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ture détaillée de toutes les parties du dragon. Ce défaut est encore moins pardonnable aux grands auteurs qu’aux écrivains médiocres.

PROLOCUTEUR de la Convocation, (Jurisprudence.) se dit en Angleterre de l’orateur de cette assemblée. Voyez Convocation.

L’archevêque de Cantorbéry est de droit président ou orateur de la chambre haute de la convocation. L’orateur de la chambre basse est un officier choisi par les membres de cette chambre le premier jour qu’ils s’assemblent, & approuvé par la chambre haute.

C’est le prolocuteur qui préside à toutes les affaires & à tous les débats ; c’est par lui que les résolutions, les messages, &c. sont adressés à la chambre haute ; c’est lui qui lit à la chambre toutes les propositions qu’on y fait, qui recueille les suffrages, &c.

PROLOGIES, (Antiq. grecq. & rom.) προλόγια, fête célébrée par tous les habitans de la Laconie avant que de recueillir leurs fruits. Voyez Potter, Archæol. græc. tom. I. p. 427. Les Romains célébroient la même fête, antequam fructus legerint. (D. J.)

PROLOGUE, (Belles Lettres.) dans la poésie dramatique est un discours qui précede la piece, & dans lequel on introduit tantôt un seul acteur, & tantôt plusieurs interlocuteurs.

Ce mot vient du grec πρόλογος, præloquium, discours qui précede quelque chose, & il est formé de πρὸ, devant, & de λόγος, discours.

L’objet du prologue chez les anciens & originairement, étoit d’apprendre aux spectateurs le sujet de la piece qu’on alloit représenter, & de les préparer à entrer plus aisément dans l’action & à en suivre le fil ; quelquefois aussi il contenoit l’apologie du poëte & une réponse aux critiques qu’on avoit faites de ses pieces précédentes. On peut s’en convaincre par l’inspection des prologues des tragédies greques & des comédies de Térence.

Les prologues des pieces angloises roulant presque toujours sur l’apologie de l’auteur dramatique dont on va jouer la piece, l’usage du prologue est sur le théatre anglois beaucoup plus ancien que celui de l’épilogue. Voyez Epilogue.

Les François ont presque entierement banni le prologue de leurs pieces de théatre, à l’exception des opéra. On a cependant quelques comédies avec des prologues, telles que les caracteres de Thalie, piece de M. Fagan ; Basile & Quiterie, Esope au Parnasse, & quelque piece du théatre italien. Mais en général il n’y a que les opéra qui aient conservé constamment le prologue.

Le sujet du prologue des opéra est presque toujours détaché de la piece ; souvent il n’a pas avec elle la moindre ombre de liaison. La plûpart des prologues des opéra de Quinault sont à la louange de Louis XIV. On regarde cependant comme les meilleurs prologues ceux qui ont du rapport à la piece qu’ils précedent, quoiqu’ils n’aient pas le même sujet ; tel est celui d’Amadis de Gaule. Il y a des prologues qui sans avoir de rapport à la piece, ont cependant un mérite particulier par la convenance qu’ils ont au tems où elle a été représentée. Tel est le prologue d’Hésione, opéra qui fut donné en 1700 ; le sujet de ce prologue est la célébration des jeux séculaires.

Dans l’ancien théatre on appelloit prologue l’acteur qui récitoit le prologue ; cet acteur étoit regardé comme un des personnages de la piece, où il ne paroissoit pourtant qu’avec ce caractere ; ainsi dans l’Amphitrion de Plaute, Mercure fait le prologue ; mais comme il fait aussi dans la comédie un des principaux rôles, les critiques ont pensé que c’étoit une exception de la regle générale.

Le prologue faisoit donc chez les anciens une partie de la piece, quoique ce ne fût qu’une partie accessoire ; au lieu que chez les Anglois, il n’en fait nulle-

ment partie ; c’est un tout absolument séparé & distingué.

Chez les anciens la piece commençoit dès le prologue ; chez les Anglois, elle ne commence que quand le prologue est fini. C’est pour cela qu’au théatre anglois la toile ne se leve qu’après le prologue, au lieu qu’au théatre des anciens elle devoit se lever auparavant. Chez les Anglois ce n’est point un personnage de la piece : c’est l’auteur même qui est censé adresser la parole aux spectateurs ; au contraire celui que les anciens nommoient prologue étoit censé parler à des personnes présentes à l’action même, & avoit au moins pour le prologue un caractere dramatique. Les anciens distinguoient trois sortes de prologues ; l’un qu’ils nommoient ὑποθετικὸς, dans lequel le poëte exposoit le sujet de la piece ; l’autre appellé συστατικὸς, ou le poëte imploroit l’indulgence du public ou pour son ouvrage ou pour lui-même ; enfin le troisieme, ἀναφορικὸς, où il répondoit aux objections. Donat ajoute une quatrieme espece dans laquelle entroit quelque chose de toutes les trois autres, & qu’il appelle par cette raison, prologue mixte, μικτός. Voss. instit. poet. lib. II. cap. xxvj.

Ils distinguoient encore les prologues en deux especes ; l’une où l’on n’introduisoit qu’un seul personnage, μονοπρόσωπος ; l’autre où deux acteurs dialoguoient, διπρόσωπος. On trouve de l’une & de l’autre des exemples dans Plaute. Idem ibid.

PROLONGE, s. f. dans l’Artillerie, est un cordage qui sert à tirer le canon en retraite, & quand une piece est embombée.

PROLONGEMENT, s. f. signifie dans l’Anatomie, la continuation de quelques parties, ou une avance qu’elle fait, & qu’on appelle processus. Voyez Avance.

PROLONGER, v. act. en terme de Géométrie, signifie continuer une ligne, ou la rendre plus longue, jusqu’à ce qu’elle ait une longueur assignée, ou de maniere qu’elle s’étende indéfinitivement. Voyez Ligne. (E)

Prolonger un navire, (Marine.) c’est se mettre flanc à flanc, & vergue à vergue à vergue. Prolonger la sivadiere. Voyez Vergue.

PROLUSION, s. f. (Littérat.) terme qu’on applique quelquefois dans la littérature à certaines pieces ou compositions que fait un auteur préférablement à d’autres, pour exercer ses forces, & comme pour essayer son génie.

Le grammairien Diomede appelle le culex de Virgile & ses autres opuscules, des prolusions, parce que ces petites pieces ont été comme les essais de sa muse, & le prélude des poëmes qu’il donna par la suite. Les prolusions de Strada sont des pieces fort ingénieuses, & dont M. Huet, évêque d’Avranches, faisoit tant de cas, qu’il les savoit toutes par mémoire.

PROM, (Géog. mod.) ville des Indes, au royaume d’Ava, sur le bord oriental de la riviere de Menankiou, autrement riviere d’Ava. Prom a été ci-devant la capitale d’un royaume particulier ; mais le roi d’Ava l’a soumise à son obéissance. Latitud. selon le P. du Chatz, jésuite, 19. 20.

PROMACHIES, (Antiquit. grecq.) προμάχια, fête dans laquelle les Lacédémoniens se couronnoient de roseaux. Potter, archæol. groeq. tome I. p. 427. (D. J.)

PROMACHUS, (Mythol.) c’est-à-dire le défenseur ; πρόμαχος, celui qui combat pour quelqu’un. Sous ce nom Hercule avoit un temple à Thèbes, & Mercure à Tanagre en Béotie.

PROMALACTERION, (Gymnast. médicin.) προμαλακτήριον ; premier appartement des bains des anciens. C’étoit-là qu’on préparoit le corps par des frictions, des onguens pour faire tomber le poil, des parfums, & autres drogues convenables, avant que d’entrer dans le bain. (D. J.)

PROMALANGES, (Littérat.) nom d’une ou de