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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/508

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c’est le plus long siege de ville que l’on connoisse. Nabuchodonosor assujettit vraissemblablement les Philistins avec les autres peuples de la Syrie, de la Phénicie, & de la Palestine. Ils tomberent ensuite sous la domination des Perses, puis sous celle d’Alexandre le Grand, & enfin les Asmonéens les soumirent à leur domination. Le nom de Palestine est venu des Philistins, quoique ces peuples n’en possédassent qu’une petite partie. (D. J.)

PHILLUS, (Géog. anc.) ville de la Thessalie ; Strabon, l. IX. p. 435. dit que c’étoit dans cette ville qu’étoit le temple de Jupiter Phylléen. (D. J.)

PHILOBOETUS, (Géog. anc.) montagne de la Béotie, dans la plaine d’Elatée, selon Ortelius, qui cite Plutarque ; mais Plutarque, in Syllâ, dit simplement qu’il y avoit dans la plaine d’Elatée une éminence, où Hortensius & Sylla camperent. Cette éminence étoit très-fertile, couverte d’arbres, & au pié couloit un ruisseau. Plutarque ajoute que Sylla vantoit extrèmement la situation de ce lieu. Au reste, le texte grec porte Φιλοβοιωτὸς, Philoboetos. (D. J.)

PHILOCANDROS, (Géog. anc.) île de la mer Ægée, & l’une des Cyclades, selon Ptolomée, l.III. c. xv. Pline, l. IV. c. xij. & Etienne le géographe écrivent Pholecandros, & la mettent parmi les îles Sporades. Hesyche écrit Phlegandros. On la nomme aujourd’hui Policandro : elle est entre les îles de Milo & de Sikino. (D. J.)

PHILONIUS PORTUS, (Géog. anc.) port de l’île de Corse. Ptolomée, l. III. c.ij. le place sur la côte méridionale près d’Alista. Niger & Léander disent que c’est aujourd’hui Porto-Vecchio. (D. J.)

PHILLYREA, s. f. (Botan.) Tournefort compte treize especes de ce genre de plante. Décrivons ici la plus commune qui est à feuilles de troësne, phillyrea folio ligustri ; C. B. P. 476. & I. R. H. 509.

Sa racine est ferme, enfoncée profondément en terre. Elle pousse plusieurs tiges à la hauteur de six à huit piés, rameuses, revêtues d’une écorce blanchâtre, un peu ridée. Ses feuilles sont assez semblables à celles du troësne, mais plus amples & plus longues, charnues, d’un verd brun, opposées les unes aux autres, ou deux à deux le long de la tige & des branches, toujours vertes, d’un goût astringent.

Ses fleurs naissent plusieurs ensemble des aisselles des feuilles, petites, & semblables à-peu-près à celles de l’olivier ; chacune d’elles est un godet découpé en quatre parties, de couleur blanche-verdâtre. Après que ces fleurs sont passées, il leur succede des baies sphériques grosses comme celles du myrte noir, quand elles sont mûres, disposées en petites grappes, d’un goût douçâtre, accompagné de quelque amertume, & approchant des baies de genievre ; elles contiennent chacune un petit noyau rond & dur.

Cet arbrisseau croît dans les haies & les bois aux environs de Montpellier. Il se plaît dans les endroits pierreux, rudes & incultes : il fleurit en Mai & Juin, & son fruit est mûr en Septembre. Comme son feuillage est toujours verd, on en fait des berceaux & de jolies palissades. Elle s’éleve facilement de graine & de bouture. On la tond comme on veut, en buisson, en boule, en haie, en espalier. La Médecine ne fait point usage de cette plante ; on ne pense pas même que ce soit la même plante que la phillyrea de Dioscoride. (D. J.)

PHILOGÉE, s. m. (Mytholog.) c’est le nom d’un des chevaux du soleil : ce mot signifie qui aime la terre, de φιλῶ, j’aime, & γῆ, terre ; il prend son nom du soleil à son coucher, où il paroît tendre vers la terre. Quand cet astre s’abaisse, qu’il semble s’élargir par degrés au déclin du jour ; que les nuages entourent avec magnificence le trône du couchant, comme disent nos poëtes ; c’est dans cet instant, si l’on en croit les chantres fabuleux de la Grece, que Phébus don-

nant relâche à ses coursiers fatigués, Philogée, Pyrœis, Eous & Ethon, cherche les bosquets d’Amphitrite pour se reposer lui-même avec les nymphes océanides. Il baigne ses rayons à moitié plongés, & tantôt montrant un demi-cercle doré, il donne un dernier regard lumineux, & disparoît enfin totalement dans le sein de Téthis. (D. J.)

PHILOLAUS, (Mythol.) Esculape avoit un temple près de la ville d’Asope dans la Laconie, où il étoit honoré sous le nom de Philolaüs, c’est-à-dire bon & salutaire aux hommes. Il ne pouvoit avoir un surnom plus glorieux. (D. J.)

PHILOLOGIE, s. f. (Littérat.) espece de science composée de grammaire, de poétique, d’antiquités, d’histoire, de philosophie, quelquefois même de mathématiques, de médecine, de jurisprudence, sans traiter aucune de ces matieres à fond, ni séparément, mais les effleurant toutes ou en partie.

Ce mot est dérivé du grec φίλος & λόγος, amateur des discours, des lettres ou des sciences.

La philologie est une espece de littérature universelle, qui traite de toutes les sciences, de leur origine, de leur progrès, des auteurs qui les ont cultivées, &c. Voyez Polymathie.

La philologie n’est autre chose que ce que nous appellons en France les Belles-lettres, & ce qu’on nomme dans les universités les humanités, humaniores litteræ. Elle faisoit autrefois la principale & la plus belle partie de la Grammaire. Voyez Grammaire & Grammairien.

PHILOLOGUE, s. m. (Littérat.) on appelle ainsi quiconque embrasse cette littérature universelle, qui s’étend sur toutes sortes de sciences & d’auteurs, comme ceux qui ont travaillé sur les anciens auteurs pour les examiner, les corriger, les expliquer & les mettre au jour.

Eratosthene, bibliothécaire d’Alexandrie, fut le premier qui porta le nom de philologue, si l’on en croit Suétone, ou celui de critique, selon Clement alexandrien. Il vivoit du tems de Ptolomée Philadelphe, & mourut fort âgé dans la cxxxxvj. olympiade.

On compte encore parmi les philologues fameux dans l’antiquité, Varron, Asconius Pedianus, Pline l’ancien, Lucien, Aulugelle, Athenée, Julius Pollux, Solin, Philostrate, Macrobe, Donat, Servius, Stobée, Photius, Suidas, &c.

Entre les modernes, les deux Scaliger, Turnebe, Casaubon, Lambin, les Vossius & les Heinsius, Erasme, Juste Lipse, les PP. Sirmond, Petau & Rapin, Gronovius, Grævius, Spelman, &c. se sont fort distingués dans la Philologie. Elle est très-cultivée en Angleterre, en Allemagne & en Italie. Notre académie des Belles-lettres s’efforce de la remettre en honneur parmi nous, & rien n’y est plus propre que les mémoires curieux dont elle enrichit le public.

PHILOMELE, s. f. (Mythol.) les Mythologues ont parlé de Progné & de Philomele d’une maniere très-peu uniforme. L’opinion généralement reçue par les modernes, est que Progné fut changée en hirondelle, & Philomele en rossignol, & c’est aussi le sentiment de quelques anciens ; cependant d’autres, en grand nombre, ont dit le contraire. Homere, par exemple, au XIX. livre de l’odyssée ; Aristophane & son scholiaste, dans la comédie des oiseaux ; Anacréon, dans sa xij. ode ; Ovide, dans l’épître de Sapho ; & Varron, au IV. livre de la langue latine. Ce contraste forme une double tradition fabuleuse, & met les Poëtes en droit de choisir. Virgile a fait plus, car il a suivi tantôt l’une & tantôt l’autre tradition ; dans la vj. bucolique il change Philomele en hirondelle, & au IV. liv. de ses géorgiques, il en fait un rossignol.

On sait que Progné & Philomele étoient deux sœurs extrèmement belles, & filles de Pandion. Térée, roi de Thrace, épousa Progné, & se livra à la brutalité