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sa louange, son sang, son honneur, son tems, ses talens, ses faveurs, son crédit, ses charmes, les expressions de dévouement, d’amitié, d’estime. Combien de sortes de prodigalités ? Et tout bien consideré, celle de la richesse est peut-être la moins déshonorante & la moins funeste.

PRODOMIENS, dieux, (Mytholog.) les dieux prodomiens, en latin, prodomii dii, étoient les dieux qui présidoient aux fondemens des édifices, & c’est pour cela que Romulus leur donna le nom de præstructores, c’est-à-dire, dieux à qui appartient le soin de tout ce qui précede la structure, soit d’un temple, soit d’une maison particuliere. Domitius Calderinus entend par ce mot, les dieux qu’on adoroit dès l’entrée des maisons. Il est certain que c’est dans l’un & l’autre de ces deux sens, qu’on peut expliquer prodomia Juno, Junon prodomienne. (D. J.)

PRODOMÉES, s. f. pl. (Mythol.) divinités qui présidoient à la construction des édifices, & qu’on invoquoit avant que d’en jetter les fondemens. Mégaréus sacrifia à ces divinités, dit Pausanias, avant d’entourer de murailles la ville de Mégare. (D. J.)

PRODOMIE, (Mythol.) surnom de Junon sous lequel elle avoit un temple à Sicyone ; c’est comme si l’on disoit, Junon au vestibule, car πρόδομος signifie vestibule. (D. J.)

PRODROME, s. m. (Gram.) signifie à la lettre, un avant-coureur. De là est venu prodromus morbus, qui signifie en médecine, une maladie qui en précede une autre ; ainsi le trop peu de capacité de la poitrine, est le prodrome de la consomption, &c. le vertige est le prodrome de l’apoplexie : Voyez Phthisie, Apoplexie, Vertige, &c.

PRODUCTION, s. f. (Gram.) tout phénomène de la nature, dont l’existence d’un plante, d’un arbre, d’un animal, d’une substance quelconque est la fin. La nature est aussi admirable dans la production de la souris, que dans celle de l’élephant. La production des êtres est l’état opposé à leur destruction. Cependant, pour un homme qui y regarde de près, il n’y a proprement dans la nature aucune production, aucune destruction absolue, aucun commencement, aucune fin ; ce qui est a toujours été & sera toujours, passant seulement sous une infinité de formes successives.

Production, s. f. (Jurisprudence.) c’est tout ce qui est mis par-devers le juge pour instruire une instance ou procès par cet écrit.

Chaque partie produit ses titres & ses procedures. Il est d’usage de les assembler par cottes, qui sont chacune marquées d’une lettre.

Pour la conservation de ces pieces, le procureur fait un inventaire de production, dans lequel les pieces sont comprises sous la même lettre que l’on a mis sur la cotte : on y tire aussi les inductions des pieces.

On appelle production principale, celle qui a été faite devant les premiers juges ; & quand on a de nouvelles pieces à produire devant le juge d’appel : on fait par requête une production nouvelle.

Les productions que l’on fournit dans les appointés à mettre, doivent être faites dans trois jours.

Dans les appointemens en droit ou au conseil, on doit produire dans huitaine, & contredire dans le même delai.

Faute de contredire les productions dans les delais de l’ordonnance, on en demeure forclos. Voyez l’ordonnance de 1667. tit. 11. (A)

PRODUIRE, v. act. (Gram.) terme relatif de la cause à l’effet. C’est la cause qui produit. C’est l’effet qui l’est. La nature ne produit des monstres que par la comparaison d’un être à un autre ; mais tout naît également de ses lois, & la masse de chair informe, & l’être le mieux organisé. La terre produit des fruits. Une ferme produit tant à son cultivateur. Il n’y a rien

qui soit plus uni à J. C. que le prêtre, il le produit. Notre siecle a produit des ouvrages en tout genre, comparables à ceux des siecles passés ; & quelques-uns dont il n’y avoit auparavant aucun modele. Faites-vous produire à la cour. Les petites passions ne produisent que de petits plaisirs. Il y a quelquefois autant de vanité à se cacher qu’à se produire, &c.

PRODUIT, s. m. en terme d’Arithmétique & de Géométrie, signifie le résultat de la multiplication de deux nombres, l’un par l’autre, ou la quantité qui provient de la multiplication mutuelle de deux nombres, ou de deux lignes.

Ainsi, si on multiplie 6 par 8, le produit est 48. Voyez Multiplication.

Le produit de deux lignes, & quelquefois celui de deux nombres, s’appelle rectangle de deux lignes, ou de ces deux nombres. Voyez Rectangle ; voyez aussi Parallelogramme & Multiplication. Chambers. (E)

Produit, s. m. (Chimie.) en terme chimique, s’explique assez de lui-même ; tout le monde entend ce que c’est que le produit, que les produits d’une certaine opération chimique.

Lorsqu’on substitue cette expression à celle de principes, pour désigner les diverses matieres fournies par la distillation analytique, on s’exprime beaucoup plus exactement, parce que ce mot produit est sans prétention ; au lieu que le mot principe exprime une opinion, une théorie, ce qui seroit un inconvenient, quand même cette opinion seroit vraissemblable, & même vraie, à plus forte raison puisqu’elle est fausse. Voyez Principe. (b)

Produit, en termes de finances & de ferme du roi, se dit aussi de ce à quoi monte une ferme. Le produit des aides de cette élection est de deux cens mille francs par an ; pour dire que les droits que les fermiers reçoivent chaque année se montent à cette somme.

Produit signifie aussi dans le commerce le profit qui revient d’une chose ou d’une société, le capital ou le fonds qu’on y a mis, & les dépenses déduites. Le produit de notre société a été de dix mille écus en trois ans pour chacun des associés. Dictionnaire de commerce.

PRODUISANS, s. m. pl. en terme d’Arithmétique, sont les nombres sur lesquels on opere dans la multiplication : on les appelle aussi facteurs. Voyez Facteur & Coefficient.

Les produisans sont le multiplicateur & le multiplicande. Voyez Multiplication. Chambers. (E)

PROEDRE, s. m. (Antiq. grecque.) sénateur d’Athènes dans le sénat des cinq cens. On appelloit proèdres les dix sénateurs d’entre les cinquante prytanes, qui présidoient par chaque semaine, & qui exposoient le sujet de l’assemblée ; le président de jour des proèdres s’appelloit épistale. Voyez Epistale, Prytane, Sénat des cinq cens.

Les proèdres étoient ainsi nommés, parce qu’ils jouissoient du privilege d’avoir les premieres places aux assemblées. Potter prétend que c’étoit eux qui proposoient au peuple les affaires sur lesquelles il devoit déliberer. Voyez ses archæol. grecq. l. I. c. xvij. (D. J.)

PROEME, s. m. (Belles-lettres.) mot purement grec, qui se prend en général pour un prologue, une préface, un avant-propos, un prélude, d’où les latins ont fait præmium, qui exprime toutes ces choses. Mais il a une signification plus particuliere, & se prend aussi pour une sorte d’hymne ou de cantique adressé aux dieux. On le trouve en ce sens dans un passage de Thucidide, liv. III. où cet historien cite quelques vers d’Homere, tirés du poëme προιμιου d’Apollon ; & qu’on lit aujourd’hui dans l’hymne d’Homere adressée à ce dieu. Sur quoi l’ancien Scholiaste observe que les hymnes s’appelloient προιμια, terme dé-