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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/563

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& cette jouissance dure nonobstant que l’enfant décede avant son pere.

Le statut de la puissance paternelle, en tant qu’il met le fils de famille dans une incapacité d’agir, de contracter & de tester, est un statut personnel dont l’effet se regle par la loi du lieu où le pere avoit son domicile au tems de la naissance du fils de famille, & ce statut étend son empire sur la personne du fils de famille, en quelque lieu que le pere ou le fils aillent dans la suite demeurer.

Mais ce même statut, en tant qu’il donne au pere la jouissance des biens du fils de famille, est un statut réel, qui n’a conséquemment de pouvoir que sur les biens de son territoire. Voyez aux instit. le tit. de patria potestate ; Bretonnier en ses quest. Bodin dans sa république, livre I. chap. iv. Argou, Ferrieres, Boulenois, dissertations, xx. question, & les mots Fils de famille, Pere, Pécule, Senatus-consulte macédonien

Puissance royale, est l’autorité souveraine du roi. Dans le préambule des ordonnances, édits, déclarations & lettres-patentes, le roi met ordinairement ces mots, de notre certaine science, pleine puissance & autorité royale, nous avons dit, déclaré & ordonné, &c. Voyez ci-devant les mots Autorité, Gouvernement, Monarchie, Prince, & ci-après Roi, Souverain. (A)

Puissance sacrée, (Hist. de Rome.) nom qu’on donnoit à Rome au pouvoir des tribuns du peuple, parce que ces magistrats étoient sacrés ; en sorte que si quelqu’un les offensoit de parole ou d’action, il étoit regardé comme un impie, un sacrilege, & ses biens étoient confisqués. On sait d’ailleurs que les tribuns du peuple en vertu de la puissance sacrée dont ils étoient revêtus, s’opposoient non seulement à tout ce qui leur déplaisoit, comme aux assemblées par tribus, & à la levée des soldats ; mais ils pouvoient encore assembler, quand ils le vouloient, le sénat & le peuple, & semblablement en rompre les assemblées : en un mot, leur puissance sacrée étoit un pouvoir immense. (D. J.)

Puissances, (Théolog.) terme usité dans les Peres, dans les Théologiens, & dans la liturgie de l’église romaine, pour exprimer les anges du second ordre, de la seconde hiérarchie. Voyez Ange & Hiérarchie.

On croit qu’ils sont ainsi nommés à cause du pouvoir qu’ils ont sur les anges inférieurs ; qu’ils restraignent la puissance des démons, & qu’ils veillent à la conservation du monde.

Puissances hautes, (Hist. mod.) titre qui commença à être donné aux états des Provinces-unies des Pays-bas vers l’an 1644, pendant les conférences de la paix de Munster. Depuis que leur souveraineté a été établie & reconnue par l’Espagne, par le traité conclu en cette ville en 1648, les rois d’Angleterre & du Nord ont donné aux états-généraux le titre de hautes-puissances ; les électeurs & princes de l’empire les ont qualifiés de même, mais l’empereur & le roi d’Espagne se sont abstenus de leur accorder ce titre, excepté depuis que la branche d’Autriche étant éteinte en Espagne, celle qui subsistoit en Allemagne n’a pas cru devoir ménager les honneurs à une république dont l’alliance lui étoit nécessaire. Les rois de France, en traitant avec les Hollandois, les ont autrefois qualifiés de leurs états-généraux, & leur donnent maintenant le titre de seigneurs états-généraux ; mais l’Espagne qui ne les traite d’ailleurs que de seigneuries, leur a toujours constamment refusé le titre de hautes-puissances, apparemment pour ne pas paroître abandonner les anciens droits qu’elle prétend avoir sur eux.

PUITS, s. m. (Architect. hydraul.) trou profond, fouillé au-dessous de la surface de l’eau, & revêtu

de maçonnerie. Ce trou est ordinairement circulaire ; mais quand il sert à deux propriétaires dans un mur mitoyen, il est ovale, avec une languette de pierre dure, qui en fait la séparation, jusqu’à quelques piés au-dessous de la hauteur de son appui. On le construit de pierre, ou de moilon piqué en-dedans, & en-dehors de moilon émillé, & maçonné de mortier de chaux & de sable : voici comment cette construction se fait. Lorsqu’en creusant on est parvenu à l’eau, & qu’on en a cinq à six piés, on place dans le fond un rouet de bois de chêne de quatre piés de diametre, dans œuvre, & de quatre à douze pouces de grosseur. Sur ce rouet on pose cinq ou six assises de pierre de taille, maçonnées avec mortier de ciment, & bien cramponnées, par des crampons de fer coulés en plomb. On éleve le reste de la hauteur du puits. avec de la maçonnerie de briques ou de moilons, jusqu’à trois pouces au-dessous du rez-de-chaussée ; enfin trois assises de pierre de taille, faisant ensemble deux piés & demi, maçonnées en mortier de ciment, & cramponnées comme celles du fond, achevent le puits qu’on équipe ensuite de tout ce qui est nécessaire pour en tirer de l’eau.

Le puits dans une maison, doit être éloigné des retraites, des étables, des fumiers, & des autres lieux qui peuvent communiquer à l’eau un goût désagréable. Sa meilleure situation est dans la cour du maître du logis. Il doit être là à découvert, quelque inconvénient qu’il y ait qu’il y soit de cette façon parce que l’eau en est meilleure, les vapeurs qui montent s’évaporant plus facilement, & l’air qui y circule librement la purifiant mieux.

Puits commun, c’est un puits plus large qu’un puits particulier, & qui est situé dans une rue, ou dans une place, pour l’usage du public.

Puits de carriere, ouverture ronde de douze à quinze piés de diametre, creusée à plomb, par où l’on tire les pierres d’une carriere avec une roue, & dans laquelle on descend par un escalier ou rancher.

Puits décoré, puits dont le profil de l’appui est en forme de balustre ou de cuve, & qui a deux ou trois colonnes, termes ou consoles, pour porter la traverse où la poulie est attachée. Il y a un puits de cette façon du dessein de Michel Ange, dans la cour de saint Pierre, in vincoli, aux liens, à Rome.

Puits forés, c’est un puits où l’eau monte d’elle-même jusque à une certaine hauteur, de sorte qu’on n’a la peine que de puiser l’eau dans un bassin où elle se rend, sans qu’on soit obligé de la tirer ; cela est fort commode, mais on ne peut pas malheureusement faire de ces puits quand on veut. On en va juger par leur construction. On creuse d’abord un bassin dont le fond doit être plus bas que le niveau, auquel l’eau peut monter d’elle-même afin qu’elle s’y épanche. On perce ensuite avec des tarrieres un trou de trois pouces de diametre, dans lequel on met un pilot garni de fer par les deux bouts. On enfonce ce pilot avec le mouton autant qu’il est possible, & on le perce avec une tarriere de trois pouces de diametre, & environ un pié de gouge ; c’est par ce canal que doit venir l’eau, si l’on a enfoncé le pilot dans un bon endroit ; on la conduit de-là dans le bassin avec un tuyau de plomb.

On fait ainsi des puits forés en Flandre, en Allemagne, & en Italie ; M. Bélidor, dans sa science des Ingénieurs, dit en avoir vû un au monastere de Saint-André, à une demi-lieue d’Aire en Artois, où l’eau est si abondante qu’elle donne plus de cent tonneaux par heure. Cette eau s’éleve à dix ou douze piés au-dessus du rez-de-chaussée, & retombe dans un grand bassin par plusieurs fontaines qui font un bel effet.

En plusieurs endroits du territoire de Bologne en