Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/249

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César, sur lequel il y a tant de différens sentimens ; car les uns prétendent que c’est Bresne ou Braisne en Réthelois ; & d’autres, comme Samson, Fisines ; 3°. Duronum, Doren en Thiérache, village ; 4°. Laudunum, surnommé Clavatum, aujourd’hui Laon. L’évêché de Châlons avoit pour villes, Catalaunum, Châlons-sur-Marne & Victoriacum, Vitri-le-brûlé. (D. J.)

RHEMIENS, (Hist. ancienne.) Rhemi, peuple de la Gaule qui du tems de César habitoient la partie de la Champagne où est la ville de Rheims.

RHEMOBOTE, s. m. (Hist. ecclés.) espece de faux religieux qui parurent au quatrieme siecle. Ils habitoient deux ou trois ensemble, vivoient à leur fantaisie, couroient les villes & les campagnes, affectoient de porter de grandes manches, de larges souliers & un habit grossier, disputoient sur l’observance de leurs jeûnes, médisoient des ecclésiastiques, & s’enivroient les jours de fêtes. S. Jérôme les appelle rhémobotes, & Cassien sarabastes. Voyez Sarabastes.

RHÉNÉ, (Géog. anc.) île de la mer Égée, au voisinage de celle de Délos ; elle se trouve aussi nommée Rhenia, Rhenea, Rhenis, Rhenius & Rhenaca. C’étoit le cimetiere des habitans de l’île de Délos ; car il n’étoit pas permis d’enterrer les morts dans une île sacrée. Elle étoit déserte, & si proche de Délos, que selon Thucydide, l. III. p. 242, Polycrate, tyran de Samos, s’étant emparé de cette île, la joignit à celle de Délos par le moyen d’une chaîne, & la consacra à Apollon Délien.

Plutarque, in Niciâ, en racontant la magnificence & la dévotion de Nicias, dit : « avant lui, les chœurs de musique que les villes envoyoient à Délos pour chanter des hymnes & des cantiques à Apollon, arrivoient d’ordinaire avec beaucoup de désordre, parce que les habitans de l’île accourant sur le rivage au-devant du vaisseau, n’attendoient pas qu’ils fussent descendus à terre, mais poussés par leur impatience, ils les pressoient de chanter en débarquant. Ainsi ces pauvres musiciens étoient forcés de chanter dans le tems même qu’ils se couronnoient de leurs chapeaux de fleurs, & qu’ils prenoient leurs habits de cérémonie, ce qui ne pouvoit se faire qu’avec beaucoup d’indécence & de confusion.

« Quand Nicias eut l’honneur de conduire cette pompe sacrée appellée Théorie, il se garda bien d’aller aborder à Délos ; mais pour éviter cet inconvénient, il alla descendre dans l’île de Rhéné, ayant avec son chœur de musiciens, les victimes pour le sacrifice, & tous les autres préparatifs pour la fête ; il avoit amené un pont qu’il avoit eu la précaution de faire construire à Athènes, à la mesure de la largeur du canal qui sépare l’île de Rhené de celle de Délos. Ce pont étoit d’une magnificence extraordinaire, orné de dorures, de beaux tableaux & de riches tapisseries. Nicias le fit jetter la nuit sur le canal, & le lendemain au point du jour, il fit passer toute sa procession & ses musiciens superbement parés, qui en marchant en bel ordre & avec décence, remplissoient l’air de leurs cantiques. Dans cette belle ordonnance, il arriva au temple d’Apollon ». (D. J.)

RHENEN, (Géog. mod.) ville ancienne des Pays-bas, dans la province d’Utrecht, à 4 milles de cette ville, sur le Rhein. Lon. 22. 58. lat. 52. (D. J.)

RHENONES, s. m. (Antiq. german.) espece de manteau des Germains qui leur couvroit les épaules & la poitrine jusqu’au milieu du corps. Ce manteau ou cette fourure étoit de peaux d’animaux dont on mettoit le long poil en-dehors pour se garantir davantage contre la pluie. (D. J.)

RHENUS, (Géog. anc.) fleuve de la Flaminie, chez les Boïens, selon Pline, l. III. c. xvj. qui dans

un autre endroit le nomme Rhenus bononiensis. Silius Italicus, l. XVI. c. xxxv. pour le distinguer du Rhein, qui a sa source chez les Grisons, lui donne l’épithete de petit.

……parvique Bononia Rheni.

Le nom moderne de ce fleuve est Reno. (D. J.)

RHERIGONIUS sinus, (Géog. anc.) golphe de la Grande-Bretagne, sur la côte septentrionale de l’île. Ptolomée, l. VIII. le marque entre les promontoires Novantum & Epidium ; mais la partie septentrionale de sa carte de l’île d’Albion, est si mal dirigée, qu’on ne sait quel golfe ce doit être aujourd’hui.

RHESAN, (Géog. mod.) ville de l’empire russien, au duché du même nom, sur la riviere d’Occa, à 60 lieues au sud-est de Moscow, & à 8 au levant de Pereslaw-Resanskoy. Les Tartares de Crimée ruinerent presque entierement cette ville en 1568, & elle ne s’est pas rétablie depuis ce tems-là. Long. 60. 10. latit. 54. 58. (D. J.)

Rhésan, (Géog. mod.) ou Rhézati, province & duché de l’empire russien, qui a 300 werstes du midi au nord, & autant du levant au couchant. La riviere d’Occa la sépare au nord, du duché de Moscow, Nisi-Novogrod est à son midi. On la divise en partie méridionale & septentrionale. Celle-ci dépend de Moscow, & l’autre du gouvernement de Woronetz. C’est un pays peuplé & très-fertile en grains, miel & cire. Peterlaw-Resanskoy est aujourd’hui la capitale. (D. J.)

RHESCYNTHIUS mons, (Géog. anc.) montagne de la Thrace, qui avoit fait donner à Junon le surnom de rhescynthienne. (D. J.)

RHÉTEUR, s. m. (Belles-lettres.) nom que l’on donnoit autrefois à ceux qui faisoient profession d’enseigner l’éloquence, & qui en ont laissé des préceptes. Quintilien, dans le iij. livre de ses institutions oratoires, a fait un assez long dénombrement des anciens rhéteurs tant grecs que latins. Les plus connus sont, parmi les Grecs, Empedocle, Corax, Tisias, Platon, qui dans ses dialogues, & surtout dans le Phedre & dans le Gorgias, a semé tant de réflexions solides sur l’éloquence ; Aristote, à qui l’on est redevable de cette belle rhétorique divisée en trois livres où l’on ne sait ce qu’on doit admirer le plus de l’ordre & de la justesse des préceptes, ou de la profonde connoissance du cœur humain qui paroit dans ce que l’auteur dit des mœurs & des passions. Denys d’Halycarnasse, Hermogene, Aphtonius, Longin, & parmi les latins, Photius, Gallus, Ciceron, Seneque le pere, & Quintilien se font le plus distinguer. Parmi les peres de l’Eglise, nous en avons plusieurs qui ont enseigné la rhétorique, tels que S. Cyprien, S. Grégoire de Naziance, S. Augustin. Les PP. Jouvenci & de Colonia, & MM. Rollin & Gibert ont brillé parmi les rhéteurs modernes.

RHETICO, (Géog. anc.) Pomponius Mela, l. III. c. iij. dit que le Rhetico & le Torus ou Taurus sont les plus hautes montagnes que l’on connoisse. Ortelius prétend que Rhetico est une montagne de la Suisse, & qu’on la nomme Prettigouwerberg. (D. J.)

RHÉTIE, (Géog. anc.) Rhætia, contrée d’Europe, dans les Alpes ; elle s’étendoit en-deçà & au-delà de ces montagnes, selon Strabon & Pline. Les habitans de cette contrée sont connus sous le nom de Rhæti. Ils étoient originaires de la Toscane ; ils allerent s’établir dans les Alpes sous la conduite de Rhætus, & ils s’appellerent Rhæti du nom de leur chef.

La Rhétie peut être considérée comme distincte & séparée de la Vindélicie, ou comme une province composée de la Rhétie propre & de la Vindélicie-Lorsqu’on établit une nouvelle division des provinces, la Rhétie propre fut appellée premiere Rhétie, & on nomma la Vindélicie seconde Rhétie. Coire, selon Velser, fut capitale de la premiere, & Ausbourg, la capitale de la derniere.