Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’inventer de nouveaux divertissemens, & de ne payer jamais ses dettes ».

Il faut à présent nommer quelques hommes de lettres nés à Pontoise. Chevillier (André), bibliothécaire de Sorbonne, est du nombre : il étoit savant & charitable. Il mourut en Sorbonne en 1700, à soixante-quatre ans. On a de lui une Dissertation latine sur le concile de Chalcédoine, l’origine de l’Imprimerie de Paris in-4°. & quelques autres ouvrages peu importans.

Deslyons (Jean), docteur de Sorbonne comme Chevillier, fut doyen & théologal de Senlis, où il mourut le 26 Mars 1700, à quatre-vingt-cinq ans. Il est auteur de quelques ouvrages singuliers, & entre autres d’un intitulé, le paganisme du Roi-boit. Il mit au jour d’autres ouvrages polémiques, qui péchent plus par des idées bisarres que par l’érudition. Enfin il alla jusqu’à se persuader que le monde alloit bientôt finir ; on lui auroit passé de croire que le monde alloit de mal en pis.

Duvol (André), autre docteur de Sorbonne, mais qui en abandonna les principes, en soutenant les opinions des Ultramontains par la théologie qu’il publia, & par son traité intitulé, de suprema romani pontificis in Ecclesiam potestate. Il mourut doyen de la faculté de Théologie de Paris en 1638, à soixante-quatorze ans.

Flamel (Nicolas), n’étoit point docteur de Sorbonne, mais si habile à acquérir du bien, qu’il est resté pour constant parmi quelques alchimistes, qu’il avoit trouvé la pierre philosophale, comme il le feignit lui-même, quand il craignit d’être recherché avec Jean de Montaigu, qui eut la tête tranchée en 1409. Ils s’enrichirent vraissemblablement l’un & l’autre dans les finances, & dans l’art de profiter des confiscations des Juifs. Pour racheter ses péchés il fit diverses fondations, comme à sainte Génevieve des Ardens, à saint Jacques de la Boucherie où l’on voit sa statue de demi-relief, & au cimetiere des Innocens, où l’on dit qu’il fut enterré avec sa femme nommée Perronelle.

Vaillant (Sébastien), très-habile botaniste, naquit près de Pontoise le 26 Mai 1660, & mourut le 26 Mai 1722. C’est M. Boerhaave qui a achété de ses heritiers le Botanicum parisiense de Vaillant, & qui l’a fait imprimer à Leyde en 1727. in-fol.

Villon (François), ainsi qu’il se nomme lui-même dans ses poésies, & non pas Corbueil, comme l’ont écrit vingt auteurs depuis Fauchet, naquit selon plusieurs auteurs en 1431, à Auvers, près de Pontoise, & selon d’autres plus probablement, à Paris.

Quoi qu’il en soit, Villon avoit beaucoup d’esprit & un génie propre à la poésie ; mais se livrant sans mesure à son tempérament voluptueux, il se jetta impétueusement dans la débauche, & par une suite presque inévitable de la débauche, dans la friponnerie. Il en fit de si grandes qu’il fut condamné à être pendu par sentence du châtelet ; mais le parlement de Paris commua la peine de mort en celle de simple bannissement. Il est vraissemblable que son crime étoit quelque vol d’église, de sacristie, pour avoir dérobé les ferremens de la messe, & les avoir mussez soubs le manche de la paroece, ainsi que s’exprime plaisamment le satyrique Rabelais. Villon mourut vers la fin du quinzieme siecle ou le commencement du seizieme, soit à Paris, soit à Saint-Maixent en Poitou.

On a donné plusieurs éditions de ses Œuvres ; la premiere est à Paris, chez Antoine Verard, sans date & en caractere gothique ; la seconde est à Paris chez Guillaume Nyverd, sans date également, & pareillement en caractere gothique ; ensuite chez Gaillot du Pré en 1532 & 1533, in-16. Enfin les deux meilleures éditions sont celles de Paris en 1723, chez

Coustelier, in-8°. & à la Haye plus complettement, en 1742, in-8°.

Les ouvrages de Villon consistent dans ses deux testamens, ses requêtes, des rondeaux, des ballades, &c. Le style simple, léger, naïf & badin en fait le caractere. Despréaux dit en parlant de ce poëte :

Villon sut le premier, dans ces siecles grossiers, Débrouiller l’art confus de nos vieux romanciers.

(Le Chevalier de Jaucourt.)

PONTONS. C’est ainsi qu’on nomme dans l’Artillerie des bateaux qui joints ensemble à côté l’un de l’autre à une certaine distance, & couverts de planches, servent à former les ponts sur lesquels on fait passer des troupes & le canon, sur les fossés, canaux, fleuves ou rivieres. Voyez Ponts de bateaux, & Passage des rivieres.

Il y a des pontons de différentes sortes ; il y en a qui sont de bois, fort légers, pour pouvoir être portés en campagne ; d’autres de bateaux d’osier poissé, & couverts de toile cirée ; d’autres de bateaux de corde, de fer blanc, & enfin de cuivre, qui sont les plus en usage à présent : ils se portent sur des haquets faits exprès.

Les Hollandois s’en sont servi de fer blanc ; on leur en prit de cette espece à la bataille de Fleurus.

Il y a encore des pontons de cuir bouilli. Ceux qui n’approuvent pas ces derniers pontons, dit M. le chevalier de Folard, prétendent que les vers s’y mettent aisément, que les souris s’en accommodent, & qu’ils se gersent par l’ardeur du soleil ou par la sécheresse ; mais on répond à cela, ajoute-t-il, qu’il seroit aisé de remédier à cet inconvénient, par le moyen d’une graisse qui pût les garantir de tous ces défauts. Suivant cet auteur, cette graisse est trouvée ; il en avoit le secret d’un des plus savans officiers généraux de l’Europe. Il est à souhaiter que ce secret, dont le service pourroit tirer de grands avantages, ne soit pas perdu. Voyez dans les mémoires d’artillerie de Saint-Remy, tome II. seconde édition, p. 366 & suivantes, les différentes dimensions des pontons. Ils sont voitur2s à la suite des armées sur des haquets construits pour cet effet. Le poids d’un ponton entierement construit, est d’environ 700 livres.

Ponton est encore un vaisseau dont il est fait mention dans les commentaires de César, & dans Aulugelle ; mais ces auteurs parlent d’un vaisseau quarré servant à passer les rivieres, & propre à recevoir les chevaux & voitures : c’est ce qu’on appelle maintenant bac. Le mot de ponton vient du latin ponto, qui signifie un bac. (Q)

Ponton, s. m. (Marine.) c’est une machine dont on se sert quand on a quelques bras d’eau à passer. C’est proprement un pont composé de deux bateaux qui sont à quelque distance l’un de l’autre, & tous deux couverts de planches, ainsi que l’intervalle qui est entre deux. Ils ont des appuis & des garde-fous ; & la construction en est si solide, que cette sorte de pont peut transporter du canon & de la cavalerie.

Ponton, voyez Bac.

Ponton, c’est un grand bateau plat qui a trois ou quatre piés de bord, qui porte un mât, & qui sert à soutenir les vaisseaux quand on les met sur le côté pour leur donner la carenne ; auquel effet, à défaut d’un pont, ou peut se servir d’un vaisseau. Le ponton est garni de cabestans, de vis, & autres machines, qui servent à coucher & à relever les grands vaisseaux, à nettoyer les ports, en tirer la vase, les pierres, ancres, bris de vaisseaux, & autres choses qui les pourroient combler. Le ponton sert aussi à mâter, la machine à machine n’étant même qu’une espece de ponton.

Les pontons ont ordinairement 60 piés de long,