblong leaves.

Sa racine est droite, longue, fibreuse, jaune en-dedans. Sa tige est noueuse, haute de deux à trois coudées, & quelquefois davantage. Ses feuilles sont oblongues, à pointe obtuse, semblables à celles du lapathum sauvage, mais plus grandes & plus molles. Ses fleurs sont placées par anneaux le long des branches ; elles sont petites, sans pétales, composées de six étamines vertes, courtes, garnies de sommets droits & blancs, qui sortent d’un calice à sept feuilles, comme dans l’oseille. Leur pistil se change en une graine triangulaire, enveloppée d’une capsule membraneuse composée de trois grandes feuilles du calice. On cultive cette plante dans les jardins ; elle est rarement d’usage.

Les autres especes de patience employées en Médecine, sont 1°. la patience rouge, lapathum folio acuto rubente, I. R. H. 504. 2°. Les patiences sauvages, qui se distinguent seulement par la variété de la figure de leurs feuilles. 3°. La grande patience, autrement dite rhubarbe des moines. 4°. La patience des Alpes, à feuilles arrondies, qu’on nomme rhubarbe bâtarde. Voyez Rhubarbe batarde, & Rhubarbe des Moines. (D. J.)

Patience, (Mat. méd.) patience des jardins ou parelle ; 2°. patience ou parelle sauvage ; 3°. patience d’eau ou perelle des marais.

Ces trois plantes sont regardées comme ayant à-peu-près les mêmes vertus. La premiere est cependant fort peu employée, parce qu’elle possede ces vertus dans un degré très-inférieur. Les deux autres sont d’un usage assez fréquent. Il y a même plusieurs especes de patience sauvage qu’on emploie indifféremment dans les boutiques. Ce sont les racines de toutes ces plantes dont on se sert presque uniquement en Médecine.

Ces racines lâchent doucement le ventre ; & l’on croit que leur action laxative est suivie d’une légere adstriction. Elle est mise au rang des principaux apéritifs ou desobstruans. On l’emploie très-fréquemment à ce titre dans les aposemes & dans les bouillons qu’on fait prendre dans les obstructions de la rate, & dans celles du foie. Mais on s’en sert principalement soit de la maniere que nous venons de dire, soit sous forme de tisane contre toutes les maladies de la peau, contre les affections rhumatismales & arthritiques, contre les obstructions invétérées, les affections œdémateuses, sur-tout celles qui suivent les fievres intermittentes, &c. Ces remedes sont d’un usage presqu’universel dans le traitement méthodique de la gale. On en prépare aussi des cataplasmes & des lotions contre la même maladie ; mais ces remedes extérieurs sont communément beaucoup trop foibles, & ne peuvent être regardés que comme une ressource vaine & inspirée par une timide inexpérience : car les préparations de soufre & celles de mercure sont les vrais spécifiques de la gale. Voyez Gale, Soufre, & l’article Mercure & Mercuriaux. Et ces secours efficaces ne demandent pas plus, peut-être moins que les repercussifs plus doux d’être précédés par des remedes généraux ou préparatoires convenables.

Les racines de ces plantes sont aussi très-recommandées contre le scorbut.

On les emploie encore utilement dans l’usage extérieur, comme résolutives, détersives, astringentes.

Les feuilles de ces plantes peuvent aussi être employées aux mêmes usages extérieurs.

On fait entrer les racines fraîches dans les décoctions simples ou composées à la dose d’une once ou