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Quam te conspicuæ divina philippica famæ
Volveris à primâ quæ proxima.

Satyr. x.

Le nom même que Cicéron donna à ces pieces, qu’il eût dû naturellement appeller antoniques, marque assez le cas qu’il en faisoit, & combien il s’y étoit proposé d’imiter Démosthene, dont on dit qu’il avoit traduit la premiere philippique, mais cette traduction n’a pas passé jusqu’à nous.

Les philippiques de Cicéron lui couterent la vie ; Marc-Antoine en ayant été si irrité, que dans la proscription qui signala son triumvirat avec Auguste & Lepide, il obtint qu’on lui abandonneroit Cicéron, le fit poignarder, & attacher la tête & les mains de cet orateur sur la tribune aux harangues où il avoit prononcé les philippiques.

Durant la minorité de Louis XV. & sous le regne de M. le duc d’Orléans, il parut contre ce dernier prince un libelle en vers très-injurieux sous le nom de philippiques, par allusion au nom de Philippe que portoit. M. le régent. Plusieurs poëtes furent soupçonnés d’en être les auteurs, mais sur-tout la Grange, auteur de plusieurs tragédies, qui fut envoyé aux îles de Ste Marguerite, & ne s’en sauva que pour s’expatrier. M. de Voltaire en parle ainsi dans son épître sur la calomnie :

Vous avez bien connu, comme je pense,
Ce bon régent qui gâta tout en France :
Il étoit né pour la société,
Pour les beaux arts & pour la volupté ;
Grand, mais facile, ingénieux, affable,
Peu scrupuleux, mais de crime incapable,
Et cependant, ô mensonge ! ô noirceur !
Nous avons vu la ville & les provinces
Au plus aimable, au plus clément des princes,
Donner les noms… Quelle absurde fureur !
Chacun les lit, ces archives d’horreur,
Ces vers impurs, appellés philippiques,
De l’imposture, éternelles chroniques !
Et nul François n’est assez généreux
Pour s’élever, pour déposer contre eux.

Ils auront le sort de tous les libelles, ils seront oubliés, & la mémoire du prince qu’ils outrageoient ne périra point.

PHILIPPISTES, s. m. pl. (Hist. ecclés. nom que quelques Luthériens ont donné à ceux de leur secte, qui se sont attachés aux sentimens de Philippe Melanchton. Voyez Luthéranisme.

Ce réformateur s’étant opposé vivement aux Ubiquistes ou Ubiquitaires qui s’éleverent de son tems, & la dispute loin de cesser après sa mort n’en étant devenue que plus opiniâtre, les Flacciens ou disciples de Flaccus, son antagoniste, donnerent ce nom de Philippistes aux théologiens de l’université de Wirtemberg qui soutenoient le sentiment de Melanchton. Voyez Ubiquiste ou Ubiquitaire.

PHILIPPOPOLI, (Géog. mod.) ville de la Turquie européenne, dans la Romanie, dont voyez l’article au mot Philippopolis. (D. J.)

PHILIPPOPOLIS, (Géog. anc.) ville de Thrace au nord, dans les terres, & sur l’Hebrus. Elle reconnoissoit Philippe, fils d’Amyntas, pour son fondateur, ou plutôt pour son restaurateur ; & elle étoit déja célebre, lorsque la ville de Philippe, Philippi, commença à faire figure dans le monde.

Cette ville subsiste encore, & s’appelle Philippopoli, ville de la Turquie en Europe, dans la Romanie, à 24 lieues au-dessus d’Andrinople, au nord-ouest, & à 68 de Constantinople. Elle est sans murailles, & bâtie sur trois hauteurs qui, selon les apparences, lui servoient autrefois de forteresses. Elle a au ponent la Marise, qui est l’Hebrus des anciens,

& qui lui fournit les commodités de la vie ; elle est habitée par un petit nombre de turcs, de juifs & de chrétiens. Longit. 42. 30. latit. 42. 15. (D. J.)

PHILIPSTAD, (Géog. mod.) petite ville de Suede dans la partie orientale du Vermeland. Elle est entre des marais & des étangs, à 7 lieues nord de Carlestadt, 42 nord-ouest de Stockolm. Longit. 32. 5. latit. 59. 30. (D. J.)

PHILISBOURG ou PHILIPSBOURG, (Géog. mod.) ville d’Allemagne, dans le cercle du haut-Rhin, sur la rive orientale du Rhin, à l’embouchure de la Saltza, à 2 lieues au midi de Spire, 5 est de Landaw, 9 est de Worms, 16 nord-est de Strasbourg, & 110 sud de Paris.

Ce n’étoit autrefois qu’un village appellé Udenheim, ou Jean Georges, comte palatin, bâtit un palais pour l’évêque de Spire en 1313. Philippe-Christophe de Sotteren, évéque de Spire, fortifia ce lieu de sept bastions, & l’appella Philippo-burgum. Ensorte que cet endroit est devenu une place très-importante qui appartient à l évêque de Spire, mais où l’empereur a droit de mettre garnison en tems de guerre : c’est aussi pour cela qu’elle a souvent été prise & reprise ; par les Suédois, en 1633 ; par les Impériaux, en 1635 ; par Louis de Bourbon, alors duc d’Enghien, en 1644 ; par les Alliés, en 1676 ; par Louis, dauphin de France, en 1688 ; par les François, en 1734 ; mais cette place fut rendue bien-tôt après à l’empereur par le traité de Vienne. Long. 26. 8′. 15″. latit. 49. 13′. 50″. (D. J.)

PHILISTINS, les, (Géog. sacrée.) peuples venus de l’île de Caphtor dans la Palestine, & descendus des Caphtorims, qui sont sortis des Chasluims, enfans de Mizraim, suivant le récit de Moïse, Genes. x. 13. 14.

Dom Calmet a tâché de prouver dans une dissertation sur l’origine & les divinités des Philistins, que l’île de Caphtor désignoit l’île de Crete. Le nom de philistin n’est point hébreu. Les septante le traduisent ordinairement par allophyli, étrangers. Les Péléthéens & les Céréthéens étoient aussi philistins ; & les septante traduisent quelquefois, comme dans Ezéch. xxv. 16. Sophron. xj. 5. 6. céréthin par κρῆται, crétois. Les Chasluims, peres des Caphtorims, demeuroient originairement dans la Pentapole cyrénaïque, selon le paraphraste Jonatham, ou dans le canton pentaschenite de la basse Egypte, selon le paraphraste jérosolymitain.

Nous trouvons dans la Marmarique la ville d’Axilis, & dans la Lybie Sagylis, noms qui ont quelque rapport avec Chasluim. Ce pays est situé près de l’Egypte, où les enfans de Mizraïm ont eu leur demeure ; & il est assis vis-à-vis l’île de Crete. Strabon, l. XVII. pag. 837. ne met que mille stades de distance entre le port de Cyrène & celui de Crete, nomme Criou-Metopou ou front de bélier. Le commerce étoit grand entre la Cyrénaique & l’île de Crete, comme il paroît par Pline & Strabon. Il y a donc beaucoup d’apparence que les Chasluims envoyerent de la Cyrénaïque des colonies dans cette île, lesquelles passerent de-là sur les côtes de la Palestine.

Ce système ingénieux de dom Calmet, est encore appuyé par la conformité qui se trouve entre les noms de Céréthim & des Crétois, & par plusieurs traits de ressemblance entre les mœurs, les armes, les divinités, & les coutumes de ces deux peuples.

Les Philistins avoient déja des villes dans la Palestine du tems d’Abraham. Au commencement du regne de David, leur état étoit divise en cinq petites satrapies ; ils furent assujettis par David, & soumis au roi de Juda pendant environ 240 ans. Psammiticus, roi d’Egypte, prit leur ville Azoth, après un siege de 29 ans, suivant Hérodote, l. II. c. clvij. &