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laissement, sauf à lui à se pourvoir pour la liquidation. Voyez le traité de la vente des immeubles par decret de M. de Héricourt, chap. xij. n. 6. & les mots Adjudication, Criées, Decret, Saisie réelle.

RABATTRE, v. act. (Gramm.) c’est abattre pour la seconde fois. Il a fallu rabattre plusieurs fois ce pan de muraille.

Il signifie aussi retrancher, diminuer, déduire. On rabattroit beaucoup de l’estime qu’on porte à certains personnages, si on connoissoit leur conduite particuliere & secrette. Je vous rabattrai de vos gages. On n’en veut rien rabattre, c’est un prix fait. Il m’a donné un à-compte, en rabattant sur ce qu’il me doit. Le vent rabat la fumée dans mon appartement. J’ai rabattu les coups. Dans ces dernieres acceptions, rabattre, c’est déterminer en-bas. Se rabattre se dit encore de la derniere course qu’on fait, & de l’endroit où l’on l’arrête. La perdrix s’est rabattue dans ce taillis. Après avoir fait mes visites, je me rabattrai chez moi. Poussé dans ce retranchement, il s’est rabattu sur cette question, &c.

Rabattre, (Jurisprud.) en terme de palais signifie lever, supprimer : ce terme n’est usité qu’en parlant d’un défaut ou sentence par défaut prise à l’audience, lorsque le défaillant ou son défenseur se présente avant que l’audience soit levée, il peut demander à celui qui préside de rabattre le défaut, & ordinairement on prononce en ces termes le défaut rabattu : mais s’il y avoit de l’affectation de la part du défaillant, & qu’il laissât toujours prendre un défaut, & vînt ensuite à la fin de l’audience seulement pour faire rabattre le défaut, & par ce moyen éluder de plaider contradictoirement ; il dépend de la prudence du juge, dans ce cas, de ne point rabattre le défaut, & en ce cas on ordonne que le défaut tiendra, ou, s’il est encore tems, les parties plaideront.

Quand le défaut n’est pas rabattu, il n’y a plus que la voie d’opposition ; si le défaut n’est pas fatal, ou s’il est fatal, la voie d’appel.

Il est parlé du rabattement des défauts dans quelques anciennes ordonnances, telles que celle de Louis XII. en 1498, & celle de François I. en 1539. Voyez le glossaire de Lauriere aux mots Rabat, Rabattre, Défaut, Opposition, Appel, &c.

Rabattre, (Comm.) ôter, diminuer, déduire, retrancher du prix d’une marchandise. Je vous rabattrai quatre pour cent, si vous payez comptant. Dict. du commerce.

Rabattre, en terme de Boutonnier, c’est l’action de couper en biseau avec une langue de serpent la sertissure d’un bouton ; opération par laquelle on enterre, pour ainsi dire, la calotte dans le moule, pour qu’elle y tienne plus solidement, ce qui se fait sur le tour. Voyez Tour.

Rabattre, v. n. (Coutellerie.) c’est une des façons qu’on donne sur l’enclume à la forge & au marteau à une piece de coutellerie, qui doit être tranchante. Voyez l’article Rasoir.

Rabattre, v. act. terme de Laboureur, c’est rouler, adoucir & applanir la terre lorsqu’elle est mouillée & que les avoines sont levées. (D. J.)

Rabattre, en terme de Manege, se dit d’un cheval qui manie à courbette ; & on dit qu’il les rabat bien, lorsqu’il porte à terre les deux jambes de derriere à la fois, lorsque ses deux jambes touchent terre ensemble, & que le cheval suit tous les tems avec la même justesse. Un cheval qui harpe des deux jarrets & qui a les jambes basses en maniant, rabat bien ses courbettes & avec beaucoup de grace.

Rabattre, en terme d’Orfévre, c’est abaisser & rendre insensibles les côtes trop vives & trop marquées que le traçoir ou le perloir ont faites sur un champ, ce qui se fait avec un planoir. Voyez Planoir.

Rabattre, terme de Serrurerie, il est commun à tous les Forgerons ; c’est la même chose que réparer, ce qui se fait après que les Forgerons ont fini de forger une piece ; alors ils effacent à petits coups toutes les inégalités que les grands coups de marteau ont pu laisser.

Rabattre, terme de Tailleur & de Couturiere, c’est prendre un morceau de l’étoffe, la remplir & la coudre. On dit aussi rabattre une couture lorsqu’on l’affaisse en la pressant, soit du dé, soit du fer à repasser ; c’est dans le même sens qu’on rabat un pli.

Rabattre, terme de Tannerie, qui signifie jetter les cuirs dans un vieux plain, après les avoir tirés de l’eau. Voyez Tanner.

Rabattre, (Teinture.) ce mot se dit pour corriger une couleur trop vive. Par les statuts des Teinturiers, il est porté, article xxij. que les verds-bruns seront allumés & gaudés avec gaude ou sarrette, puis rabattus avec le verdet & le bois d’Inde, & couperose. Les feuilles mortes ne sont rabattues qu’avec la seule couperose ; c’est l’article xxiij. qui étoit aussi inutile que le précédent. Tous les reglemens de M. Colbert sur les Teinturiers ne font pas un grand honneur à ses lumieres.

Rabattre, terme de Tireur d’or, c’est, par le moyen d’un rouet, faire passer sur la rochette le trait qui est autour de la bobine ; rabattre du trait ; trait rabattu. Diction. du comm. (D. J.)

Rabattre, se dit, en terme de Chasse, lorsqu’un limier ou un chien-courant tombe sur les voies d’une bête qui va de tems qu’il s’en rabat, & rencontre & en donne la connoissance à celui qui le mene.

Rabattre, c’est, à la longue Paume, renvoyer de bas, en rasant la terre de plus près possible, à sa partie adverse, la balle qu’il doit servir.

Rabattre, au jeu de quille, c’est jouer un second coup sur les quilles de l’endroit où la boule a été après le premier jet ; ceux qui font choux-blanc, ne rabattent point. Voyez l’article Rabat.

RABBANI, (Hist. des Arabes.) le mot de rabbani ou de rabbana signifie en arabe, aussi-bien qu’en hébreu, notre maître, notre docteur. Les Mahométans appellent aussi rabbanian ou rabbaniou, au pluriel, ceux de leurs docteurs qu’ils estiment les plus savans & les plus dévots.

RABBANITE, s. m. (Hist. des Juifs.) on appelle rabbanites les Juifs qui suivent la doctrine de leurs ancêtres, appellés rabbanim ; & ce sont proprement ceux qui ont adopté les traditions des pharisiens qui sont ainsi nommés. On les distingue par-là de la secte des Caraïtes qui s’attachent principalement à l’Ecriture. (D. J.)

RABBI ou RABBIN, s. m. (Hist. des Juifs.) nom des docteurs juifs que les Hébreux appellent rab, rabbi & rabboni, qui dans leur langue signifie maître ou docteur. Quoique tous ces mots aient la même signification, on s’en sert néanmoins différemment. Quand on parle en général & sans appliquer ce terme à aucun nom propre, on dit un rabbin, les rabbins : par exemple, les rabbins ont débité beaucoup de rêveries. Mais quand on dénote particulierement un docteur juif, on dit rabbi, comme rabbi Salomon Jarchi, rabbi Manassès ont pensé telle & telle chose ; mais en les nommant plusieurs ensemble, on dit, les rabbins Juda Ching & Juda Ben Chabin sont les auteurs de deux anciennes grammaires hébraïques.

Quelques-uns ont remarqué que rab étoit un titre d’honneur pour ceux qui avoient été reçus docteurs dans la Chaldée ; que rabbi étoit propre aux israélites de la Terre-sainte, & que rabboni ne s’attribuoit qu’aux sages qui étoient de la maison de David. Selden dit que rabbi étoit le titre de celui qu’on avoit ordonné juge ou sénateur de sanhedrin, dans la Terre-