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taire, où ils disent qu’il est, on observe que les arteres carotides y font une double flexion en forme de S, avant que de percer la dure-mere.

Galien a cru que le rets admirable sert à cuire & à perfectionner les esprit animaux, comme les épidymes servent à perfectionner la semence. Voyez Esprit & Semence.

Willis croit, avec plus de raison, qu’il sert à arrêter l’impétuosité du sang qui est porté du cœur au cerveau dans les animaux qui ont la tête pendante ; à séparer quelques-unes des parties séreuses & superflues du sang ; à les verser dans les glandes salivaires à mesure que le sang entre dans le cerveau, & à prévenir les obstructions qui pourroient se former dans les arteres.

Rets, s. m. pl. (Charronage.) ce sont deux longs morceaux de bois d’orme, qui composent en partie la charrue des laboureurs, & qui servent à la remuer & à la diriger. Trévoux. (D. J.)

RETZ, s. f. (Com.) mesure de continence dont on se sert pour mesurer les grains à Philippeville & à Givet. Le retz de froment pese à Philippeville 55 livres poids de marc, celui de meteil 54, celui de seigle 52 , & celui d’avoine 30 livres. A Givet, le retz de froment pese 47 livres, de meteil 46, & de seigle 45 liv. Diction. de Com. & de Trévoux.

Retz ou Rais, (Géog. mod.) en latin Ratiatensis pagus ; pays de France, dans la Bretagne. Il occupe la partie de diocèse de Nantes, qui est au midi de la Loire ; ce pays tiroit son nom d’une ville nommée Ratiatum, & faisoit autrefois partie du Poitou, & du diocèse de Poitiers. Charles le Chauve donna en 851 à Hérispée prince des Bretons, tout le pays de Retz (Ratiatensis) qu’il réunit à la Bretagne & au Nantois. Ce pays eut ensuite ses seigneurs, ou barons particuliers ; enfin il fut possedé en qualité de comté par la maison de Gondi, & érigé en duché-pairie en 1581, en faveur d’Albert de Gondi ; ce duché est à présent dans la maison de Villeroi. La ville de Retz qui en étoit la capitale, ne subsiste plus, c’est aujourd’hui Machecou dont on peut voir l’article. (D. J.)

REVALIDER, v. act. (Gram.) rendre valide derechef. Voyez les articles Valide & Valider.

REVALOIR, v. n. (Gram.) rendre la pareille soit en bien soit en mal.

REVANCHE, s. f. (Gram.) réparation qu’on se fait à soi-même du tort qu’on a reçu ; j’aurai revanche, ou je ne pourrai. Il se prend aussi en bonne part ; il m’a donné une belle tabatiere, en revanche je lui ai fait présent d’un assez beau tableau. Donner la revanche au jeu, c’est jouer une seconde partie après avoir gagné la premiere ; c’est offrir à celui qui a perdu le moyen de réparer sa perte ; on gagne à un jeu, & l’on accorde la revanche à un autre : on se revanche ; on en revanche un autre ; on néglige un mets, on se revanche sur un autre.

REUDIGNI, (Géog. anc.) peuple de la Germanie. Tacite les nomme entre ceux qui habitoient le nord de la Germanie, & qui adoroient la terre. (D. J.)

RÊVE, s. m. (Com.) ancien droit ou imposition qui se leve sur les marchandises qui entrent en France, ou qui en sortent. On dit ordinairement rêve & haut passage ; ces deux droits autrefois séparés, ont été depuis réunis ; on appelloit anciennement ce droit jus regni, droit de regne ou de souveraineté, d’où par corruption on a fait droit de resve. Voyez Traite foraine. Diction. de Com.

Rêve, s. m. (Métaphysique.) songe qu’on fait en dormant. Voyez Songe.

L’histoire des rêves est encore assez peu connue, elle est cependant importante, non-seulement en médecine, mais en métaphysique, à cause des ob-

jections des idéalistes ; nous avons en rêvant un

sentiment interne de nous-même, & en même-tems un assez grand délire pour voir plusieurs choses hors de nous ; nous agissons nous-mêmes voulant ou ne voulant pas ; & enfin tous les objets des rêves sont visiblement des jeux de l’imagination. Les choses qui nous ont le plus frappé durant le jour, apparoissent à notre ame lorsqu’elle est en repos ; cela est assez communément vrai, même dans les brutes, car les chiens rêvent comme l’homme, la cause des rêves est donc toute impression quelconque, forte, fréquente & dominante.

Rêve, (Médecine.) Voici le sentiment de Lommius à ce sujet.

Les rêves sont des affections de l’ame qui surviennent dans le sommeil, & qui dénotent l’état du corps & de l’ame ; sur-tout s’ils n’ont rien de commun avec les occupations du jour ; alors ils peuvent servir de diagnostic & de prognostic dans les maladies. Ceux qui rêvent du feu ont trop de bile jaune ; ceux qui rêvent de fumée ou de brouillards épais, abondent en bile noire ; ceux qui rêvent de pluie, de neige, de grêle, de glace, de vent, ont les parties intérieures surchargées de phlegme ; ceux qui se sentent en rêve dans de mauvaises odeurs, peuvent compter qu’ils logent dans leur corps quelque humeur putride ; si l’on voit en rêve du rouge, ou qu’on s’imagine avoir une crête comme un coq, c’est une marque qu’il y a surabondance de sang ; si l’on rêve de la lune, on aura les cavités du corps affectées ; du soleil, ce seront les parties moyennes ; & des étoiles, ce sera le contour, ou la surface extérieure du corps. Si la lumiere de ces objets s’affoiblit, s’obscurcit ou s’éteint, on en conjecturera que l’affection est légere, si c’est de l’air ou du brouillard qui cause de l’altération dans l’objet vu en rêve ; plus considérable si c’est de l’eau ; & si l’éclipse provient de l’interposition & de l’obscurcissement des élémens, en sorte qu’elle soit entiere, on sera menacé de maladie ; mais si les obstacles qui déroboient la lumiere viennent à se dissiper, & que le corps lumineux reparoisse dans tout son éclat, l’état ne sera pas dangereux ; si les objets lumineux passent avec une vîtesse surprenante, c’est signe de délire ; s’ils vont à l’occident, qu’ils se précipitent dans la mer, ou qu’ils se cachent sous terre, ils indiquent quelque indisposition. La mer agitée prognostique l’affection du ventre ; la terre couverte d’eau n’est pas un meilleur rêve, c’est une marque qu’il y a intempérie humide ; & si l’on s’imagine être submergé dans un étang, ou dans une riviere, la même intempérie sera plus considérable. Voir la terre séchée & brûlée par le soleil, c’est pis encore ; car il faut que l’habitude du corps soit alors extrèmement seche. Si l’on a besoin de manger ou de boire, on rêvera mets & liqueurs ; si l’on croit boire de l’eau pure, c’est bon signe ; si l’on croit en boire d’autre, c’est mauvais signe. Les monstres, les personnes armées, & tous les objets qui causent de l’effroi, sont de mauvais augure ; car ils annoncent le délire. Si l’on se sent précipité de quelque lieu élevé, on sera menacé de vertige, d’épilepsie ou d’apoplexie, sur-tout si la tête est en même tems chargée d’humeurs. Lommius, Méd. obs.

Nous avons tiré de Lommius ces observations, elles sont toutes d’Hippocrate, & méritent une attention singuliere de la part des Médecins ; car on ne peut nier que les affections de l’ame n’influent sur le corps, & n’y produisent de grands changemens. En effet, bien que ces observations paroissent de peu d’importance, & devoir être négligées d’abord, on sera détourné de penser de cette façon, pour peu que l’on refléchisse sur les lois qui concernent l’étroite union de l’ame avec le corps. (m)

REVÊCHE, s. f. (Lainage.) étoffe de laine grossiere, non croisée & peu serrée, dont le poil est fort