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Description de la pêche des rets entre roches ou traversis, amirauté de Brest. Rets entre roches ou Traversis, terme de pêche, sorte de filets en usage dans le ressort de l’amirauté de Brest.

Les pêcheurs de pié tendent le long de l’île sur les plains de sable qui s’y trouvent, des cordes en trajets, ou cordés, des sechées, seinées ou seines seches, des rets entre roches ou traversis, de la même maniere que font les pêcheurs de basse Normandie ; ces filets se tendent à la basse-eau ; on amarre un bout du cordage à une roche dans les petites anses étroites que le rets peut fermer ; le filet est pierré flotté, & s’éleve au moyen de flottes, à mesure que la marée monte ; l’autre bout est pareillement amarré à un autre rocher ; comme l’intervalle des pierres est grand, le poisson plat se coule aisément par-dessous ; cette pêche n’est avantageuse que pour les poissons ronds, qui viennent en troupe avec la marée chercher à la côte une pâture plus aisée ; ceux qui se tiennent entre la côte & le filet de marée baissante, y restent pris & arrêtés.

Quelques-uns de ces pêcheurs les tendent encore d’une autre maniere, les plaçant bout à terre & l’autre à la mer.

Rets traversier, Chalut ou Dreige, terme de pêche, usité dans le ressort de l’amirauté de S. Malo, est le nom que les pêcheurs donnent au filet connu dans d’autres lieux sous le nom de chalut, & qui est monté d’une barre de bois au lieu d’une lame de fer.

Les pêcheurs du ressort, outre la pêche des huitres qu’ils font dans toute l’étendue de la baie, à commencer du travers de la pointe du Maingard du Nez ou Gronné de Cancale jusqu’aux isles de Chausey, & même jusque par le travers de Regneuille, dans lequel espace sont répandues toutes les huitrieres, dont la baie est remplie, font encore après la saison de la pêche de ces coquillages frais, celle du chalut ou rets traversier qu’ils nomment improprement dreige pour le poisson plat, & surtout des soles qui se plaisent dans ces especes de fonds, & qui y seroient infiniment plus abondantes, si la quantité des parcs de bois ou bouchets de clayonnage, malgré la défense de pêcher durant le mois de Mai, Juin, Juillet & Août, ne détruisoient généralement tout le frai & les poissons du premier âge qui montent dans la baie toutes les marées durant le tems des chaleurs ; n’ayant jamais été possible de faire ouvrir ces pêcheries, soit par défaut des gardes jurés qui n’y étoient pas ci-devant établis, soit par le peu de soin des officiers du ressort ; cette police si nécessaire n’y est point observée, & c’est à cette négligence seule qu’il faut imputer la stérilité du poisson dans une baie que de mémoire d’homme on a reconnue comme la plus poissonneuse du royaume.

Il n’a pas été moins difficile de mettre en regle les pêcheurs qui s’y servent du chalut ; leur armure de fer fut défendue par la déclaration du roi du 26 Avril 1726 ; cependant ils continuoient la même pêche ; on leur proposa enfin de substituer une barre de bois à la place de la lame de fer ; & ils y consentirent, reconnoissant par propre expérience qu’ils n’en faisoient pas moins la pêche.

Leur chalut est armé à l’ordinaire. La barre de bois est attachée sur les échallons de la même maniere qu’y étoit ci-devant placée la lame de fer ; ainsi la manœuvre de cette pêche n’ayant point changé, les pêcheurs voisins de Grandville & de la côte opposée à Cancale s’étoient mal-à-propos imaginé les années précédentes que ces pêcheurs continuoient toujours la pêche avec le même instrument ; il est vrai que la barre de bois s’use bien plus promptement ; mais aussi la dépense de cet entretien est peu de chose, eu égard à ce que coute une lame de fer, lorsqu’elle se trouve faussée ou cassée, comme il leur arrive quel-

quefois lorsqu’ils pêchent entre des rochers où les

courans & la marée les peuvent rejetter facilement. Les pêcheurs ayant mis au fond de leur sac de plus petites mailles, & les filets ayant été saisis, sur la visite que l’inspecteur en fit en 1731 ; il a depuis été autorisé à les faire rendre en coupant les mailles trop serrées, & en achevant de terminer le sac avec un rets de seize à dix-huit lignes dans toute sa longueur.

Les rets qui composent les sacs des chaluts de ces pêcheurs, sont présentement en regle, ayant, suivant la déclaration du roi, dix-huit lignes en quarré.

Les mêmes pêcheurs, lorsqu’ils étoient en mer, substituoient, au lieu de leurs sacs à rets permis, un autre composé de petites mailles : ce qui s’est vérifié par la quantité des petites soles longues au plus de deux à trois pouces, qu’ils vendoient ; ils mettoient en dedans du sac des mailles permis, celui qui est abusif. Voyez Chalut, & les figures dans nos Pl. de pêche.

Rets a mulets, ou Filets d’enceinte, termes de Pêche, usités dans le ressort de l’amirauté de Coutance, & sortes de filets dont les pêcheurs se servent uniquement pour faire la pêche des mulets & autres especes de poissons qui vont en troupe, & qui s’assemblent souvent en grand nombre aux embouchures des rivieres.

Le filet dont les pêcheurs se servent, est formé de la même maniere que celui que l’on nomme dramet ou petit coleret ; mais il en differe en ce que le bas du filet n’est chargé ni de pierres, ni de plomb. La tête est garnie de flottes de liege ; ainsi on n’y peut prendre que des poissons ronds, tels que sont les mulets, les colins & les bars, qui se rassemblent volontiers dans les eaux dormantes & tranquilles, qui se forment toujours dans les coudes ou retours qui sont aux embouchures des rivieres qui ont une grande ouverture, & où il se trouve ordinairement des brasses ou bas-fonds. On ne peut avec ce filet prendre aucun poisson plat, parce qu’établi comme il l’est, il traîneroit inutilement ; & d’ailleurs il se trouve toujours élevé au-dessus du fond d’un pié ou dix-huit pouces au moins. Le ret a 4 à 5 piés de hauteur, & la maille est semblable à celle des manets à maquereaux, est de 17 lignes en quarré.

Lorsque les pêcheurs ont remarqué dans les eaux des naux, troupes, tourbillons, bouillons ou flottes de poissons, ce qu’ils connoissent aisément à la couleur de l’eau, ils enceignent la place de leurs filets ou muletieres, tous ces poissons nageant vers la surface de l’eau, se trouvent pris en resserrant leurs filets. De cette maniere on voit que ces pêcheurs ne traînent point à l’ouverture, comme font ceux qui se servent du coleret, & ils ne mettent leurs muletieres à l’eau, que quand ils ont observé des poissons attroupés de la maniere qu’on vient de le dire.

Rets admirable, terme d’Anatomie, rete mirabile ; est un petit plexus ou lacis de vaisseaux qui entoure la glande pituitaire. Voyez Plexus & Cerveau.

Le rets admirable est très-apparent dans les brutes ; mais il n’existe point dans l’homme, ou il est si petit, qu’on doute de son existence.

Willis dit que ce lacis est composé d’arteres, de veines & de fibres nerveuses.

Vieussens assure qu’il n’est fait que d’arteres ; & d’autres, d’arteres & de petites veines. Il avance avec plusieurs autres anatomistes, qu’il n’y a point de rets admirable dans l’homme, dans le cheval, dans le chien ; mais qu’on le trouve dans le veau, dans la brebis, dans la chevre.

Il a été décrit par Galien, qui l’ayant trouvé dans plusieurs animaux qu’il a disséqués, a cru qu’il existoit aussi dans l’homme ; mais celui-ci n’en a point. Il est vrai seulement qu’aux côtés de la glande pitui-