Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/2

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blanche ; elle a un peu plus de consistance : mais il ne paroît pas que cette qualité change quelque chose à ses vertus. On l’emploie principalement pour les gersures des levres, & pour les boutons & les petites croûtes qui viennent autour de la bouche. (b)

Pommade, terme de voltigeur, c’est un saut que fait le voltigeur en tournant sur le cheval de bois, & en appuyant seulement la main sur le pommeau de la selle.

POMME, s. f. (Jardin.) fruit à pepin très-connu, que produit le pommier. Les pommes sont rondes ou oblongues, & elles sont attachées à l’arbre par une queue qui est très-courte ; elles varient pour la grosseur, la couleur & le goût, selon les différentes espepeces de pommier. On les distingue en pommes d’été & pommes d’hiver ; ces dernieres durent si long-tems, qu’il y en a de plusieurs sortes qui peuvent se conserver pendant deux ans. On divise aussi ces fruits par leurs bonnes, médiocres ou mauvaises qualités, & ces dernieres font le plus grand nombre. On en compte environ douze sortes des meilleures, & peut-être quinze des médiocres. On fait aussi une différence des pommes qui sont bonnes à cuire & à faire des compotes ; à cet égard la reinette l’emporte sur toutes les autres. Il y a aussi des especes de pommes cultivées qui sont douçâtres jusqu’à être fades, & d’autres qui sont âpres, aigres & austeres, que l’on nomme pommes sûres, & que l’on cultive aussi malgré leur goût détestable ; mais ces mauvais fruits servent à faire le cidre. On peut faire avec les pommes sauvages d’assez bon vinaigre qui se garde long-tems. Enfin les pommes de bonne qualité sont fort saines lorsqu’elles sont cuites, & on fait un sirop de ces fruits qui est de quelqu’usage en Médecine. Voyez le mot Pommier.

Pomme, (Diete, Pharmac. & Mat. méd.) fruit du pommier, & l’un des plus communs de tous ceux dont nous usons à titre d’aliment.

Les pommes & principalement les pommes crues, sont un des fruits dont les auteurs de Médecine ont dit le plus de mal. Hippocrate, Galien, les plus célebres d’entre les Arabes, les auteurs de l’école de Salerne, les anciens commentateurs de cet ouvrage, & plusieurs auteurs de Médecine plus modernes en ont représenté l’usage comme peu salutaire, & même dangereux, comme capable d’engendrer des vents & de la bile noire ; de produire la fievre, la dyssenterie, des vertiges, des palpitations, la pierre des reins, de faire perdre la mémoire, d’affoiblir la vue, &c. L’expérience réitérée, journaliere, constante, prouve que ce sont-là des imputations vagues, gratuites, fausses. Les pommes même crues, mangées modérément lorsqu’elles sont bien mûres & saines, sont un aliment indifférent dans la plûpart des cas pour tous les sujets sains, & un aliment très-salutaire pour toutes les personnes qui se trouvent, soit habituellement, soit par accident échauffées, pressées d’une soif opiniâtre, tourmentées de rapports nidoreux, semi-putrides, qui sont sujettes aux coliques bilieuses, aux digestions fongueuses, &c. C’est une très-bonne ressource contre le mauvais état de l’estomac qui suit l’ivresse & la gloutonnerie, hesternam crapulam, que de manger quelques pommes crues. Les ivrognes prétendent de plus que ce secours les préserve de l’ivresse, & même qu’il la dissipe.

Les meilleures pommes sont celles qui sont douces, aigrelettes, & bien parfumées ; telles que la pomme de reinette, & le calville blanc. La chair de la pomme d’api est peut-être un peu trop dure, & souvent indigeste par cette qualité.

Les pommes crues doivent être cependant interdites aux estomacs foibles, & qui refusent les crudités ; car il est vrai que la pomme doit être regardée, par la fermeté de sa chair, comme étant, pour ainsi dire, éminemment crue, ægrè domabilis. L’expérience con-

firme cette observation. L’excès des pommes donne

de véritables indigestions. Voyez Indigestion. On les rend presqu’entieres, & avec des tranchées très vives ; au lieu que les figues, le raisin, la pêche, &c. mangés avec le même excès, ne donnent que le devoiement simple, ou, ce qui est la même chose, ne font que purger. On peut observer facilement cette différence chez les enfans qui sont fort sujets à ces sortes d’incommodités par l’usage immodéré des divers fruits.

Les pommes cuites, soit à la maniere la plus vulgaire, en les exposant devant le feu, ou bien en les mettant au four, soit avec le sucre, sous forme de compote ou de marmelade, soit enfin leur décoction épaissie avec du sucre en consistance de gelée ; toutes ces préparations, dis-je, & sur-tout les plus simples, les pommes cuites devant le feu ou au four, fournissent un aliment léger, & aussi salutaire qu’agréable, tant pour les personnes en santé, que pour les convalescens, & tous ceux qui ont besoin d’une nourriture bienfaisante, légere, & qui en même tems lâche doucement le ventre. Outre cette derniere propriété légerement medicamenteuse, qui est fort évidente, on les regarde encore comme douées d’une vertu pectorale, ou bechique adoucissante, qui n’est pas à beaucoup près aussi manifeste. Cependant les pommes cuites sont d’un fort bon usage dans les rhumes, à quelque titre que ce soit, aussi-bien que la tisane qu’on prépare avec leur suc ou leur décoction, & à laquelle on ajoute communément le chiendent & les fruits doux, comme jujubes, dates, raisins secs, &c. On fait entrer souvent aussi la pomme dans les tisanes ordinaires & domestiques que l’on fait boire aux malades dans les maladies aiguës ; & c’est un de ces ingrédiens indifférens qui conviennent très-bien par cela même à ce genre de boisson. Voyez Tisane.

La pomme ne se cuit point par la friture dans les beignets, on doit donc en estimer les qualités dans cette préparation sur le pié des pommes crues.

Les pommes cuites réduites en pulpe, ou sous forme de cataplasme, sont encore un bon remede extérieur, capable de ramollir & de calmer la douleur, lorsqu’on l’applique sur les tumeurs inflammatoires, résistantes & douloureuses. Cette application est surtout très bonne dans l’ophtalmie recente, & accompagnée de beaucoup de douleur, & sur-tout lorsque cette maladie est principalement palpébrale. On emploie aussi à ce dernier usage la pomme pourrie ; mais il paroît que la pulpe cuite d’une pomme saine & bien mûre vaut mieux.

On prépare avec le suc de pommes un sirop simple, qui doit être rangé avec ceux qui sont purement agréables. On ne lui connoît point d’autre qualité bien réelle.

La pomme donne aussi son nom à plusieurs sirops médicamenteux composés, entre lesquels celui qui est appellé sirop de pommes du roi Sapor, est le plus célebre. En voici la préparation, selon la pharmacopée de Paris, qui est réformée, c’est-à-dire, différente à plusieurs égards de celle des vieux dispensaires.

Sirop de pommes composé, ou du roi Sapor. Prenez séné mondé, demi-livre ; semences de fenouil, une once ; clous de girofle, un gros : faites infuser pendant un jour, dans quatre livres de suc de pommes de reinette, trois livres de suc de bourrache, & autant de suc de buglosse ; faites bouillir légerement ; après l’infusion prescrite, passez & exprimez ; faites bouillir de nouveau le marc dans s. q. d’eau, passez encore avec expression ; mêlez les deux colatures ; &, avec quatre livres de sucre, clarifiez & cuisez en consistance de sirop.

On peut, ce me semble, faire sur la préparation