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à 90d. de l’équateur. Tout cela se comprend encore mieux à l’inspection du globe que par des explications. Le mot pole vient du grec πολέω, je tourne, parce que c’est par rapport à l’action de tourner que ces deux points ont été ainsi nommés. (D. J.)

Pole, poisson de mer qui est une espece de sole, à laquelle il ressemble par la forme du corps ; il est cependant plus épais & moins allonge ; ses écailles sont aussi plus petites, & découpées sur les bords. On distingue encore aisément ce poisson de la sole en ce qu’il a un mauvais goût désagréable. Rondelet, Hist. nat. des poissons, part. I. liv. XI. chap. xij. Voyez Sole, Poisson.

POLÉMARQUE, (Hist. anc.) magistrat d’Athènes. C’étoit le troisieme des neuf archontes, & son département étoit le militaire sur-tout pendant la guerre, ce qui n’empêchoit pas qu’il ne connût aussi des affaires civiles avec ses autres collegues. On lui donnoit aussi le titre d’archistrateque ou de généralissime dans les guerres importantes. Dans celles de moindre consequence, on se contentoit de créer dix strateques ou généraux, autant qu’il y avoit de tribus à Athènes. Le polémarque devoit consulter ces strateques. Il avoit outre cela sous lui deux hipparques ou généraux de la cavalerie, & dix phylarques qui en étoient comme les mestres de camp, dix taxiarques ou colonels qui commandoient l’infanterie. Dans la suite, le polémarque devint un magistrat purement civil, dont les fonctions furent renfermées dans le barreau. Chez les Etoliens on donnoit ce nom à celui qui avoit la garde des portes de la ville.

POLÉMIENS, s. m. (Hist. ecclesiast.) hérétiques qui parurent dans le iv. siecle, & qui furent ainsi nommés de leur chef Polémus, disciple d’Apollinaire. Ils soutenoient entr’autres choses que dans l’incarnation le verbe & la nature humaine avoient été unis si étroitement qu’ils s’étoient confondus l’un dans l’autre. On les a regardés comme un branche des Apollinaristes. Voyez Apollinaristes. Théodoret, lib. IV. hæretic. fabular. Baronius, ad ann. Ch. 373.

POLÉMIQUE, (Théolog.) titre ou épithete qu’on donne aux livres de controverse, principalement en matiere de théologie.

Ce mot vient du grec πολεμος, guerre, combat, parce que dans ces sortes d’ouvrages on dispute sur quelque point de dogme ou d’histoire. Ainsi l’on dit théologie polémique, pour signifier une théologie de controverse. La question des ordinations angloises dans ces derniers tems a produit plusieurs écrits polémiques de part & d’autre.

On donne aussi ce nom dans la littérature à tout écrit, où l’on entreprend la défense ou la censure de quelque opinion. Les exercitations de Scaliger contre Cardan sont un livre purement polémique.

POLÉMONIUM, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à sieur monopétale, en rosette & profondément découpée. Le pistil sort du calice, il est attaché comme un clou au milieu de la fleur, & devient dans la suite un fruit ou une coque arrondie qui s’ouvre ordinairement en trois parties, & qui est divisé en trois loges, dans lesquelles on trouve des semences le plus souvent oblongues. Tournefort, Instit. rei herb. Voyez Plante.

POLÉMOSCOPE, s. m. terme d’Optique, c’est une espece de télescope ou de lunette d’approche, qui est recourbée, pour voir les objets qui ne sont pas directement opposés à l’œil.

Il a été inventé par Hévélius en 1637, qui le nomma ainsi des mots grecs πολεμὸς, combat, & σκεπτόμαι, je vois, parce que l’on peut s’en servir à la guerre, dans les batailles, &c.

On a présentement quelque chose de semblable dans ce que l’on appelle lorgnettes ou lorgnettes d’opéra,

avec lesquelles on peut voir une personne lorsque l’on paroit en regarder une autre. Voyez Lorgnette.

Construction du polémoscope. Tout télescope sera un polémoscope si l’on en fait un tube recourbé semblable au syphon rectangulaire ABDM, fig. 70. Opt. & qu’entre le verre objectif AB & le premier oculaire GH, (s’il y a plusieurs oculaires), on dispose en K un miroir plan de maniere qu’il soit incliné à l’horison de 45 degrés, & que l’image réfléchie soit au foyer du verre oculaire GH.

Car, par ce moyen, les objets situés vis-à-vis le verre ou la lentille AB paroîtront vis-à-vis le verre occulaire GH dans la direction GC, de même que s’il n’y avoit point de miroir K, & que le verre objectif & le verre oculaire & les objets fussent dans une même ligne droite.

Si l’on veut regarder par O, & non par M, il faut ajouter un autre miroir plan en N. Wolf & Chambers. (T)

POLENTA, s. f. Colum. (Diététiq.) orge nouveau rôti médiocrement, & ensuite moulu. Nous apprenons de Pline que les anciens composoient leur polenta de différentes manieres ; les uns arrosoient l’orge, le faisoient sécher pendant une nuit, le fricassoient le lendemain, & d’abord après le réduisoient en farine. D’autres prenoient de l’orge cueilli fraichement, ensuite battu ; & l’ayant arrosé d’eau, ils le lavoient, le séchoient au soleil, le piloient dans un mortier ou le faisoient moudre ; d’autres faisoient rôtir l’orge tout simplement, & ensuite moudre bien menu avec un peu de millet : d’autres y ajoutoient de la coriandre, du moût, de l’hydromel, &c. Quoi qu’il en soit, leur polenta servoit de nourriture au peuple, & particulierement aux soldats. Les Grecs l’appelloient ἀλφίτον. Hippocrate prescrit souvent à ses malades l’ἀλφίτον préparé sans sel. Paul d’Egine en recommande l’usage dans de l’eau pour appaiser la soif. Il paroît par les livres saints que les Juifs s’en servoient déja du tems de David. Les Syriens employoient l’orge rôti dans leur boisson, pour corriger la qualité de l’eau.

Il est assez vraissemblable que les Arabes qui étoient voisins des Syriens, & qui habitoient un pays sec qui produisoit peu d’orge, mais beaucoup de caffé, sans presque aucune culture, imaginerent de faire leur polenta avec les baies de caffé ; mais les effets de ces deux boissons sont tout opposés ; l’un humecte, rafraîchit ; l’autre échauffe, agite, & met les esprits en mouvement. (D. J.)

POLENTINA PLEBS, (Littérat. géogr.) on trouve ce nom dans Suétone, in Tiberio, qui veut désigner par-là les habitans de Polentia : mais comme il y a eu plusieurs villes de ce nom, savoir l’une dans une des îles Baléares, une autre dans le Picenum, & une autre dans les Alpes ; voilà la difficulté de décider de laquelle Suétone entend parler. Il semble néanmoins qu’il doit être question de cette derniere. Ce que Suétone ajoute un peu plus bas, du royaume de Cottus, paroit le prouver, car ce royaume étoit dans le quartier des Alpes appellé les Alpes cottiennes. (D. J.)

POLESIN, le (Géog. mod.) quelques-uns écrivent la Polesine, & l’on dit aussi le Polesin ou la Polesine de Rovigo ; c’est une province d’Italie dans les états de Venise. Elle est ainsi nommée de sa situation entre le Pô, l’Adige, & l’Adigesto, qui en font une presqu’île ; car Polesin & presqu’île signifient à-peu-près la même chose.

Cette province est bornée au nord par le Padouan, au midi par le Ferrarois, au levant par le Dogado, & au couchant par le Véronnois. Son étendue est de 50 milles du levant au couchant, & de 20 du midi au nord. Le blé & le bétail font la richesse de