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contraindre. Réduire un dessein, un tableau ; & c’est le rendre en plus petit, ou en plus grand. Réduire des fractions en entiers, ou des entiers en fractions, voyez l’article Réduire, Arithmétique. Réduire en art, c’est donner les regles, les lier, & les diriger à un but.

Réduire un cheval, (Maréchallerie.) ou le dompter ; c’est l’obliger à quitter son humeur sauvage & ses fantaisies, ou ses vices. On réduit mieux & plus aisément un cheval par la douceur, que par la violence.

RÉDUIT, s. m. (Archit.) c’est un petit lieu retranché d’un grand, pour le proportionner, ou pour quelque autre commodité, comme les petits cabinets à côté des cheminées & des alcoves. Daviler.

Réduit, en terme de Fortification, est une espece de petite demi-lune, construite dans la demi-lune ordinaire. C’est proprement un corps-de-garde retranché, dont les murailles ont des creneaux. L’usage du réduit est de donner une retraite sûre aux soldats lorsqu’ils se trouvent obligés d’abandonner la demi-lune, ou qu’ils ne peuvent plus y soutenir l’assaut. Etant retirés dans le réduit, ils causent beaucoup d’obstacles aux logemens que l’ennemi veut faire dans la demi-lune qu’ils viennent d’abandonner.

Il y a des places, telles que Landau, le neuf-Brissac, &c. dans lesquelles les réduits ont un rempart & un parapet comme la demi-lune.

Réduit est encore, en terme de Fortification, un bastion dont on fortifie la gorge du côté de la place, & qui a le même usage que la citadelle ; ou en général un espace fortifié, tant contre la ville, que contre la campagne. Lorsque les villes sont fort grandes & fort peuplées, le réduit occupe la partie de la ville opposée à la citadelle. Le terrein de la campagne, opposé au réduit, doit être exactement fortifié, parce qu’autrement l’ennemi pourroit attaquer d’abord le réduit, & se rendre maître ensuite de la ville, laquelle n’est point fortifiée contre cet ouvrage. On trouve des réduits à Strasbourg, à Lille, &c. ils ont une espece de garnison particuliere, avec un commandant, des bâtimens nécessaires pour la garnison, & des magasins de guerre & de bouche, &c. Lorsque la ville n’est pas assez grande pour qu’on y construise une citadelle, on se contente d’y faire un réduit, qui a le même usage. C’est ainsi qu’on en a usé à Landau. Voyez Citadelle.

RÉDUPLICATIF, adj. (Gram.) il se dit des noms, des verbes, en général des mots qui marquent la réitération d’une action ; par exemple, redire, recommencer, redoubler.

RÉDUPLICATION, en Logique, est une condition ou restriction exprimée dans une proposition qui indique & assigne la maniere dans laquelle un attribut est énoncé de son sujet. Les mots qui servent à la réduplication, sont, comme, considéré, en tant que, &c. De-là les propositions réduplicatives sont celles dans lesquelles le sujet est répété avec la même circonstance ou condition, par exemple, l’homme, comme homme, est raisonnable. Les rois, en tant que rois, ne dépendent que de Dieu.

Réduplication, s. f. (Art oratoire.) figure de rhétorique, par laquelle un membre de phrase commence par le même mot qui termine le membre précédent ; comme, vivit, & vivit non ad deponendam, sed ad confirmandam audaciam. La réduplication est encore censée avoir lieu quand le même terme est répété par énergie, quoique les deux mêmes mots ne soient pas immédiatement proches l’un de l’autre, comme dans ce beau distique qui sert d’inscription à l’arsenal de Paris.

Ætna hæc Henrico vulcania tela ministrat,
Tela gi ganteos debellatura furores.

Voyez Anadiplose & Répétition.

RÉÉDIFIER, v. a. édifier de-rechef. Voyez Édification & Édifier.

RÉEL, adj. (Gram.) qui est en effet. Il s’oppose en ce sens, à apparent. Pourquoi tromper les hommes par des démonstrations, quand on ne peut, ni veut les servir réellement ? Voyez l’article Réalité.

Réel, droit, (Jurisp.) voyez au mot Droit, l’article Droit réel.

RÉELLEMENT, (Jurisp.) se dit quelquefois de ce qui se fait effectivement, à la différence de certaines opérations qui ne sont que fictives & simulées ; comme quand on offre réellement une somme à deniers découverts, à la différence des offres qui ne sont que labiales.

Quelquefois réellement signifie corporellement, comme prendre réellement possession d’une chose ou d’un héritage.

Saisir réellement un immeuble, c’est en saisir le fonds ; à la différence des saisies mobiliaires qui ne tendent qu’à arrêter les revenus. Voyez Offres réelles, Possession, Saisie réelle. (A)

RE-ENFORESTER, v. act. terme de Jurisp.) c’est réunir aux forêts royales une terre qui en avoit été séparée, après y avoir été unie une premiere fois ; comme le fut la forêt de Dean sous Charles II. Voyez Enforester, Désenforester & Purlieu.

RÉER, terme de Chasse, c’est le cri ou le beuglement d’un cerf, d’un dain & d’un chevreuil quand ils sont en rut. On dit aussi, les chevreuils réent presque toujours quand ils entrent en amour.

RÉES, (Géog. mod.) ville d’Allemagne, au cercle de Westphalie, dans le duché de Cleves, sur la droite du Rhin, entre Wesel & Emmerick. Elle appartient au roi de Prusse, & elle est défendue par un fort, bâti en-deça du Rhin. Les Espagnols la prirent en 1598, & les états des Provinces-unies la leur enleverent en 1614. Long. 24. 5. lat. 51. 43. (D. J.)

RÉFACTION, s. f. terme de Douane & de Commerce, il signifie la remise que les commis des bureaux d’entrée & de sortie sont tenus de faire aux marchands, de l’excédent de poids que certaines marchandises peuvent avoir lorsqu’elles ont été mouillées, au-dessus de celui qu’elles auroient naturellement si elles étoient seches ; telles que sont les laines, les cotons, les chanvres, les lins & autres marchandises de pareille espece. Suivant le réglement de 1723, cette réfaction ne s’accorde que quand le poids des marchandises est augmenté de cinq pour 100, & au-dessus. Diction. de Comm. de Trévoux, & de Chambers.

REFAIRE, v. act. (Gramm.) c’est faire une seconde fois. Refaire un ouvrage, un mur, un discours, une remontrance ; c’est aussi rétablir, comme dans se refaire ; refaire sa santé ; renfler, donner une premiere cuisson, comme dans refaire une volaille sur le gril ; recommencer une partie, comme au piquet à écrire, lorsque les deux joueurs font un même nombre de points ; on dit c’est un refait.

REFAIT, participe. Voyez le verbe Refaire.

Refait, (Maréchal.) un cheval refait, est un mauvais cheval, ou un cheval maigre & usé, qu’un maquignon a raccommodé pour le vendre.

Refait, terme de Chasse, se dit d’un cerf ou de son bois qui se renouvelle ; on dit le cerf a déjà du refait.

REFAUCHER, v. act. (Gram.) faucher pour la seconde ou troisieme fois. Voyez Faucher.

REFE, s. f. (Commerce.) mesure des longueurs, dont on se sert à Madagascar ; c’est environ ce qu’on appelle une brasse en Europe. On mesure à la refe les pagnes, les cordes & autres choses semblables, qui entrent dans le commerce par échange, que font ensemble ces insulaires. Ils se servent aussi de la demirefe, c’est-à-dire de l’ouverture de la main depuis l’extrémité du pouce jusqu’au bout du petit doigt,