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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/137

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l’éducation du serrail, ils porterent en imbécilles l’épée des héros qui avoient fondé & étendu l’empire. Les révolutions devinrent encore plus fréquentes ; les sultans incapables de regner, furent le jouet de l’indocilité & de l’avarice des janissaires ; ceux auxquels la nature donna quelques talens, furent déposés par les intrigues de leurs propres ministres, qui ne vouloient point d’un maître qui bornât leur pouvoir.

Malgré les vastes états que possede le grand-seigneur, il n’entre presque pour rien dans le système politique de l’Europe. Les Turcs sont pour ainsi dire inconnus dans la chrétienté, ou bien on ne les y connoît que par une tradition ancienne & fausse, qui ne leur est point avantageuse. Si la Porte entretenoit des ambassadeurs ordinaires dans toutes les cours ; que se mêlant des affaires, elle offrît sa médiation & la fît respecter ; que ses sujets voyageassent chez les étrangers, & qu’ils entretinssent un commerce reglé, il est certain qu’elle forceroit peu-à-peu les princes chrétiens à s’accoûtumer à son alliance.

Mais il n’est pas vraissemblable que la Porte change de politique ; elle pensera toujours que son gouvernement doit avoir pour base l’ignorance & la misere des sujets.

L’Europe n’a pas lieu de craindre beaucoup les forces de la Porte. L’empereur, la Pologne, la Russie, & la république de Venise forment une barriere que les Turcs ne peuvent forcer. On ne sauroit même douter que ces quatre puissances ne fussent en état de repousser le grand-seigneur en Asie, s’il étoit de l’intérêt des autres princes chrétiens, de leur laisser exécuter une pareille entreprise, ou si elles pouvoient elles-mêmes réunir leurs forces pour un semblable dessein. Ainsi la Porte conservera l’empire qu’elle a acquis en Europe, parce que d’ailleurs sa ruine agrandiroit trop quelques puissances, sur-tout la Russie, & qu’il importe à tous les peuples qui font le commerce du levant, que la Grece & les autres provinces de la domination ottomane, soient entre les mains d’une nation oisive, paresseuse, & qui ignore l’art de tirer parti des avantages que lui présente sa situation. (D. J.)

PORTÉ, en terme de Blason ; une croix portée, c’est une croix qui n’est pas debout, comme sont généralement les croix, mais qui est couchée de travers sur l’écusson, en forme de bande, comme si elle étoit portée sur l’épaule d’un homme. Voyez Croix.

Colombiere assure que quelques-uns disent porté, parce que notre Sauveur allant souffrir la mort, fut obligé de porter sa croix, qui est toujours représentée de travers & inclinée de cette maniere.

Porte, ou Veine-porte, terme d’Anatomie, c’est une veine très-considérable, qui sert à porter le sang de différentes parties, par un nombre infini de branches dans lesquelles elle se divise, à le porter, dis-je, au foie, dans la substance duquel elle le distribue. Voyez nos Pl. anatom. & leur explication. Voyez aussi Veine & Foie.

La veine-porte est formée de deux grosses veines, la mésentérique & la splénique, qui sont encore formées de plusieurs autres petites veines qui viennent de l’estomac, des intestins ; de la ratte, de l’épiploon, &c. Voyez Mésentérique & Splénique.

Les anciens lui ont donné le nom de porta, parce qu’ils s’imaginoient que par sa branche mésentérique elle portoit le chyle des intestins au foie ; mais quelques modernes lui ont trouvé un autre usage.

La veine-porte a cela de remarquable, qu’à la maniere des arteres, d’un tronc qu’elle est, elle se divise en branches, & se perdant enfin dans les capillaires, elle décharge le sang dans la veine-cave, qui le rapporte immédiatement au cœur. Voyez Cave.

La veine-porte se forme du concours de différentes

veines, qui par leur rencontre en font un des plus considérables troncs veineux de tout le corps, quant à sa grosseur ; quoique contraire au cours des autres veines, elle ne va pas loin sous la forme d’un tronc ; mais comme on l’a déjà observé, elle se distribue bien-tôt au foie par des ramifications.

Cette veine se divise vulgairement en branches hors du foie, en branches dans le foie, & en un tronc intermédiaire ; mais cette division n’est pas fort claire, les branches que l’on appelle hors du foie étant plus proprement des racines que des branches, que les Anatomistes ont distinguées par des noms particuliers qui sont pris des parties d’où viennent ces branches.

Les veines qui conspirent à la formation de ce tronc, & sur lesquelles nous ne nous étendrons pas ici, parce qu’elles ont été ou qu’elles seront décrites aux articles qui les regardent en particulier, viennent du placenta dans le fœtus, de la veine ombilicale, de la vésicule du fiel, des deux cystiques, de la partie supérieure de l’estomac, de la veine pilorique, de la gastrique droite, qui va au tronc ; de la grande gastrique & de la mineure gauche, qui vient de l’estomac (dont la majeure est formée de la coronaire du ventricule) ; de l’épiploïque gauche & postérieure qui vient de l’épiploon ; des vasa brevia, qui viennent de l’estomac ; de la splénique, qui vient de la rate, lesquelles se réunissent pour former la branche gauche ou la branche splénique de la porte.

La branche droite ou mésentérique est composée de la gastrique & de l’épiploïque droite, qui vient de l’estomac & de l’épiploon ; de la duodenaire, qui vient du duodenum & du jejunum ; de l’hémorrhoïdale interne, qui vient de l’intestin rectum & du colon ; des mésaraïques, qui viennent du mésentere.

Par le moyen de tous ces vaisseaux la veine-porte reçoit le sang de la plûpart des visceres de l’abdomen, & après la réunion de toutes ses branches, elle commence un tronc dans le foie, sous la surface duquel immédiatement après avoir formé une espece de sinus, elle se divise en deux branches principales, & celles-ci encore en cinq autres, qui jettent ou répandent une infinité de ramifications à-travers toute la substance du foie.

M. Keil croit avoir découvert le véritable usage de cette veine, inconnu jusqu’ici : voici comme il s’explique. La bile, dit-il, devant se mêler avec le chyle, comme il vient de l’estomac dans le duodenum, ne pouvoit être séparé du sang plus avantageusement qu’à l’endroit où est placé le foie ; mais si toutes les branches de l’artere cœliaque portoient au foie tout le sang dont la bile doit être séparée, il est évident, en considérant la proximité du foie au cœur, & le mouvement intestin du sang, qu’une sécrétion aussi visqueuse que la bile, ne pourroit jamais être assez perfectionnée. Voyez Bile.

C’est pourquoi la nature est ici forcée de déroger à sa méthode constante, d’envoyer le sang à toutes les parties du corps par le moyen des arteres ; elle forme une veine moyennant laquelle elle envoye le sang au foie des branches des arteres mésentériques & cœliaques.

Par ces moyens le sang fait un grand tour avant que d’arriver au foie ; de maniere que sa vîtesse étant diminuée, tous les corpuscules qui doivent former la bile, peuvent avoir le tems de s’attirer les uns les autres, & de s’unir avant que d’arriver à leurs vaisseaux secrétoires. Keill. anim. secret. pag. 36. &c. Voyez Sécrétion.

Porte, maladie de la veine (Médec.) le vaisseau en partie veineux & en partie artériel, avec un tronc intermédiaire, recevant le sang des organes de la chylification, pour le conduire par le moyen du foie, dans la veine-cave, & fournissant l’humeur destinée