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la riviere de Hallen, aux confins de la Franche-Comté, proche le mont Jura, à 8 lieues au sud-ouest de Basle. Elle n’est pas grande, mais peuplée, & défendue par un château, où l’évêque fait sa résidence ; cependant cette ville est du diocèse de Besançon.

Le pays de Porentru a environ dix lieues de longueur, & autant de largeur. L’évêque est prince de l’empire, membre du cercle du haut Rhin, & par conséquent sujet aux taxes de l’empire ; mais les Suisses pour leur repos particulier, ont soin de garantir des fureurs de la guerre le territoire de cet évêque.

Au reste, le mot Porentru est un mot corrompu, pour pont Rentrud, ou pont Raintru, en latin pons Reintrudis, ou Pons-Raintrudis, ou Pons-Regintrudis, & en allemand Bruntrout, ou Pou-rentrout. Long. 25. 4. lat. 47. 36.

Mathieu (Pierre) historiographe de France, naquit à Porentru, en 1563, & mourut à Toulouse, en 1621. Il a composé en françois l’histoire des choses mémorables arrivées sous le regne de Henri le Grand. Cette histoire intéresse, mais le style est de mauvais goût, parce qu’il est affecté, plein de citations & de métaphores. (D. J.)

POREUX, adj. (Gramm.) qui a des pores. La terre ne produiroit rien si elle n’étoit poreuse. Plus les corps sont poreux, plus ils croissent, mieux ils se nourrissent. Il y a quelqu’apparence que les pores du corps humain ont une action de suction, & que nous recevons les vapeurs de l’air, le feu de l’athmosphere, le phlogistique & la vie par la respiration & par les pores.

POREWITH, (Myth. des Germains.) divinité des anciens Germains ; ils lui donnoient cinq têtes, & une sixieme sur la poitrine, comme celle que portoit Minerve dans son égide. Autour du piédestal qui soutenoit sa statue étoit un grand amas d’épées, de lances, & de toutes sortes d’armes ; ce qui désignoit le dieu de la guerre. (D. J.)

PORISME, s. m. (Géom.) est la même chose que lemme, qui est aujourd’hui seul usité. C’est une proposition dont on a besoin, pour passer à une autre plus importante ; ce mot vient de πόρος, passage. Voyez Lemme. (O)

PORISTIQUE, adj. (Mathém.) quelques auteurs appellent méthode poristique la maniere de déterminer par quels moyens, & de combien de différentes façons un problème peut être résolu. Voyez Problème, Déterminé, Équation, Racine, Solution. Chambers. (O)

POROROCA, s. m. (Physiq. génér.) phénomène singulier du flux de la mer que l’on observe entre Macapa & le cap-Nord, dans l’endroit où le grand canal du fleuve se trouve le plus resserré par les îles, & surtout vis-à-vis de la grande bouche de l’Arawary, qui entre dans l’Amazone du côté du nord.

Pendant les trois jours les plus voisins des pleines & des nouvelles lunes, tems des plus hautes marées, la mer au lieu d’employer près de six heures à monter, parvient en une ou deux minutes à sa plus grande hauteur : on juge bien que cela ne se peut passer tranquillement. On entend d’une ou de deux lieues de distance un bruit effrayant qui annonce le pororoca ; c’est le nom que les Indiens de ces cantons donnent à ce terrible flot. A mesure qu’il approche, le bruit augmente, & bientôt l’on voit s’avancer une masse d’eau de 12 à 15 piés de haut, puis une autre, puis une troisieme, & quelquefois une quatrieme qui se suivent de près, & qui occupent toute la largeur du canal ; cette lame chemine avec une rapidité prodigieuse, brise & rase en courant tout ce qui lui résiste. On a vu en plusieurs endroits des marques de ses ravages, de très-gros arbres déracinés, des rochers renversés, la place d’un grand terrein récemment emporté. Partout où elle passe, le ri-

vage est net comme s’il eût été balayé. Les canots, les pirogues, les barques même n’ont d’autre moyen de se garantir de la fureur de la barre (c’est ainsi qu’on nomme le pororoca à Cayenne), qu’en mouillant dans un endroit où il y ait beaucoup de fond.

M. de la Condamine a examiné avec attention en divers endroits toutes les circonstances de ce phénomene, & particulierement sur la petite riviere de Guama, voisine du Para. Il a toujours remarqué qu’il n’arrivoit que proche de l’embouchure des rivieres, & lorsque le flot montant & engagé dans un canal étroit rencontroit en son chemin un banc de sable, ou un haut fond qui lui faisoit obstacle ; que c’étoit-là & non ailleurs que commençoit ce mouvement impétueux & irrégulier des eaux, & qu’il cessoit un peu au-delà du banc, quand le canal redevenoit profond, ou s’élargissoit considérablement. Il faut supposer que ce banc soit à-peu-près de niveau à la hauteur où atteignent les eaux vives, ou les marées de nouvelle & pleine lune. C’est à sa rencontre que le cours du fleuve doit être suspendu par l’opposition du flux de la mer, qui forme un courant opposé. C’est-là que les eaux arrêtées de part & d’autre doivent s’élever insensiblement tant que le courant peut soutenir l’effort du flux, & jusqu’à ce que celui-ci l’emportant, rompe enfin la digue, & déborde au-delà en un instant. On dit qu’il arrive quelque chose d’assez semblable aux îles Orcades au nord de l’Ecosse, & à l’entrée de la Garonne aux environs de Bordeaux, où l’on appelle cet effet des marées, le mascaret. Voyez Mascaret. (D. J.)

POROS, (Géog. mod.) îles de l’Archipel, à l’entrée du golfe d’Engia, sur la côte de la Sacanie, au nord du cap Skilli. C’est l’île Caulauria des anciens. (D. J.)

POROTIQUES, adj. (Médec.) ce sont des remedes qui bouchent les pores & produisent le cal, en remettant dans les pores le suc nourricier qui avoit été emporté : ils ont une qualité dessicative, épaississante & astringente ; ils changent une partie de la nourriture en une matiere charnue & calleuse. Blancard. Voyez Agglutinans & Sarcotiques.

POROUY, (Géogr. mod.) on appelle porouys les sauts que fait le Niéper à-travers des pierres de roche prodigieuses, qui lui forment dans son cours comme autant de digues naturelles. C’est entre la riviere Samatra & celle de Kuhaczow que se trouvent les fameux sauts du Niéper qu’on appelle porouys, & qui ont donné le nom aux Cosaques porouys.

Porouy est un mot russien, qui signifie pierre de roche : de sorte que ces porouys sont comme une chaîne de ces pierres étendues tout au-travers de la riviere ; quelques-unes sous l’eau, d’autres à fleur d’eau, & d’autres hors de l’eau, de plus de huit à dix piés. Elles sont grosses comme des maisons, & fort proches les unes des autres : ainsi elles forment comme une digue qui arrête le cours de la riviere qui tombe de la hauteur de cinq à six piés en quelques endroits, & en d’autres de six à sept piés, selon que le Niéper est plus ou moins enflé.

Quoiqu’il semble qu’il soit impossible de passer tous les différens porouys du Niéper dans un canot, il est néanmoins certain qu’on a trouvé l’art de les franchir tous sans exception. (D. J.)

PORPAX, (Géog. anc.) fleuve de Sicile, selon Elien, dans son histoire mêlée. Il le place dans le pays des Ægestani. Cluvier, Sicil. ant. l. II. dit qu’on ne connoît point aujourd’hui ce fleuve. Thomas Fazel, décad. 1. l. VII. c. iv. néanmoins veut que l’on entende par Porpax ces eaux chaudes qui se jettent avec le Termestre dans le Scamandre, & qu’on appella Ægestanæ ou Segestanæ aquæ ; mais on ignore l’origine de cette dénomination. (D. J.)

PORPHYRE, (Hist. nat.) c’est une pierre ou ro-