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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/542

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ridées, d’une saveur approchant de celle des fèves. La plante fraîche a une odeur bitumineuse, aromamatique, & piquante au goût.

Elle vient au Paral dans la nouvelle Biscaye, province de l’Amérique septentrionale, d’où elle est envoyée à Mexico, à la Vera-cruz, & de-là à Cadix, à Seville & à Madrid.

Sa racine s’emploie en Espagne, en poudre ou en infusion, dans les maladies contagieuses & dans les fievres malignes. Je crois que de bons médecins en feroient un tout autre usage. Cette racine a une odeur aromatique & un goût piquant, semblable à celui de l’ancien contrayerva. (D. J.)

PSORE, (Médecine.) maladie de la peau, appellée par les Latins scabies, & par les François gale. Voyez Gale.

Cette maladie est décrite par Celse, comme une dureté rougeâtre & une rougeur de peau, qui vient avec l’éruption de pustules, dont les unes sont séches, & les autres humides, remplies de matieres séreuses, qui occasionnent une démangeaison continuelle : les éruptions sont plus fréquentes aux jointures des membres, & entre les doigts, qu’ailleurs : quelquefois la gale se répand par tout le corps ; quelquefois elle passe promptement, & revient en certain tems de l’année dans les enfans ; quelquefois elle prévient & empêche les autres maladies qu’ils pourroient avoir : elle dégénere aussi quelquefois en lepre. Voyez Lepre.

La gale séche est plus difficile à guérir que l’humide, qui vient du desordre des humeurs ou des visceres. Willis dit que cette maladie vient d’une âcreté & d’une humeur salée, qui occasionne la démangeaison. Il y a des médecins qui croient que cette maladie est occasionnée par un nombre de petits animaux qui mangent la peau, & que c’est ce qui fait qu’elle est contagieuse. Willis prétend que cette maladie est comme la peste, qu’il conjecture venir de petits animaux.

Pour la guérir, Borelli recommande aux pauvres de se laver avec du savon noir. Le savon doit être mouillé, de peur qu’il n’excorie la peau.

Quand cette maladie est invétérée, il faut avoir recours à la salivation. Voyez Salivation.

PSORICE, s. f. (Botan. anc.) nom donné par les anciens Botanistes grecs à la plante que nous appellons scabieuse. Ils l’ont heureusement & par grand hazard si bien décrite, que nous n’en pouvons guere douter ; outre qu’ils lui ont attribué les mêmes vertus, & l’ont prescrite dans les mêmes maladies que les médecins modernes ordonnent la scabieuse. Pélagonius recommande la psorice parmi quelques autres anti-scorbutiques connus dans un remede contre la gale, & semblables maladies de la peau. Aétius prescrit la même plante sous le nom de psora ; & c’est celle que les Grecs modernes appellent scampiusa. Quoique Fuchsius avoue qu’il n’entend point ce dernier mot ; il paroît néanmoins que c’est un terme barbare formé par les Grecs modernes sur celui de scabiosa, qui étoit le nom latin de la plante. C’étoit un usage assez commun aux Grecs de ces tems-là, de changer le b des Romains en mp, dans les mots qu’ils adoptoient de la langue latine. (D. J.)

PSORIQUES, adj. (Médecine.) ce sont des remedes bons contre la gale & les maladies de la peau, & surtout contre les démangeaisons. Voyez Psora & Gale.

PSOROPHTHALMIE, s. f. terme de Chirurgie ; maladie des paupieres, qui consiste dans l’inflammation de la membrane interne de ces parties vers le bord, accompagnée d’un écoulement de chassie âcre & prurigineuse, avec de petites pustules semblables à celles de la gale. Le mot de psorophthalmie est grec, & signifie proprement gale de l’œil.

Cette maladie vient toujours de l’âcreté de la lymphe ; elle est difficile à guerir, surtout dans les vieillards, & lorsqu’elle est invétérée.

Si les ulceres prurigineux n’occupent que le bord des paupieres, s’il y a peu d’inflammation, & qu’il n’y ait aucun indice de plénitude ni de cacochimie, on peut se contenter des remedes externes ; mais dans ce cas, la maladie des paupieres seroit la suite d’une autre maladie, telle que la petite-verole pour laquelle on auroit administré les remedes généraux. Hors des cas de cette nature, on doit prescrire au malade un régime doux & rafraîchissant pour tempérer la chaleur & l’acrimonie du sang : le saigner s’il y a phléthore ; faire usage des purgations suivant le besoin ; & avoir recours au cautere ou au seton, quand la maladie est violente ou habituelle. Les bains domestiques sont aussi très-indiqués, & généralement tous les remedes propres à humecter le sang, à fondre & à évacuer les humeurs, & à les détourner des paupieres.

Dans le soupçon ou la certitude de l’existence de quelques vices, comme le vénérien, le scrophuleux, le scorbutique, il seroit à-propos d’user des remedes les plus propres à détruire le principe virulent.

A l’égard des remedes topiques, on doit se servir d’abord des remedes qui humectent & adoucissent ; tels que la décoction de racines de guimauve, de fleurs de camomille, de mélilot ; il faut prendre garde de trop relâcher, de crainte que les vaisseaux ne deviennent variqueux, & que la membrane ne se boursouffle de plus en plus par la perte de son ressort. Quinze grains de sel de saturne dans un demi-septier de décoction susdite, forme une lotion adoucissante & dessicative. Quand les paupieres ne sont plus si dures ni si enflammées, on passe à des collyres détersifs & dessicatifs, tels que le donnent les eaux distillées de fenouil & de plantain, dans six onces desquelles on fait dissoudre un gros de sucre candit, & douze grains de vitriol blanc. L’onguent de tuthie est fort convenable dans ce cas. Les livres sont pleins de formules très-recommandées : ceux qui ont une vraie idée de la nature du mal & de son état, ne manquent point de remedes pour remplir les différentes indications qu’il peut présenter. (Y)

PSUCHROTROPHRON, s. m. (Botaniq. anc.) nom donné par les anciens à une plante qu’ils ont souvent recommandée, & qui étoit appellée par les Grecs cestrum. Le nom de psuchrotrophron vient de ce qu’elle croît dans les lieux humides ; car en grec ψυχρὸς veut dire humide, & τρέφειν, nourrir ; mais nous n’en sommes pas plus avancés ; car nous ignorons quelle plante étoit le cestrum des Grecs. Dioscoride lui-même n’a pas peu contribué à augmenter notre incertitude, en rapportant les divers noms que, selon lui, les Romains de son tems donnoient au cestrum, puisque les noms latins betonica, serratula & ros marinus, qu’il cite comme synonymes, désignent chez les modernes tout autant de plantes différentes. (D. J.)

PSYCHAGOGES, s. m. (Hist. anc.) c’étoient chez les Grecs des prêtres consacrés au culte des manes, ou plutôt des magiciens qui faisoient profession d’évoquer les ombres des morts, & qui tiroient leur nom de ψυχὴ, ame. Leur institution ne laissoit pourtant pas que d’avoir quelque chose d’imposant ou de respectable. Ils devoient être irréprochables dans leurs mœurs, n’avoir jamais eu de commerce avec les femmes, ni mangé des choses qui eussent eu vie, & ne s’être point souillés par l’attouchement d’aucun corps mort. Ils habitoient dans des lieux souterrains, où ils exerçoient leur art, nommé psychomancie ou divination, par les ames des morts. La Pythonisse d’Endor, qui fit paroître à Saül l’ombre de Samuel,