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lier fortement cette maniere de tuyau au pilon, au moyen de plusieurs tours de ficelle bien serrés, & lier la peau par sa circonférence à la bouche du mortier au moyen de plusieurs tours de ficelles ; or comme cette peau est supposée assez grande pour qu’elle se tienne d’une maniere très-lâche entre le pilon & les bords du mortier, cet appareil n’empêche point le jeu du pilon, ni par conséquent la pulvérisation. Cette manœuvre est plus sûre que l’emploi de quelques gouttes d’huile, de vinaigre, d’eau distilée, &c. qui est recomandé dans la plûpart des livres de pharmacie, pour la pulvérisation de l’euphorbe, des cantharides, de la coloquinte, &c.

8°. Enfin, on doit choisir pour chaque pulvérisation des instrumens d’une matiere convenable ; le mortier de fer pour les matieres très-difficiles à pulvériser, celui du marbre pour les matieres moins dures ; & toujours une matiere telle que la substance qu’on y traite ne puisse agir sur elle chimiquement ; loi qui s’étend à tous les instrumens à tous les vaisseaux chimiques. Voyez Instrument & Vaisseau (Chimie) ; mais il est spécial à l’opération dont il s’agit d’éviter aussi, autant qu’il est possible, que les sujets auxquels on la fait subir, n’attaquent point méchaniquement les instrumens qu’on y emploie, comme on l’a observé plus au long à l’article Mortier, instrument de Chimie, & à l’article Porphyre, instrument de Chimie. Voyez ces articles. (b)

PULVINAR, (Littérat.) ou pulvinarium, petit lit dressé dans les temples des Romains, sur lesquels ils mettoient les statues de leurs dieux, en action de grace de quelque grande victoire. De-là vint cette expression latine, ad omnia pulvinaria supplicare, faire des processions générales dans tous les temples, où l’on descendoit les simulacres des dieux qu’on couchoit sur des lits. Enfin le mot pulvinar se prit pour les temples mêmes : ad omnia pulvinaria deorum vota facta, dit Cicéron ; on fit des vœux & des prieres dans tous les temples des dieux.

PUMPER NICKEL, s. m. (Hist. mod.) c’est ainsi que l’on nomme en Westphalie, un pain de seigle très-noir, très-compacte, & dont la croûte est si épaisse & si dûre, qu’il faut une hache pour le couper. On fait du pain de la même espece dans un grand nombre de provinces des Pays-bas ; il ne laisse pas d’avoir du goût, mais il est lourd, & difficile à digérer.

PUNA, s. m. (Hist nat. Botan.) arbre fort élevé des Indes orientales, qui produit un fruit rouge ; il renferme dans une écorce épaisse douze ou quinze grains de la grosseur des glands, & du goût des pignons ; on ne les mange que cuits. Cet arbre est si haut & si droit, que l’on peut en faire des mâts de vaisseaux.

Puna, (Géog. mod.) île de la mer du Sud, dont la pointe la plus occidentale appellée Punta-arena, est à 7 lieues de l’île de Sainte-Claire. Sa longueur de l’est à l’ouest est à-peu-près de 14 lieues, & sa longueur de 4 ou 5. Il n’y a dans cette île qu’un bourg d’indiens, qui porte le nom de Puna, & dont les habitans sont tous matelots. Ce bourg est à 7 lieues de Guaiaquil ; on y mouille par cinq brasses d’eau, fond marécageux ; la mer monte à la hauteur de 14 ou 15 piés. Thomas Candish surprit cette île en 1587, & l’abandonna bientôt après, comme une conquête inutile. Lat. mérid. 3. 5. (D. J.)

PUNAIS, s. m. ou adj. qui a le nez puant. Cette affection dépend ordinairement d’un ulcere fétide dans le nez. Voyez Ozene.

La puanteur du nez dans ce cas ne seroit qu’accidentelle ; mais il y a des gens qui puent naturellement : la lymphe excrémenteuse que fournit la membrane pituiteuse exhale en eux une odeur infecte, qu’on peut corriger par des moyens de propreté ; mais

qu’il seroit peut-être aussi dangereux de faire passer, en se servant de fumigations balsamiques & désicatives, qu’il l’est de chercher à faire passer la puanteur des piés par d’autres moyens que par l’extrème propreté. Quelques grains de cachou parfumés donnent dans la bouche une odeur, laquelle passant dans les narines, corrige celle que la morve a contractée. (Y)

PUNAISE, s. f. (Hist. nat.) cimex, genre d’insecte qui comprend un très-grand nombre d’especes différentes. M. Linnæus fait mention de quarante-trois especes de punaises qui se trouvent en Suede, dans les maisons, dans les jardins, dans les bois, dans les champs, &c. la plûpart sentent très-mauvais, & ont toutes des aîles, excepté la punaise domestique, c’est-à-dire celle qui reste dans les lits. Cet insecte est très incommode à l’homme, non-seulement par sa piquure, mais encore par son odeur infecte. Il a la figure d’une lentille ; il est court, applati, presque rond, ou de forme rhomboïdale, & d’une consistance très-molle ; il a une couleur de canelle noir peu foncée ou rougeâtre ; on voit sur les côtés de la tête deux petits yeux bruns, & un peu saillans. Les antennes sont courtes, & composées chacune de trois articulations. Cet insecte a une trompe avec laquelle il suce le sang des personnes qui sont couchées ; cette trompe est renflée dans son milieu, & située à la partie antérieure de la tête ; elle se recourbe en-dessous, & dans l’état de repos, l’extrémité se trouve placée entre les deux jambes de devant. Le corcelet n’est composé que d’un anneau un peu large, auquel sont attachées les jambes de la premiere paire ; les deux autres paires tiennent au corps qui a neuf anneaux : le premier est comme séparé en deux parties par une petite échancrure formée par une piece triangulaire qui joint le corps au corcelet. Chaque jambe a trois articulations ; le pié est armé d’un crochet pointu ressemblant à un hameçon. Les jambes de la seconde paire sont un peu plus grandes que celles de la premiere, & un peu plus courtes que les dernieres. Le corps est entierement lisse ; à l’aide du microscope on distingue seulement quelques poils courts au-tour de l’anus & sur les bords des derniers anneaux. Suite de la matiere médicale, tome I. du regne animal.

Les punaises fuient la lumiere & cherchent l’obscurité ; elles multiplient prodigieusement ; le grand froid les fait mourir, mais il n’empêche pas la fécondité des œufs qu’elles déposent en grande abondance dans les endroits cachés où elles se retirent. Ces œufs éclosent aux premieres chaleurs du printems ; l’insecte qui en sort est si petit qu’on le distingue à peine à l’œil simple ; il marche & il court dès qu’il est né ; il grossit en très-peu de tems, s’il peut trouver quelque aliment convenable ; son volume augmente sensiblement à mesure qu’il suce le sang d’une personne endormie. Les punaises en sont fort avides ; quelques précautions que vous ayez, elles viennent toujours vous surprendre en dormant ; il vous est presqu’impossible de prévenir l’incommodité de ces insectes si votre chambre à coucher en est infectée. On se croiroit en sûreté en se couchant au milieu de sa chambre sur un lit, ou simplement sur un matelas neuf, autour duquel on répandroit de l’eau pour les empêcher de passer, les punaises surmontent cet obstacle en grimpant au plancher pour se laisser tomber sur vous. On vient cependant à bout de les éloigner, & de les faire fuir pendant quelque tems en se parfumant tout le corps de quelque odeur lorsqu’on se met au lit ; mais bientôt pressées par la faim, elles surmontent la répugnance qu’elles ont pour les odeurs, & elles viennent vous sucer avec d’autant plus d’acharnement qu’il y a plus de tems qu’elles ne l’ont fait. La négligence de balayer souvent sous le lit, & de brosser de tems en tems les rideaux & les tapisseries qui