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le même effet que si le métier étoit à 528 marches, en multipliant seulement 24 marches par 22 retours ; c’est ainsi qu’on est venu à bout de faire les beaux ouvrages que nous voyons aujourd’hui. Le retour ainsi entendu, il faut en donner la description ; ce sont des bâtons quarrés applatis, attachés au derriere du métier ; ils sont percés uniformément au tiers de leur longueur, pour pouvoir être enfilés dans une broche de fer qui traverse le chassis des retours ; ce bâton porte à l’extrémité qui est à la main gauche de l’ouvrier, une quille pour le faire lever par son poids, lorsqu’il ne faut pas qu’il travaille ; l’autre extrémité doit être assez longue pour pouvoir venir s’arrêter sous la planchette, lorsque l’ouvrier le tirera pour le faire travailler ; cette extrémité est terminée un peu anguleusement, & tel que l’on voit, Planches de Tissutier-Rubanier : ce qui sert à lui donner plus de facilité pour se loger sous la planchette, lorsqu’il travaillera. N fait voir l’arcade qui est de gros fil d’archal, & qui sert à attacher les rames. O est le trou dont on a parlé plus haut ; P est une ficelle pour porter la quille Q, voyez Quille. R montre le profil de la planchette qui reçoit & arrête le retour travaillant dans la premiere figure, & qu’il a lâché dans la seconde. La 2. figure fait voir le même bâton de retour dans la situation où il est, lorsqu’il ne travaille pas, au lieu que dans la figure premiere il est censé travaillant, & arrêté sous la planchette qui le tient ferme : ce qui fait que les rames qu’il porte, sont roidies, & par conséquent en état d’être levées par les hautes lisses, à mesure que les marches les feront lever. Venons à l’usage des retours ; après que l’ouvrier a fini son cours de 24 marches, il a fait une partie de son dessein, mais il n’est pas achevé ; s’il le recommençoit encore, il feroit encore la même chose qu’il vient de faire, puisque les mêmes rames levant comme elles viennent de lever, on auroit la même partie du dessein qui vient d’être faite ; c’est pour pouvoir faire une partie de ce même dessein, que l’ouvrier tire un autre retour par le moyen du tirant S, qui va aboutir auprès de sa main droite ; ce retour ainsi tiré & venant à son tour se loger sous la planchette mobile, ainsi qu’il a été dit ailleurs, roidit à son tour les rames qu’il contient, pour les mettre en état de lever les lissettes qu’elles portent, pendant que toutes les autres rames des autres retours étant lâches, sont par conséquent hors d’état de lever les mêmes lissettes, ne pouvant y avoir que les rames de ce retour actuellement travaillant qui puissent les lever ; après que ce retour a fait sa fonction, qui se trouve achevée par le cours de marches, l’ouvrier tire à lui encore une autre retour, & ainsi des autres alternativement jusqu’au dernier ; ce dernier retour employé, il recommence par le premier, & continue toujours de même ; on comprend aisément que lorsque l’ouvrier tire à lui un nouveau retour, le bout de ce retour coupé obliquement venant à toucher la face de la planchette sous laquelle il doit se loger, & la faisant mouvoir en reculant, ce mouvement de la planchette est cause que le retour qu’elle tenoit en état de travailler, s’échappe, & fait place à celui que l’ouvrier tire, pour occuper la place qu’il quitte. Voyez Planchette.

RETOURNER, v. act. & neut. (Gram.) c’est revenir au lieu d’où l’on étoit parti ; il s’en est retourné comme il étoit venu : faire plusieurs fois le même voyage ; Tavernier est retourné plusieurs fois aux Indes : interroger avec finesse ; je le retournerai de tant de façons que j’en arracherai la vérité : après avoir donné au breland & à d’autres jeux, montrer la derniere carte, & la placer sur le talon ; de quelle couleur retourne-t-il ? Se tirer d’une question, d’un pas embarrassant ; il sait se retourner : retomber dans ses anciennes habitudes ; il est retourné à son vomisse-

ment : mettre le dessus d’une étoffe dessous, & son

envers dessus ; il a fait retourner son habit ; si vous le chassez avec maladresse, il retournera sur vous avec plus d’acharnement : on retourne sur soi-même : on retourne une pierre : on retourne une roue : on retourne une piece d’argent, une tabatiere pour la voir en-dessous : on retourne la terre.

Retourner une pierre, c’est la jauger ou lui faire une surface parallele, ou à-peu-près, à un lit ou à un parement donné.

Retourner, (Jardinage.) on se retourne d’équerre en traçant, lorsque l’on change l’alidale d’un instrument, & qu’on le met sur 90 degrés.

On dit retourner une planche, un gazon, une terre, quand on lui donne un nouveau labour un peu profond, ou que l’on la renverse sens-dessus-dessous. Voyez Améliorer.

Retourner, en terme de Blanchisserie, c’est l’action de mettre la cire suffisamment blanchie par-dessus en-dessous, & ce qui étoit dessous où le soleil n’a pu pénétrer, en-dessus pour les exposer à son tour. Cette opération se fait avec une main de bois. Voyez Main.

RÉTRACTATION, (Gram.) action par laquelle une personne se dédit, ou désavoue ce qu’elle a écrit ou dit auparavant. Voyez Palinodie.

Galilée fut obligé de rétracter son système du monde, après qu’il eut été censuré & condamné par les inquisiteurs. On oblige souvent les hérétiques de rétracter publiquement les erreurs qu’ils ont avancées, soit dans leurs discours, soit dans leurs écrits. C’est ainsi qu’on en usa à l’égard de Molinos.

Il y a parmi les ouvrages de S. Augustin un livre des rétractations, liber retractationum ; mais il paroit qu’il ne faut pas entendre par ce titre que ce saint docteur désavoue dans cet ouvrage ce qu’il avoit enseigné dans les autres, mais seulement qu’il y retouche, & qu’il y approfondit des matieres qu’il avoit déja traitées ; & en effet c’est une des significations du mot latin retractare.

RÉTRACTION, s. f. en Médecine, est la contraction ou le racourcissement d’une partie.

Ce mot vient du latin retrahere, tirer en arriere.

La rétraction des nerfs ôte l’usage des membres. Voyez Nerf.

RETRAIT de barre ou de cour, dans la coutume de Bretagne signifie la révendication qu’un juge fait d’une cause ou procès. Voyez les articles 10 & 32.

Retrait de bienséance ou de convenance est le droit qu’un de plusieurs co-propriétaires qui possédoient un héritage par indivis, a de retirer la portion qui est vendue par son co-détenteur.

Ce retrait n’a lieu que dans un petit nombre de coutumes qui l’admettent expressément, telles que celle d’Acqs, tit. 10, art. 17 & 18, Lille, art. 19 ; & la Marche, art. 271 : c’est une imitation du droit usité en Allemagne, appellé jus congrui, suivant lequel il est permis de retirer l’héritage contigu au sien, lorsqu’il est vendu. Voyez Math. de afflicti decis neapolit. 338 & 339, Mynting. cent. 3 observ. 5.

Retrait de bourgeoisie ou à titre de bourgeoisie, est le droit accordé aux bourgeois de certains lieux de se faire subroger en l’achat qu’un autre qu’un bourgeois du lieu a fait d’un fond situé sous la bourgeoisie. Ce retrait a lieu en Artois & dans les coutumes de Berg, Bruge, Bourbourg. Voyez Maillard sur Artois, tit. 3, n. 53.

Retrait en censive est la même chose que retrait censuel. Voyez ci-après Retrait censuel.

Retrait de co-héritier ou de compersonnier est le droit qu’un des co-héritiers a de demander que l’acquisition de quelque chose concernant la succession non encore partagée, faite par un des co-héritiers, soit mise en la masse de la succession, à la charge que