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tion du péritoine sur le bout du doigt, & en la tirant là dessus de côté & d’autre ; car alors on apperçoit les pores dilatés & des gouttelettes en sortir distinctement, même sans microscope.

Les sources de ces gouttelettes & de cette sérosité de la face interne du péritoine ne sont pas encore bien connues : peut-être se fait-elle par transsudation, ou par une transpiration, telle qu’on l’observe dans l’ouverture des animaux nouvellement tués. Les grains blanchâtres qu’on y trouve dans certains sujets morts de maladie ne décident rien pour les glandes, que l’on prétend y être dans l’état naturel.

Le tissu cellulaire ou la partie externe du péritoine est très-adhérente aux parties qui forment les parois internes de la cavité du bas-ventre. Ce tissu cellulaire n’est point d’une égale épaisseur par-tout ; de plus, il y a des endroits où ce tissu ressemble à une membrane adipeuse, y étant remplie de graisse, comme autour des reins, le long des portions charnues des muscles transverses auxquels il est adhérent.

Les gros vaisseaux sanguins, savoir l’aorte & la veine cave, sont aussi renfermés dans l’épaisseur de la portion cellulaire du péritoine. En un mot, ce tissu enveloppe immédiatement & en particulier les parties & les organes que l’on dit être communément situés dans la duplicature du péritoine.

Les principaux usages du péritoine paroissent être de tapisser la cavité du bas-ventre ; d’envelopper, comme dans un sac commun, les visceres contenus dans cette partie ; de leur fournir des tuniques ou enveloppes particulieres ; de former des alongemens, des ligamens, des attaches, des replis, des gaînes, &c.

La rosée fine qui suinte par-tout de la surface interne du péritoine, empêche les inconvéniens qui pourroient arriver par le frottement continuel & les ballotemens plus ou moins considerables auxquels les visceres du bas-ventre sont exposés en partie naturellement, & en partie à l’occasion des différens mouvemens externes.

Telle est la structure du péritoine, d’après MM. Douglas & Winslow, qui, quoique très-exacte, ne suffit pas pour en donner une idée, mais il est impossible de le faire sans la démonstration ; tout ce qu’on en peut dire en général est que c’est un sac pyriforme comprimé supérieurement, plus large en son milieu, & qui va en diminuant d’une façon obtuse vers les parties inférieures. De la partie inférieure du diaphragme, il descend en-bas devant les muscles iliaque & psoas, se continue devant le rectum, se replie au-dessus de la vessie devant l’os pubis & derriere les muscles abdominaux : ce sac est percé pour laisser passer l’œsophage & le rectum ; il renferme dans sa cavité le foie, la rate, le pancréas, & tout le volume des intestins avec l’estomac. L’aorte, la veine cave, le canal thorachique, les reins, les vaisseaux voisins, & la plus grande partie du rectum sont hors de la cavité du péritoine dans cette membrane cellulaire qui l’environne, & le lie au diaphragme, aux muscles transverses, à la vessie, aux muscles releveurs de l’anus, aux psoas, aux iliaques & aux enveloppes tendineuses des vertebres des lombes. Sa surface extérieure est soutenue de fibres solides à la partie antérieure du bas-ventre : l’intérieure est humectée d’une vapeur qui transpire sans cesse.

Le péritoine est tellement rempli des visceres qu’il contient, qu’il porte l’empreinte des intestins ; il repousse le ventricule que le diaphragme fait descendre en s’abaissant, & oppose une certaine rénitence à la compression des muscles abdominaux sur l’estomac, qui par-là se trouve entre deux especes de pressions, parce que tout est plein dans le bas-ventre. C’est pourquoi lorsque cette membrane est percée, sur-tout dans le vivant, les visceres sortent avec

effort par l’ouverture faite à l’enveloppe qui les retient. Enfin cette membrane reçoit des vaisseaux peu considérables, des épigrastiques, des spermatiques & des autres troncs voisins. (D. J.)

Péritoine des poissons, (Ichthiolog.) cette membrane est fort diversement colorée dans les poissons, car elle est d’un blanc argentin dans les carpes, les perches, &c. d’un beau blanc incarnat dans d’autres, comme dans le saumon ; dans quelques-uns elle est totalement noire, & dans d’autres marquetée d’un grand nombre de petites taches noires, comme dans la classe de ceux que les Latins nomment clupeæ, gadi, spari. Artedi Ichthiolog. (D. J.)

PERLE, s. f. perla ou margarita, (Hist. nat.) corps dur, blanc & luisant, ordinairement arrondi, que l’on trouve dans plusieurs coquillages, mais surtout dans celui qui est appellé la nacre de perle, la mere-perle, l’huitre à écaille nacrée, &c. mater perlanum, concha margaritifera, &c. La coquille de la mere-perle est bivalve, fort pesante, grise & ridée en-dehors, blanche ou de couleur argentée, unie & luisante en-dedans, un peu verdâtre, applatie & circulaire.

Les plus belles perles se trouvent dans l’animal qui habite cette coquille ; il y en a aussi qui sont adhérentes aux parois internes de la coquille. Chaque coquillage de mere-perle produit ordinairement dix ou douze perles : un auteur qui traite de leurs productions prétend en avoir trouvé cent cinquante dans un seul animal, mais leur formation avoit différens degrés ; les plus parfaites ou les plus avancées tombent toujours les premieres, tandis que les autres restent au fond de la coquille.

On a fait sur la formation des perles un grand nombre d’hypothèses, la plûpart assez vagues & peu fondées ; les anciens tels que Pline, Solinus, &c. disent qu’elles sont formées de la rosée. Selon eux, le coquillage s’éleve tous les matins sur la surface de l’eau, & là il ouvre sa coquille pour recevoir la rosée du ciel, laquelle comme une perle liquide s’insinuant dans le corps de la mere perle, y fixe ses sels, & y reçoit la couleur, la dureté, & la forme de perle, comme il arrive à quelques liqueurs d’être changées dans la terre en crystaux, ou au suc des fleurs d’être transformé en miel ou en cire dans le corps de l’abeille : quand même cette opinion auroit pû se soutenir par le raisonnement, elle auroit été démentie par les faits : car les meres perles ne peuvent pas s’élever jusqu’à la surface de l’eau pour y recevoir la rosée, puisqu’elles restent toujours attachées très-ferme aux rochers.

D’autres pensent que les perles sont les œufs des animaux dans lesquels on les trouve, mais cela ne s’accorde point avec les effets ou les phénomenes dont on a l’expérience ; car l’on trouve les perles répandues par toute la substance de l’animal dans la tête, dans l’enveloppe qui le couvre, dans les muscles circulaires qui s’y terminent, dans l’estomac, & en général dans toutes les parties charnues & musculaires ; de sorte qu’il n’y a point d’apparence que les perles soient dans les coquillages ce que les œufs sont dans les volatils & le frai dans les poissons : car outre qu’il n’y a pas d’endroit particulier destiné à leur formation, les Anatomistes n’ont pû y trouver aucune chose qui eût quelque rapport à ce qui se passe à cet égard dans les autres animaux. On peut dire seulement que comme dans une poule il y a une infinité de petits œufs, en forme de semences, dont quelques-uns croissent & viennent à maturité pendant que les autres restent à-peu-près dans le même état, l’on trouve aussi dans chaque huitre une perle beaucoup plus grande & qui vient à maturité beaucoup plus vîte que le reste. Cette perle devient quelquefois assez grande pour empêcher l’huitre de se former, auquel cas l’animal se corrompt & meurt.