Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/26

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longueurs & épaisseurs. Celles qui servent à faire les feuillures des portes, des croisées, ont un pouce & demi d’équarrissage ; celles qu’ils emploient à prendre leur niveau, sont les plus longues de toutes. Ils ont aussi ce qu’ils appellent un plomb à regle, qui est une ficelle chargée d’un petit plomb par un des bouts, & attachée par l’autre au haut d’une regle, sur laquelle est tracée une ligne perpendiculaire. Savary. (D. J.)

Regle de Menuisier, (Menuiserie.) cette regle s’appelle plus communément un réglet qu’une regle, par ceux qui savent les termes du métier.

Regle de Serrurier, (Serrurerie.) ces sortes de regles sont de fer. Les Serruriers s’en servent pour dresser leurs pieces, soit à chaud, soit à froid.

Regle de Vitrier, (Vitrerie.) outre la regle commune de bois dont les Vitriers se servent pour tracer leurs panneaux, ils en ont encore une petite aussi de bois, qu’ils nomment regle à main, le long de laquelle ils coupent le verre au diamant. Cette regle a deux petits mantonnets, ou seulement une petite piece de bois, de 5 ou 6 pouces de longueur, attachée par-dessus, avec laquelle ils l’appuient d’une main sur la piece de verre, tandis que de l’autre ils conduisent le diamant le long d’un de ses côtés. (D. J.)

Regles, s. f. (Anat.) dans l’économie animale, la purgation ordinaire & naturelle des femmes. Voyez Menstrues.

Les Groenlandoises n’ont point de regles. Dans le nord on est rarement réglé, parce que le froid resserre les solides. Les femmes du Brésil, dont j’ai parlé, que leurs meres sacrifient, cessent d’être localement pléthoriques aux premiers efforts que le sang menstruel fait pour couler ; de sorte qu’avant qu’une nouvelle pléthore soit régénérée, les vaisseaux de l’utérus consolidés, peuvent lutter contre l’action du sang. Simson dit fort bien que les regles ne sont pas nécessaires, quand leurs filtres sont plus petits qu’il ne faut.

Les regles en Grèce sont de 20 onces, de 14 à 16 en Espagne, de 8 à 10 en Occitanie, d’environ 6 en Hollande, d’une once en Allemagne, chez les paysanes ; il y a aussi quelque variété pour le tems, comme pour la quantité. Le période du flux menstruel finit en Grèce dans deux ou trois jours, ou quatre tout au plus ; en Occitanie, les mois coulent cinq ou six jours ; en Angleterre, trois jours ; en Hollande, trois ou quatre jours ; la même chose en France ; une semaine entiere, en Allemagne ; mais ce tems varie beaucoup ; & dans la santé le terme des regles est souvent plus court.

Rien de plus précoce pour la fécondité & les regles, que les femmes des pays chauds ; car rarement connoît-on avant que d’être réglé. Il y a des pays où l’on fait des enfans à 10 ans, & même à 8. Mandelshof a vu une fille aux Indes, qui avoit des tetons à deux ans, fut réglée à trois, & accoucha à cinq. En Occitanie le flux menstruel se montre un an plutôt qu’à Paris : en Hollande, il paroît entre 14 & 16 ans ; sur les hautes montagnes les femmes ont leurs regles plutard, & elles se suppriment très-facilement ; il y a pourtant de très-précoces fécondités en Europe, comme à 9 ans. L’histoire de l’académie des Sciences de 1708, parle d’une grande fille qui avoit des tetons, & n’avoit que 9 ans. Les filles qui sont réglées à 10 ans, sont très-fortes.

Les femmes pléthoriques sont réglées deux fois par mois, elles perdent une quantité de sang, qui est triple de la mesure d’Allemagne. En Perse, les femmes luxurieuses & sédentaires, ont ce flux deux & trois fois par mois. Les femmes oisives sont réglées sept & huit jours ; c’est pour la même raison que les hommes qui ne font aucun exercice, sont fort sujets aux hémorrhoïdes. Les visceres chylopoïétiques robustes font

beaucoup de sang, dans le repos, ils ne se dissipent point assez, & les vaisseaux foibles & lâches s’ouvrent à la moindre pléthore.

Regles Maladies des, (Médec.) les principales maladies que souffrent les femmes dans leurs regles, sont d’un côté, le cours immodéré, & de l’autre, la suppression de cette purgation périodique.

Une femme qui n’est pas encore bien formée, évacue moins de sang menstruel, que quand son corps a pris tout son accroissement. La quantité de sang qu’elle perd, augmente ensuite à proportion qu’elle vit d’une maniere plus splendide & plus oisive ; car toute femme qui mene une vie sobre & laborieuse, n’a pas de regles abondantes. En effet, tandis qu’on voit des femmes du monde qui perdent quelquefois dix, douze, quinze onces de sang, & qui n’en sont que plus alertes après cette évacuation proportionnée à leur pléthore, il y a des paysanes qui ne rendent pas deux onces de sang menstruel, & qui connoissent à peine le besoin de cette évacuation.

Les signes de pléthore menstruelle, sont la langueur, la lassitude, les palpitations, la pesanteur, le sentiment alternatif de froid & de chaud, la difficulté de respirer à la suite du moindre mouvement ; 2o. la douleur causée par l’amas du sang qui se fait sentir autour de la matrice, la grande ardeur dans le voisinage de la région lombaire & vers les hanches, l’enflure du ventre ; 3o. des mouvemens excités dans l’uterus, une fréquente envie de pisser, le ténesme, une agitation dans le bas-ventre ; 4o. un gonflement plus considérable des mamelles par la sympathie de ces parties avec la matrice, & par la même correspondance avec l’estomac, la nausée, le dégoût, l’affection hystérique, les suffocations, les syncopes, les vertiges, le mal de tête, le tintement d’oreille surviennent, un grand nombre de ces symptomes dans une femme d’un âge mur qui n’est point enceinte, sont les avantcoureurs de l’éruption menstruelle, ou même l’accompagnent ; mais assez souvent dans les femmes grosses ils annoncent l’avortement.

Maintenant quiconque examinera 1o. que les corps des femmes sont plus délicats, plus flexibles, plus lâches, plus remplis de suc, que ceux des hommes ; que leurs regles commencent, lorsqu’elles cessent de prendre de l’accroissement, que cet écoulement périodique s’arrête en avançant en âge ; qu’il diminue après des évacuations trop abondantes ; qu’il augmente dans les femmes qui se nourrissent luxurieusement ; qu’il cesse dans celles qui sont enceintes, & dans les nourrices ; 2o. que le bassin osseux qui contient la matrice, est fort ample ; que ce viscere est adhérent à la partie inférieure du corps ; que sa structure est caverneuse ; que les veines n’ont point de valvules ; que ses vaisseaux sont tortueux, découverts ; qu’ils forment grand nombre d’anastomoses ; qu’ils vont se terminer à des voutes susceptibles d’une grande dilatation : quiconque, dis-je, considérera mûrement toutes ces choses, concluera que les corps des femmes sont plus disposés à la pléthore que ceux des hommes, & qu’ils ont besoin de s’en délivrer par un écoulement périodique. Cette abondance de sang qui s’est amassé dans les vaisseaux de la matrice, excite donc l’action particuliere de cette partie à s’en décharger. Mais si le cours de ces regles est immodéré, ou qu’il s’en fasse une suppression, il en résulte deux genres de maladies qui méritent un examen particulier. Parlons d’abord du flux immodéré des regles.

I. Une trop grande quantité de sang menstruel, qu’une femme d’un âge mûr, & qui n’est point enceinte, vient à répandre, soit par la longue durée, soit par la fréquence de la menstruation, s’appelle flux morbifique des regles : mais dans les femmes enceintes, ou dans celles qui ont reçu quelques blessures à l’u-