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Athalaric roi des Goths & des Romains, fit aussi un édit contre la polygamie.

Il y a chez les Russiens un canon de Jean, leur métropolitain, qui est honoré chez eux comme un prophete, par lequel celui qui quitteroit une femme, pour en épouser une autre, doit être retranché de la communion.

Mais le divorce est encore un autre abus différent de la polygamie, le divorce consistant à répudier une femme pour en prendre un autre ; au lieu que la polygamie consiste à avoir plusieurs maris ou plusieurs femmes à-la-fois.

Nous ne parlons point ici de la communauté des femmes, qui est un excès que toutes les nations policées ont eu en horreur.

Pour ce qui est de la pluralité des maris pour une même femme, il y en a bien moins d’exemples que de la pluralité des femmes.

Lelius Cinna, tribun du peuple, avoua qu’il avoit eu ordre de César de publier une loi portant permission aux femmes de prendre autant de maris qu’elles voudroient : son objet étoit la procréation des enfans ; mais cette loi n’eut pas lieu.

Innocent III. dans le canon gaudemus, dit que cette coutume étoit usitée chez les Payens.

En Lithuanie, les femmes, outre leurs maris, avoient plusieurs concubins.

En Angleterre, les femmes, au rapport de César, avoient jusqu’à dix ou douze maris.

Parmi nous, la peine de la polygamie est le bannissement ou les galeres, selon les circonstances.

Les auteurs qui ont traité de la polygamie sont Tertulien, Estius, Bellarmin, Tostat, Gerson, Didier, &c. Voyez Bigamie, Mariage. (A)

POLYGAMISTES, s. m. (Hist. eccl.) hérétiques du xvj. siecle, qui permettoient à un homme d’avoir plusieurs femmes. Bernardin Ochin, qui après avoir été général des Capucins, étoit passé chez les Hérétiques, fut, dit-on, l’auteur de cette infame secte, qui ne paroît pas s’être fort étendue. Consultez, mais avec précaution, Sandere, hær. 203. prateole, V. polygam. Florimond de Raimond, liv. III. chap. v. n. 4. &c.

POLYGLOTTA, (Ornitholog.) oiseau des Indes, ainsi nommé dans Jonston. Il est, dit-il, grand comme un étourneau, blanc & rougeâtre, marqué principalement sur la tête & vers la queue de taches blanches imitant des couronnes, Il habite les pays chauds, s’apprivoise en cage, vit de graines, & chante à ravir. (D. J.)

POLYGLOTTE, s. f. en termes de Théologie & de Critique, signifie une bible imprimée en diverses langues. Voyez Bible. Il vient du grec πολὺ & γλῶττα, langue, langage. La premiere est celle du cardinal Ximenès, imprimée en 1515 à Alcala de Henare, & on l’appelle communément la bible de Complute.

Elle contient le texte hébreu, la paraphrase chaldaïque d’Onkelos sur le Pentateuque seulement, la version greque des septante, & l’ancienne version latine. Voyez Pentateuque, Paraphrase, &c.

Il n’y a point dans cette polyglotte d’autre version latine sur l’hébreu, que cette derniere ; mais on en a joint une littérale au grec des septante. Le texte grec du nouveau Testament y est imprimé sans accens, pour représenter plus exactement l’original des Apôtres, ou au moins les plus anciens exemplaires grecs où les accens ne sont point marqués. Voyez Accent.

On a ajouté à la fin un apparat des Grammairiens, des dictionnaires, & des indices ou tables. François Ximenès de Cineros, cardinal & archevêque de Tolede, qui est le principal auteur de ce grand ouvrage, marque dans une lettre écrite au pape Léon X. qu’il étoit à propos de donner l’Ecriture-sainte dans

les originaux, parce qu’il n’y a aucune traduction, quelque parfaite qu’elle soit, qui les représente parfaitement.

La seconde polyglotte est celle de Philippe II. imprimée par Plantin à Anvers en 1572, par les soins d’Arias Montanus.

On y a ajoute outre ce qui étoit déja dans la Bible de Complute, les paraphrases chaldaïques sur le reste de l’Ecriture, outre le Pentateuque, avec l’interprétation latine de ces paraphrases. Il y a aussi dans cette polyglotte une version latine fort littérale du texte hébreu, pour l’utilité de ceux qui veulent apprendre la langue hébraïque.

Et à l’égard du nouveau Testament, outre le grec & le latin de la bible d’Alcala, on a mis dans cette édition l’ancienne version syriaque, en caracteres syriaques, & en caracteres hébreux, avec des points voyelles pour en faciliter la lecture à ceux qui étoient accoutumés à lire l’hébreu. On a aussi joint à cette version syriaque une interprétation latine composée par Guy le Fevre, qui étoit chargé de l’édition syriaque du nouveau Testament.

Enfin l’on trouve dans la Polyglotte d’Anvers un plus grand nombre de grammairiens & de dictionnaires, que dans celle de Complute, & l’on y a ajouté plusieurs petits traités qui ont été jugés nécessaires pour éclaircir les matieres les plus difficiles du texte.

La troisieme polyglotte est celle de M. le Jay, imprimée à Paris en 1645. Elle a cet avantage sur la bible royale de Philippe II. que les versions syriaque & arabe de l’ancien Testament y sont avec des interprétations latines. Elle contient de plus sur le Pentateuque le texte hébreu samaritain, & la version samaritaine en caracteres samaritains.

A l’égard du nouveau Testament, on a mis dans cette nouvelle polyglotte tout ce qui est dans celle d’Anvers ; & outre cela, on y a ajouté une traduction arabe avec une interprétation latine. Mais il y manque un apparat, & les grammaires & les dictionnaires qui sont dans les deux autres polyglottes, ce qui rend ce grand ouvrage imparfait.

La quatrieme polyglotte est celle d’Angleterre imprimée à Londres en 1657, que quelques-uns nomment la bible de Walton, parce que Walton, depuis évêque de Winchester, prit soin de la faire imprimer.

Elle n’est pas à la vérité si magnifique, tant pour la grandeur du papier, que pour la beauté des caracteres, que celle de M. le Jay, mais elle est plus ample & plus commode.

On y a mis la vulgate, selon l’édition revue & corrigée par Clement VIII. ce qu’on n’a pas fait dans celle de Paris, ou la vulgate est telle qu’elle étoit dans la bible d’Anvers avant la correction. Voyez Vulgate.

Elle contient de plus une version latine interlinéaire du texte hébreu ; au lieu que dans l’édition de Paris il n’y a point d’autre version latine sur l’hébreu que notre vulgate. Le grec des septante qui est dans la polyglotte d’Angleterre n’est pas celui de la bible de Complute, qu’on a gardé dans les éditions d’Anvers & de Paris, mais le texte grec de l’édition de Rome, auquel on a joint les diverses leçons d’un autre exemplaire grec fort ancien, appelle alexandrin, parce qu’il est venu d’Alexandrie. Voyez Septante.

La version latine du grec des septante est celle que Flaminius Nobilius a fait imprimer à Rome par l’autorité du pape Sixte V. Il y a de plus dans la polyglotte d’Angleterre quelques parties de la Bible en éthiopien & en persan, ce qui ne se trouve point dans celle de Paris. Enfin cette édition a cet avantage sur la bible de M. le Jay, qu’elle contient des discours préliminaires, qu’on nomme prolegomenes, sur le texte des originaux & sur les versions, avec un volume de diverses leçons de toutes ces différentes éditions.