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de cette grande ville l’an de J. C. 363, il la prit en trois jours & la ruina. (D. J.)

PYRITE, s. f. (Hist. nat. Minéralogie.) pyrites, marcasita ; c’est le nom qu’on donne à une substance minérale essentiellement composée de fer, de soufre, mais dans laquelle il entre quelquefois accidentellement du cuivre & de l’arsenic.

Les pyrites varient pour la figure extérieure & pour l’arrangement de leurs parties. En général on peut les diviser en sphériques & en anguleuses. Les pyrites sphériques sont ou rondes ou ovales ou mamellonnées ; en les cassant on voit qu’elles sont composées de stries ou de parties semblables à des aiguilles, qui vont du centre à la circonférence. Les pyrites anguleuses sont celles qui au lieu d’être arrondies sont d’une figure composée d’angles comme les pierres crystallisées ; ces sortes de pyrites se nomment communément marcassites ; elles ne different point de la pyrite pour la composition intérieure, ce n’est que par la figure anguleuse qui est purement accidentelle. On a dit à l’article marcassite les différentes figures que prend cette espece de pyrite, il seroit inutile de le répéter ici. Voyez Marcassite.

A l’égard de la couleur, la pyrite est d’un jaune d’or, ou d’un jaune clair, ou blanche. La premiere est un composé de fer, de soufre & d’une portion plus ou moins considérable de cuivre ; ce métal s’y trouve quelquefois en si grande abondance, qu’on l’appelle mine jaune de cuivre, & on la traite avec succès pour en tirer ce métal, c’est même la mine de cuivre la plus commune. C’est la couleur jaune de cette espece de pyrite, qui a donné lieu à l’erreur où sont tombé quelques naturalistes, qui ont prétendu que l’on trouvoit du cuivre jaune ou laiton tout formé dans le sein de la terre.

La pyrite d’un jaune pâle ne contient que du fer & du soufre, & très-peu ou point de cuivre. On la nomme quelquefois pyrite martiale.

La pyrite blanche, outre le fer & le soufre qui constitue toute pyrite, contient de l’arsenic en plus ou moins d’abondance, c’est pourquoi on l’appelle pyrite arsenicale, les Allemands la nomment mispikkel.

On donne encore différens noms aux pyrites, d’après leurs différens usages ; il y a des pyrites dont on tire le soufre par le grillage ou par la distillation, c’est pour cela que l’on les nomme quelquefois pyrites sulfureuses. Voyez Soufre.

Il y a des pyrites qui se décomposent à l’air après y avoir été quelques tems exposées, & alors elles donnent du vitriol, c’est pour cela qu’il y en a que l’on désigne sous le nom de pyrites vitrioliques. Voyez Vitriol.

Quelques auteurs, sur-tout les alchimistes qui veulent trouver de l’or & de l’argent par-tout, en ont cherché dans les pyrites, & ils ont donné à quelques-unes le nom de pyrites d’or ou de pyrites auriferes ; mais c’est accidentellement que ces métaux précieux se trouvent joints à la pyrite, & M. Henckel a fait voir la vanité de ces prétentions dans son ouvrage allemand, qui a pour titre Pyritologie, ou histoire naturelle de la pyrite dont j’ai donné la traduction françoise en 1760. Ce savant naturaliste y examine à fond les différentes especes de pyrites, & son ouvrage doit être regardé comme le traité le plus parfait que nous ayons sur la minéralogie en général, d’autant plus qu’il y parle de toutes les substances du règne minéral. En effet la pyrite joue un très-grand rôle dans la nature, elle contribue à ses plus grands phénomènes, tels que sont sur-tout les volcans, les tremblemens de terre, les eaux thermales, les eaux minérales, &c. La pyrite se trouve par-tout & il n’y a point de minéral plus universellement répandu dans la nature ; elle contient du fer & du soufre, & c’est d’elle que l’on tire cette derniere substance si néces-

saire ; elle donne du vitriol, soit avant soit après

avoir éprouvé l’action du feu, d’où l’on voit que rien n’est plus intéressant à connoître que cette substance.

La pyrite, sur-tout celle qui est composée purement de fer & de soufre, est d’une très-grande utilité dans les travaux de la métallurgie ; en effet dans les fonderies où l’on traite les mines de cuivre ou de plomb, on leur joint des pyrites pour faciliter leur premiere fonte & pour produire ce qu’on appelle la matte, c’est-à-dire la matiere réguline qui résulte de la premiere fonte des mines. Voyez Matte. Les pyrites qui contiennent de l’arsenic sont nuisibles dans cette opération.

La pyrite a la propriété de donner des étincelles lorsqu’on la frappe avec de l’acier, c’est pour cela que quelques auteurs l’ont désignée sous le nom de pyrimachus. On s’en servoit anciennement au lieu de pierre à fusil pour en garnir les carabines & les armes à feu.

Les différentes especes de pyrites se trouvent répandues dans un grand nombre de roches ou de pierres ; on les y trouve soit en petites particules déliées dont la pierre est pénétrée, soit en masses diversement crystallisées, soit formant des masses qui n’ont aucune figure déterminée, c’est dans ces différens états qu’on les rencontre jointes à presque toutes les mines métalliques. Souvent la pyrite forme une masse qui remplit entierement la capacité des filons ; quelquefois elle se trouve par masses isolées ou en marons, c’est ce qu’on appelle pyrites en roignons. Tantôt la pyrite pénetre entierement la substance des pierres ou des mines auxquelles elle est jointe, tantôt elle ne s’attache qu’à leur surface, & forme des incrustations plus ou moins épaisses autour d’elles ; on trouve souvent de ces incrustations pyriteuses qui se sont formées sur des crystallisations qu’elles ont recouvertes après que ces crystaux ont pris la forme réguliere qui leur est propre. On rencontre souvent dans le sein de la terre des corps étrangers au regne minéral, tels que du bois, des coquilles & des corps marins, qui sont ou pénétrés ou incrustés de pyrites, ce qui démontre invinciblement la formation postérieure de ces substances minérales.

Les écrivains qui semblent avoir eu peur que les substances du regne minéral manquassent de noms, en ont donné un grand nombre à la pyrite ; outre ceux de pyrites & de marcassita, ils lui ont encore donné ceux de hephæstius lapis ou de hephæstites, pierre de Vulcain ; on l’a aussi appellé urius, lapis ignarius, à cause de la propriété que la pyrite a de donner des étincelles. On l’a nommée par la même raison pyrobolus, pyropus, pyrimachus, lapis luminis, othonna ; d’autres lui ont donné les noms de syderites, syderopyrites, à cause du fer qu’elle contient. On a appellé chalcopyrites la pyrite cuivreuse ; on a appellé pierre atramentaire, lapis atramentarius, la pyrite qui se vitriolise, &c. Voyez la Pyritologie de Henckel, chap. II. (—)

PYRMONT, (Géog. mod.) comté, montagne & bourg d’Allemagne dans la Westphalie ; le bourg est à deux lieues de Hamelen, ville du duché de Brunswig ; le comté est fort petit & appartient aux comtes de Waldec ; il est bien connu cependant par ses eaux minérales. long. 278. latit. 52. 13. (D. J.)

Pyrmont, imitation des eaux de (Chimie.) On peut imiter très-heureusement par art les eaux minérales de Pyrmont. En voici la maniere. Prenez deux pintes d’eau de fontaine pure & légere ; ajoutez-y trente gouttes d’une forte solution de fer faite dans de l’esprit de sel, une drachme d’huile de tartre par défaillance, & trente gouttes d’esprit de vitriol plus ou moins, autant qu’il sera besoin pour que l’akali de l’huile de tartre ne domine que foiblement. Se-