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acceptions du même mot, & pour une plus grande intelligence des précédens.

Retour des suites, terme en usage dans l’Analyse sublime ; voici en quoi le retour des suites consiste. On a l’expression d’une quantité, comme x, par une suite composée de constantes & d’une autre quantité y ; il s’agit de tirer de cette premiere suite, une autre suite qui exprime la valeur de y en x & en constantes ; par exemple, on a , &c. Il s’agit de trouver une valeur de y, exprimée par une suite qui ne renferme que x ; la méthode pour resoudre ce probleme est expliquée dans le septieme livre de l’analyse démontrée du P. Reyneau, tom. I. dans l’exemple proposé, on supposera &c. A, B, C, F, &c. étant des coefficiens inconnus, & substituant cette valeur dans l’équation &c. ou &c. , on déterminera en faisant évanouir chaque terme les coefficiens A, B, C, F, &c. Voyez cette méthode expliquée plus au long dans l’ouvrage cité. (O)

Retour, (Jurisprud.) ou droit de retour, ou reversion, est un droit en vertu duquel les immeubles donnés retournent au donateur quand le donataire meurt sans enfans.

Ce droit est conventionnel ou légal.

Le retour conventionnel est celui qui est stipulé par la donation ; il peut avoir lieu au profit de toutes sortes de donateurs, parens ou étrangers, selon ce qui a été stipulé, l’étendue de ce droit dépendant en tout des termes de la convention.

Le retour légal est celui qui est établi par la loi, il a lieu dans les pays de droit & dans les pays coutumiers ; mais il s’y pratique diversement.

Dans les pays de droit écrit, il est fondé sur les lois romaines. Il fut d’abord accordé au pere, pour la dot profectice, suivant la loi 6. ff. de jure dotium, & la loi 4. cod. soluto matrim. &c.

On l’accorda aussi ensuite au pere pour la donation faite à son fils en faveur de mariage, l. II. cod. de bonis quæ liberis.

Enfin il fut accordé à la mere & à tous les ascendans paternels & maternels, par la loi derniere, cod. comm. utriusq. jud.

Il a été accordé aux ascendans donateurs, par deux motifs également justes.

L’un est afin que l’ascendant ne souffre pas en même tems la perte de ses enfans & de ses biens.

L’autre est la crainte de refroidir les libéralités des parens envers leurs enfans.

Le parlement de Toulouse a étendu le droit de retour aux parens collatéraux jusqu’aux freres & sœurs, oncles & tantes, sur le fondement de ces termes de la loi, 2. cod. de bonis quæ lib. ne hac injectâ formidine parentum circa à liberos munificentia retardetur.

Le retour a lieu au profit du donateur, soit que l’enfant doté soit mort pendant le mariage, ou qu’il soit mort étant en viduité ; mais il n’a lieu que quand le donataire meurt sans enfans.

Dans le cas où les enfans du donataire décedent après lui, pendant la vie de l’ayeul, la question se juge diversement dans les différens tribunaux ; on peut voir, à ce sujet, le recueil des questions de Bretonnier.

Dans les pays coutumiers on suit pour le retour légal, la disposition de l’article 313 de la coutume de Paris, qui porte que les pere, mere, ayeul ou ayeule, succedent ès choses par eux données à leurs enfans décédans sans enfans & descendans d’eux.

Il y a néanmoins quelques coutumes qui ont sur cette matiere des dispositions différentes, mais celle de Paris forme le droit commun & le plus général.

Le droit de retour des dots, donations & institutions contractuelles, donne lieu à une infinité de

questions très-épineuses, qu’il seroit trop long d’agiter ici ; on peut voir le traité du droit de retour de M. de la Bouviere, voyez aussi les mots Donation & Dot. (A)

Retour, (Com.) se dit en terme de commerce des marchandises qui sont apportées d’un pays où l’on en avoit envoyé d’autres. Ce marchand d’Anvers avoit envoyé des toiles en Espagne, & pour son retour il a eu des laines.

Retour, se dit aussi des vaisseaux marchands, envoyés pour commercer dans les pays éloignés, qui reviennent chargés des marchandises de ces climats. On attend toujours avec impatience, en Espagne, le retour des galions & de la flotte.

Retour, signifie encore un supplément de prix quand on troque ou qu’on échange les unes contre les autres des marchandises qui ne sont pas d’égale valeur. Je vous donnerai ma pendule pour la vôtre, moyennant six louis de retour. Diction. de Commerce.

Retour de la tranchée, (Fortific.) ce sont les coudes & les obliquités qui forment les lignes de la tranchée, qui sont en quelque façon tirées paralleles aux côtés de la place qu’on attaque, pour en éviter l’enfilade. Ces différens retours mettent un grand intervale entre la tête & la queue de la tranchée, qui en droite ligne ne sont séparées que par une petite distance ; aussi quand la tête est attaquée par quelque sortie de la garnison, les plus hardis des assiégeans, pour abréger le chemin des retours, sortent de la ligne, & vont à découvert repousser la sortie, & couper l’ennemi en le prenant à dos. Dict. milit. (D. J)

Retour d’équerre, (Coupe des pierres.) c’est un angle droit ; on dit retourner d’équerre, pour faire une ligne ou une surface perpendiculaire à une autre ; pour y parvenir, les ouvriers se servent d’une équerre de fer, représentée fig. 23. qu’ils posent ensorte que l’une des branches BC fig. 24. comme appliquée à plat sur la face où il faut faire le retour d’équerre ; & l’autre branche BA soit appliquée de champ sur la face conique & parallelement autant qu’il est possible à l’arrête BM, l’ouvrier trace ensuite avec un ciseau une ligne BD le long du côté BC de l’équerre, cette ligne BD en est le retour.

Présentement pour faire le retour sur l’autre face MNOB, (fig. 24. n°. 2) il prend l’équerre & en applique le côté B de champ près de l’arrête MB de la face MD, & l’autre côté BC à plat sur la face MNO, en sorte que l’arrête extérieure de l’équerre passe par le point B, il tire ensuite la ligne BO, alors le retour d’équerre solide se trouve fait.

Retour de marée, (Marine.) c’est le retour du reflux. On se sert aussi de cette expression pour désigner un endroit de terre qui forme des courans causés par une terre voisine.

Retours les, s. m. pl. (Tissutier-Rubannier.) c’est ici ce qu’il y a de plus difficile à faire comprendre par écrit, puisque même en le voyant sur le métier, à peine y comprend-on ; on va cependant en donner la description la plus claire qu’il sera possible. Avant l’invention des retours, on ne pouvoit faire sur les ouvrages que de très-petits desseins, comme un pois, une petite lézarde, un petit carreau, &c. parce qu’ayant fini le cours de marches, le dessein étoit achevé : si l’on eût pu multiplier ces marches en très-grande quantité, les desseins auroient été plus considérables ; mais l’ouvrier n’auroit pu écarter assez les jambes pour les marcher ; on imagina donc, il y a environ 60 à 80 ans, de pouvoir répeter ce cours de marches pour pouvoir faire un ouvrage dont le dessein fût plus étendu, & c’est à quoi le retour est destiné ; par la suite on en a ajouté plusieurs autres, & ainsi en allant toujours en augmentant, on en met aujourd’hui jusqu’à 22 : ce qui fait