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Les bornes de la Rhétie propre prenoient depuis le Rhein jusqu’aux Alpes noriques. C’étoit la longueur de cette contrée ; sa largeur étoit depuis l’Italie jusqu’à la Vindélicie. Pline met plusieurs peuples dans la Rhétie, mais dont les noms nous sont inconnus. (D. J.)

RHÉTIENNES alpes les, (Géog. anc.) les alpes rhétiennes sont proprement les alpes du Tirol. La Rhétie & la Vindélicie occupoient sous le nom de Rhætia prima & secunda, une partie de l’ancienne Illyrie occidentale. La premiere s’étendoit entre le lac de Constance & le Leck, & la seconde, entre le Leck & l’Inn. Les Rhétiens étoient originairement des toscans, qui ayant été chassés de leur pays par les Gaulois, furent conduits par leur général Rhétus au-delà des Alpes où ils s’établirent. (D. J.)

RHÉTIENS ou RHOETIENS, s. m. pl. (Hist. anc.) ancien peuple de Germanie qui habitoit le pays qu’occupent aujourd’hui les Grisons. Il s’étendoit du tems des Romains, jusqu’à la Souabe, la Baviere & l’Autriche, c’est-à dire, jusqu’au pays des Noriciens.

RHÉTORICIEN, s. m. (Gram.) terme de l’école ; Il se dit du professeur qui montre la rhétorique, & de l’écolier qui l’apprend ; mais plus communément de ce dernier. Voyez Rhétorique.

RHÉTORIENS, s. m. (Hist. eccles.) secte d’hérétiques qui s’éleverent en Egypte dans le iv siecle, & prirent ce nom de Rhétorius leur chef ; leur doctrine, selon Philastre, étoit composée de toutes les hérésies qui les avoient précédés, & ils enseignoient qu’elles étoient toutes également soutenables ; mais on pense communément que Philastre leur a attribué cette tolérance universelle, & qu’ils avoient quelques dogmes particuliers & distinctifs, quoiqu’on ne les connoisse pas. (H)

RHÉTORIQUE, s. f. (Belles-lettres.) art de parler sur quelque sujet que ce soit avec éloquence & avec force. D’autres la définissent l’art de bien parler, ars bene dicendi ; mais comme le remarque le P. Lami dans la préface de sa rhétorique, il suffit de la définir l’art de parler ; car le mot rhétorique n’a point d’autre idée dans la langue grecque d’où il est emprunté, sinon que c’est l’art de dire ou de parler. Il n’est pas nécessaire d’ajouter que c’est l’art de bien parler pour persuader ; il est vrai que nous ne parlons que pour faire entrer dans nos sentimens ceux qui nous écoutent ; mais puisqu’il ne faut point d’art pour mal faire, & que c’est toujours pour aller à ses fins qu’on l’emploie, le mot d’art dit suffisamment tout ce qu’on vouloit dire de plus.

Ce mot vient du grec ῥητορικὴ, qui est formé de ῥέω, dico, je parle, d’où l’on a fait ῥήτωρ, orateur.

Si l’on en croit le même auteur, la rhétorique est d’un usage fort étendu, elle renferme tout ce qu’on appelle en françois belles-lettres, en latin & en grec philologie ; savoir les belles-lettres, ajoute-t-il, c’est savoir parler, écrire, ou juger de ceux qui écrivent ; or cela est fort étendu ; car l’histoire n’est belle & agréable que lorsqu’elle est bien écrite ; il n’y a point de livre qu’on ne lise avec plaisir quand le style en est beau. Dans la philosophie même, quelque austere qu’elle soit, on veut de la politesse, & ce n’est pas sans raison ; car l’éloquence est dans les sciences ce que le soleil est au monde ; les sciences ne sont que ténebres, si ceux qui les traitent ne savent pas écrire. L’art de parler est également utile aux philosophes & aux mathématiciens ; la théologie en a besoin, puisqu’elle ne peut expliquer les vérités spirituelles, qui sont son objet, qu’en les revêtant de paroles sensibles. En un mot, ce même art peut donner de grandes ouvertures pour l’étude de toutes les langues, pour les parler purement & poliment, pour en découvrir le génie & la beauté ; car quand on a bien connu ce qu’il faut faire pour exprimer ses pensées, & les dif-

férens moyens que la nature donne pour le faire, on

a une connoissance générale de toutes les langues qu’il est facile d’appliquer en particulier à celle qu’on voudra apprendre. Préface de la réthorique du P. Lami, pag. 12, 13, & 14.

Le chancelier Bacon définit très-philosophiquement la rhétorique, l’art d’appliquer & d’adresser les préceptes de la raison à l’imagination, & de les rendre si frappans pour elle, que la volonté & les desirs en soient affectés. La fin ou le but de la rhétorique, selon la remarque du même auteur, est de remplir l’imagination d’idées & d’images vives qui puissent aider la nature sans l’accabler. Voyez Image & Imagination.

Aristote définit la rhétorique, un art ou une faculté qui considere en chaque sujet ce qui est capable de persuader. Arist. rhétoriq. liv. I. ch. 2. & Vossius la définit de même après ce philosophe, l’art de découvrir dans chaque sujet ce qu’il peut fournir pour la persuasion. Or chaque auteur doit chercher & trouver des argumens qui fassent valoir le plus qu’il est possible la matiere qu’il traite ; il doit ensuite disposer ces argumens entr’eux dans la place qui leur convient à chacun, les embellir de tous les ornemens du langage dont ils sont susceptibles, & enfin si le discours doit être débité en public, le prononcer avec toute la décence & la force la plus capable de frapper l’auditeur. De là on a divisé la rhétorique en quatre parties, savoir l’invention, la disposition, l’élocution, & la prononciation. Voyez Invention, Disposition, &c.

La rhétorique est à l’éloquence ce que la théorie est à la pratique, ou comme la poétique est à la poésie. Le rhéteur prescrit des regles d’éloquence, l’orateur ou l’homme éloquent fait usage de ces regles pour bien parler ; aussi la rhétorique est-elle appellée l’art de parler, & ses regles, regles d’éloquence.

Il est vrai, dit Quintilien, que sans le secours de la nature, ces préceptes ou regles ne sont d’aucun usage ; mais il est vrai aussi qu’ils l’aident & la fortifient beaucoup, en lui servant de guides ; ces préceptes ne sont autre chose que des observations qu’on a faites sur ce qu’il y avoit de beau ou de défectueux dans les discours qu’on entendoit ; car comme le dit fort bien Ciceron, l’éloquence n’est point née de l’art, mais l’art est né de l’éloquence ; ces réflexions mises par ordre, ont formé ce qu’on appelle rhétorique. Quintil. in Proem. l. I. Cicer. 1. de orat. n°. 146.

Rhétorique, s. f. terme d’école, c’est la classe où l’on enseigne aux jeunes gens les préceptes de l’art oratoire. On fait la réthorique avant la philosophie, c’est-à-dire qu’on apprend à être éloquent, avant que d’avoir appris aucune chose, & à bien dire, avant que de savoir raisonner. Si jamais l’éloquence devient de quelque importance dans la societé, par le changement de la forme du gouvernement, on renversera l’ordre des deux classes appellées rhétorique & philosophie.

RHETRA, s. f. (Littérat.) le mot rhetra signifie dits, & c’est ainsi qu’on nommoit par excellence les oracles d’Apollon. Les Latins les appelloient aussi dicta. Lycurgue donna la même dénomination à ses propres ordonnances, pour rendre ses lois plus vénérables, & parce que d’ailleurs elles n’étoient point écrites. (D. J.)

RHEXIA, s. f. (Botan.) genre de plante, dont voici les caracteres. Le calice de la fleur est monopétale, de forme oblongue, tubulaire, large dans le fond, & divisée en quatre segmens par le haut ; il subsiste après la chute de la fleur ; elle est formée de quatre pétales arrondis qui demeurent épanouis & attachés au calice ; les étamines sont huit filets capillaires plus longs que le calice, auquel ils sont fixés, & se terminent par des bossettes longues & pen-