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d’un verd jaune ; il vit autour des eaux, & se nourrit de poisson. Voyez Marggrave, histoire Brasil. (D. J.)

QUADES, (Géog. anc.) ancien peuple de la Germanie, qui étoit venu avec les Marcomans s’établir sur le Marus. Le pays des Quades, dont les Marovinghi de Ptolomée faisoient partie, est appellé aujourd’hui en allemand Mahrenland, & Marowia en esclavon. Il est visible qu’il a pris ce nom de celui de Marus, ou Mahrer.

Le royaume des Quades avoit été partagé en deux, les Quades occidentaux ou proprement dits, & les Quades orientaux ou Sueves du regnum Vannianum, ainsi que Pline les nomme, quoique de son tems il ne fût plus question de Vannius leur roi. Domitien marcha contre les Quades & les Marcomans, à qui il fit la guerre ; il fut mis en fuite, & conclut une paix honteuse avec ces peuples.

Cette nation entra dans la grande ligue que les Barbares firent contre l’empire romain sous Marc-Aurele, l’an 166. Il y a apparence que les Quades avoient passé le Danube, & fait des progrès dans la Pannonie, puisque cet empereur les en chassa quatre ans après, & les força eux & les Marcomans à repasser le fleuve avec perte. Les Quades s’étendoient alors jusqu’au Grau. Il ne se contenta pas de les avoir chassés au-delà des bords du Danube ; il mit encore vingt mille hommes chez les Marcomans, & chez eux, ces troupes, toujours en mouvemens, empêchoient ces peuples de labourer, de mener leurs troupeaux aux champs, faisoient des prisonniers, ôtoient toute sorte de liberté & de commerce.

Les Quades s’en trouverent si fort incommodés, qu’ils résolurent de quitter leur pays, & de se retirer dans les terres des Semnons. Marc-Aurele, qui ne vouloit que les harceler, leur coupa le chemin. Il se soucioit peu de leur pays, & son dessein n’étoit pas qu’ils le quittassent. Ils lui envoyerent des députés. Ils lui ramenerent tous les transfuges avec treize mille prisonniers, & promirent de rendre tous les autres qu’ils pouvoient encore avoir. Ils obtinrent la paix, mais non pas le pouvoir de trafiquer sur les terres de l’empire, ni d’habiter à deux lieues près du Danube.

Ce traité ne dura guere. Les Quades au lieu d’exécuter leurs promesses, assisterent les Jazyges, & les Marcomans qui étoient encore en armes. Ils chasserent leur roi Furtius, & mirent en sa place un certain Ariogese. Marc-Aurele, qui prétendoit que c’étoit à lui à donner des rois aux Quades, fut indigné de leur choix, & proscrivit leur nouveau roi, loin de confirmer la paix avec eux, quoiqu’ils offrissent de lui rendre encore 50 mille prisonniers. Ariogese fut pris, & Marc-Aurele le rélega à Alexandrie. Les Quades firent la paix avec son fils Commode.

L’histoire de ce peuple est fort obscure depuis cette époque jusqu’au regne de Caracalla, qui se vantoit d’avoir tué Gaiobamar, roi des Quades. Sous l’empire de Valerien, Probus, qu’il avoit fait tribun, passa le Danube contre les Sarmates & les Quades, & tira des mains de ceux-ci Valerius Flaccus, jeune homme de naissance, & parent de Valerien. Sous Gallien, eux & les Sarmates pillerent la Pannonie, & enfin une médaille de Numérien parle d’un triomphe sur les Quades. (D. J.)

QUADIM, (Géog. mod.) village de la haute-Egypte, sur la rive occidentale du Nil. Paul Lucas fait une magnifique description des antiquités égyptiennes, colomnes, temples, palais, obélisques, sphinx, & autres merveilles qu’il dit y avoir vues ; mais toute la belle relation de ce voyageur n’a encore été confirmée par personne. (D. J.)

Quadra, s. m. (Architect. rom.) ce mot latin

signifie tantôt le filet, tantôt le petit quarré d’une moulure. Il est appellé quadra, parce que c’est un membre quarré qui sert comme de plinthe à la base du piédestal.

Quadra, (Littérat.) ce terme désignoit chez les Romains, 1°. une assiette de bois, dans laquelle le petit-peuple alloit recevoir son pain aux distributions publiques ; & cette assiette étoit la marque (tessera), à laquelle on reconnoissoit ceux qui devoient avoir part à cette distribution. 2°. Quadra étoit encore ce que les Romains appelloient en deux mots, quadratum panem ; & les Grecs βλωμήλιον, un pain, ἔχοντα ἐντομὰς, habentem incisuras, comme parle Athénée, c’est-à-dire un pain partagé en petits pains marqués par des lignes qu’on tiroit dessus en quarré. (D. J.)

QUADRAGENAIRE, adj. (Gramm.) nombre composé de quarante unités. Le nombre quadragenaire est mystérieux selon S. Augustin. On dit une femme, un homme quadragenaire, ou qui a quarante ans.

QUADRAGÉSIMAL, Jeûne, (Théolog.) c’est-à-dire jeûne du carême, ainsi nommé parce qu’il dure quarante jours, du latin quadragesimus, quarantieme. Voyez Carême.

QUADRAGÉSIMALES, Offrandes, (Théol.) quadragesimalia ; nom qu’on donnoit en Angleterre à des dons ou offrandes qu’on faisoit vers le tems de la mi-carême. Voyez Carême.

C’étoit autrefois l’usage dans ce royaume que le quatrieme dimanche de carême, le peuple allât en procession à la cathédrale, & fit des offrandes au maître-autel. On faisoit la même chose dans la semaine de la Pentecôte ; mais comme ces dernieres oblations furent converties en une contribution de deniers appellés pentecostaux, les oblations de la mi-carême le furent aussi en quadragésimales, ou en deniers quadragésimaux. On les appelloit encore lætare Jerusalem des premiers mots de l’introïte de la messe qu’on chante ce dimanche là. Voyez Pentecostales.

QUADRAGÉSIME, Dimanche de la (Hist. ecclésiast.) c’est le premier dimanche de carême, ainsi nommé parce qu’il est environ le quarantieme jour avant Pâques. Par la même raison on nomme les dimanches qui le précedent, quinquagésime, sexagésime, septuagésime. Voyez Quinquagésime, &c.

QUADRAN, s. m. (Bijout.) les Lapidaires appellent ainsi un instrument dont ils se servent pour tenir les pierres fines sur la roue lorsqu’ils les taillent. Ce nom lui a été donné parce qu’il est composé de plusieurs pieces qui quadrent ensemble, & se meuvent avec des vis, qui faisant tourner le bâton, forment régulierement les différentes figures qu’on veut donner à la pierre.

Quadran-solaire, (Gnomon. antiq.) solarium. Voyez Cadran-solaire.

Je ne veux que nommer ici les divers cadrans solaires de l’antiquité, parce que la connoissance de leurs noms bisarres est nécessaire aux modernes pour entendre les écrits des anciens.

L’hémicycle faisoit le plus célebre de leurs cadrans solaires. Il étoit creusé dans un quarré, & coupé en inclinaison comme l’équinoctial. On en donnoit l’invention à Bérose chaldéen. Il est vraissemblable que ce cadran de Bérose étoit un plinthe coupé en hémicycle, ou demi-cercle concave, au bout d’en haut qui regarde le septentrion. Il y avoit un style sortant du milieu de l’hémicycle, dont la pointe répondant au centre de l’hémicycle, représentoit le centre de la terre ; & son ombre tombant sur la concavité de l’hémicyle, qui représentoit l’espace qu’il y a d’un tropique à l’autre, marquoit non-seulement les déclinaisons du soleil, c’est-à-dire les jours des mois, mais aussi les heures de chaque jour. Cela se pouvoit faire