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Poudrer, terme de Chasse ; il se dit lorsqu’on chasse un lievre dans le tems de la sécheresse, & qui passe dans les chemins poudreux & les terres nouvellement labourées, où il fait voler la poudre, qui recouvre ses voies, ce qui en diminue beaucoup le sentiment : ainsi on dit, le lievre poudre trop, les chiens en perdent les voies à tout moment.

POUDRETTE, s. f. (Jardinage.) terme honnête dont les Jardiniers sont convenus de se servir pour exprimer la matiere fécale dont ils savent se servir à propos : elle doit être long-tems à l’air pour se sécher, se reduire en poudre, & perdre tout son feu.

La Quintinie la rejette, mais Théophraste en fait grand cas pour les végétaux. Plusieurs fleuristes la croient, ainsi que la Colombine, très-nuisible aux fleurs.

POUDREUX, adj. (Littérat.) Jupiter avoit un temple à Mégare dans l’Attique, sous le nom de Jupiter le poudreux, apparemment, parce que ce temple étant sans couverture, la statue du dieu devint fort poudreuse. (D. J.)

POUDRIER, terme de Papetier ; c’est dans une écritoire un ustensile ordinairement de métal, percé par le haut de plusieurs trous ; on met dans le poudrier du sable ou de la poudre de métal qu’on jette sur l’écriture afin qu’elle ne s’efface pas.

Poudrier, (Marine.) c’est un horloge de sable, dont on se sert sur mer, qui dure demi-heure. Voyez Horloge & Empoulette.

POVENZA, (Géog. mod.) ville de l’empire russien, dans la partie septentrionale de la Carelie moscovite, sur le lac Onega, à l’embouchure de la riviere de Povenza. (D. J.)

POUF, s. m. terme d’artisan ; ce mot se dit du grain qui s’égraine, & qui s’en va en poudre quand on le travaille ; les Paveurs le disent du grès, & les Marbriers parlant du marbre qui se réduit en poudre en le taillant, disent que ce marbre est pouf.

Pouf, (Fonderie.) les Fondeurs donnent ce nom à une qualité que doit avoir la matiere dont on fait le noyau. Elle consiste dans une molle résistance, afin que le métal remplissant l’espace qu’occupoient les cires, le noyau ait assez de force pour résister à sa violence ; & n’en ait pas trop en même tems pour s’opposer au métal qui travaille en se refroidissant dans le moule, ce qui le feroit gercer dans plusieurs endroits. Voyez Fonderie.

POUGEOISE, s. m. (Monnoie.) petite monnoie autrement nommée pite ou poitevine ; c’étoit une monnoie de billon d’usage en France pendant la troisieme race. On se servoit déja de cette monnoie sous S. Louis, & il paroît par son ordonnance, que Philippe de Valois en fit fabriquer. Cette monnoie, qui ne valoit que le quart du denier, & l’obole qui n’en valoit que la moitié, parut absolument nécessaire lorsque les deniers étoient forts ; mais lorsqu’on vint à en diminuer la bonté, on ne fit plus d’oboles ni de pougeoises, parce que ç’auroit été des especes de nulle valeur. (D. J.)

POUGER, v. act. terme de Marine ; c’est faire vent en arriere, porter à droiture, ou avoir vent en poupe ; ce terme est en usage sur la Méditerranée.

POUGUES, (Géog. mod.) paroisse de France, dans le Nivernois, élection de Vézelai, à 2 lieues de la ville de Nevers, au pié d’une montagne & sur le chemin de Paris. A deux cent pas de cette paroisse, il y a une fontaine minérale. C’est un réservoir rond, qui a trois piés de diametre, & du fond duquel sortent des bouillons d’eau. Ce réservoir est au milieu d’une cour murée, près de laquelle il y a des promenoirs couverts d’un toît, qui est soutenu par des piliers. Les eaux de cette fontaine sont froides, aigrelettes, vineuses, & un peu stiptiques. Certaines petites pailles qui nagent sur l’eau, & qui ressemblent

à des raclures de rouille, font connoître qu’elles sont en partie ferrugineuses. (D. J.)

POUILLÉ, s. m. (Jurisprud.) appellé dans la basse latinité polypticum, terme dérivé du grec πολύπτοχον, d’où l’on a fait par corruption politicum, poleticum, puleticum, puletum, signifie en général un registre où l’on écrivoit tous les actes publics & privés, mais particulierement un registre où l’on écrivoit les noms de tous les censitaires & redevables, avec une note de ce qu’ils avoient payé.

On a de même appellé pouillé les registres dans lesquels on écrivoit les actes concernant les églises & la description de leurs biens.

Mais, dans le dernier usage, on entend par ce terme un catalogue de bénéfices, dans lequel on marque le nom de l’église, celui du collateur & du patron, s’il y en a un, le revenu du bénéfice, & autres notions.

Il y a des pouillés généraux, & d’autres particuliers.

Le pouillé le plus général est celui des archevêchés & évêchés du monde chrétien, orbis christianus.

On appelle aussi pouillés généraux ceux qui comprennent tous les archevêchés & évêchés d’un royaume, ou autre état.

Le meilleur ouvrage que nous ayons pour la connoissance des églises de France, est le Gallia christiana de MM. de Sainte-Marthe, que l’on peut regarder comme un commencement de pouillé, mais néanmoins qui ne comprend pas toutes les notions qui doivent entrer dans un pouillé proprement dit.

On a fait divers pouillés généraux & particuliers de chaque diocèse.

En 1516, chaque diocèse nomma des commissaires pour l’estimation des revenus & la confection de son pouillé ; le clergé nomma des commissaires généraux pour dresser sur ces pouillés un département.

Il y eut un pouillé général, imprimé in-8°. vers l’an 1626, qui est devenu très-rare, mais qui ne peut être d’aucun usage tant il est rempli de fautes.

Celui qui parut in-4°. en 1648, est un peu plus exact, parce qu’il fut fait sur les registres du clergé, qui furent communiqués à l’auteur par ordre de l’assemblée de Mantes, tenue l’an 1641 ; il s’y est néanmoins glissé encore beaucoup de fautes ; il est d’ailleurs imparfait en ce qu’il n’y en a que huit volumes de faits, qui sont les archevêchés de Paris, Sens, Reims, Lyon, Bordeaux, Bourges, Tours & Rouen : les autres archevêchés ne sont pas faits.

Le clergé délibéra en 1726 que tous les bénéficiers & communautés donneroient des déclarations aux chambres diocésaines, qui en feroient des pouillés ; & que ces chambres enverroient ces pouillés à une assemblée générale, qui les reviseroit & feroit un département. L’exécution de cette délibération fut ordonnée par arrêt du conseil du 3 Mai 1727, & lettres-patentes du 15 Juin suivant.

Il a paru depuis quelques pouillés particuliers, tels que ceux des églises de Meaux & de Chartres, & un nouveau pouillé de Rouen en 1738.

Le clergé assemblé à Paris en 1740, renouvella le dessein de former un pouillé général sur le plan qui fut proposé à l’assemblée par M. l’abbé le Beuf, de l’académie des Inscriptions & Belles-Lettres. Ce même dessein fut confirmé par une autre délibération du clergé en 1745 ; & en conséquence des lettres circulaires, écrites par MM. les agens du clergé à MM. les archevêques & évêques du royaume, il a été envoyé à M. l’abbé le Beuf divers pouillés, tant imprimés que manuscrits, de différens diocèses pour en former un pouillé général auquel M. l’abbé le Beuf avoit commencé à travailler : mais n’ayant point reçu tous les pouillés de chaque diocèse, & ne s’étant même trouvé aucune province dont la collection fût complette, cet ouvrage est jusqu’à-présent demeuré im-