Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/267

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

RHYNCOLITES, s. m. (Hist. nat. Icthyolog.) nom donné par quelques naturalistes aux pointes cylindriques des oursins pétrifiés ou échinites. Voyez Oursins & Echinites.

RHYNDACUS, (Géog. anc : ) fleuve de la Mysie asiatique, qu’il sépare de la Bithynie, selon Ptolomée, l. V. c. j. Pomponius Mela, l. I. c. xix. dit qu’il prend sa source au mont Olympe. Pour parler plus exactement, c’est du lac Abouillona que sort le Rhyndacus, & ce lac, qui a 25 milles de tour, est le grand égoût du mont Olympe. Pline, l. V. c. xxxij. nous apprend que le Rhyndacus se nommoit auparavant Lycus. Il est appellé Mégistus par le scholiaste d’Apollonius, Lastacho par Niger, & Lopadius par d’autres. Il se jette dans la Propontide auprès de Cizyque.

La médaille de Marc-Aurele, au revers de laquelle se voit le Rhyndacus à longue barbe, couché & appuyé sur une urne, tenant un roseau de la main gauche, & poussant de la droite un bateau, fait entendre que cette riviere étoit navigable dans ce tems-là. Le Rhyndacus sort du lac d’Abouillona, environ deux milles au-dessus de Lopadi ; il est profond & porte bateau, quoique depuis longtems personne ne prenne soin de nettoyer cette riviere ; on la passe à Lopadi, sur un pont de bois.

Le Rhyndacus est fameux dans l’histoire romaine par la défaite de Mithridate. Ce prince, qui venoit d’être battu à Cizyque, ayant appris que Lucullus assiégeoit un château en Bithynie, y passa avec sa cavalerie & le reste de son infanterie, dans le dessein de le surprendre ; mais Lucullus averti de sa marche, le surprit lui-même, malgré la neige & la rigueur de la saison. Il le battit à la riviere de Rhyndacus, & fit un si grand carnage de ses troupes, que les femmes d’Apollonia sortirent de leur ville pour dépouiller les morts, & pour piller le bagage. Appien qui convient de cette victoire, a oublié la plûpart des circonstances dont Plutarque nous a instruit. L’on reconnoît l’embouchure du Rhyndachus, par une île que les anciens ont nommée Berbicos. (D. J.)

RHYPÆ, (Géog. anc.) ville de l’Achaïe. Strabon, l. VIII. p. 487. & Etienne le géographe en parlent. Le premier, qui dit qu’elle étoit ruinée de son tems, lui donne un territoire appellé Rhypidis, & il y met un bourg nommé Leuctrum, qui dépendoit de la ville Rhypæ. (D. J.)

RHYPAROGRAPHE, (Peint.) rhyparographus signifie dans Pline une peintre qui ne peint que des grotesques, des noces de village, des bambochades. (D. J.)

RHYPHIQUES, adj. terme de Médecine, qui signifie des remédes détergens & purifians. Voyez Détergens.

RHYTHME, s. m. (Poésie latine.) ρυθμος chez les Grecs, c’est-à-dire cadence, & alors il se prend dans le même sens que le mot nombre. Voyez Nombre.

Il désigne encore en général la mesure des vers ; mais pour dire quelque chose de plus particulier, le rhythme n’est qu’un espace terminé selon certaines lois. Le metre est aussi un espace terminé, mais dont chaque partie est remplie selon certaines lois.

Pour expliquer nettement cette différence, supposons un rhythme de deux tems. De quelque façon qu’on le tourne il en résulte toujours deux tems. Le rhythme ne considere que le seul espace : mais si on remplit cet espace de sons ; comme ils sont tous plus ou moins longs ou brefs, il en faudra plus ou moins pour le remplir : ce qui produira différens metres sur le même rhythme, ou, si l’on veut, différens partages du même espace. Par exemple, si les deux tems du rhythme sont remplis par deux longues, le rhythme devient le metre qu’on appelle spondée ; s’ils sont remplis par une longue & deux breves, le rhythme,

sans cesser d’être le même, devient dactyle ; s’il y a deux breves & une longue, c’est un anapeste ; s’il y a une longue entre deux breves, c’est un amphibraque ; enfin, quatre breves feront un double pyrrique. Voilà cinq especes de metres ou de piés sur le même rhythme. Cours de Belles-lettres. (D. J.)

Rhythme, (Prose.) c’est comme dans la poésie la mesure & le mouvement ; l’un & l’autre se trouvent dans la prose, ainsi que dans la poésie. En prose la mesure n’est que la longueur ou la briéveté des phrases, & leur partage en plus ou moins de membres, & le mouvement résulte de la quantité de syllabes dont sont composés les mots. Les effets du rhythme sont connus dans la poésie. Sa vertu n’est pas moindre en prose. Il est impossible de prononcer une longue suite de paroles sans prendre haleine : quand celui qui parle pourroit y suffire, ceux qui l’écoutent ne pourroient le supporter : il a donc été nécessaire de diviser le discours en plusieurs parties : on a encore sous-divisé ces parties, & on y a inséré d’autres pauses de plus ou de moins de durée, selon qu’il étoit convenable, & de-là s’est formé ce qu’on peut appeller la mesure de la prose : c’est le besoin de respirer, c’est la nécessité de donner de tems-en tems quelque relâche à ceux qui nous écoutent, qui a fait partager la prose en plusieurs membres, & ce partage, perfectionné par l’art, est devenu une des grandes beautés du discours ; mais cet embellissement ne peut se séparer du nombre, c’est-à-dire, de la quantité des syllabes. Les phrases ne peuvent plaire que lorsqu’elles sont composées de piés convenables : c’est alors que la prose s’accommodant à toutes les variétés du discours, s’insinue dans les esprits, les remue, & les échauffe : c’est alors qu’elle devient une espece de musique qui offre partout une mesure reglée, un mouvement déterminé & des cadences variées & gracieuses. D’abord l’oreille seule & le goût des écrivains avoient reglé le rhythme de la prose : ensuite l’art le perfectionna ; & on assigna à chaque style l’espece de pié qui lui convenoit davantage, soit pour le style oratoire, soit pour le style historique, soit pour le dialogue ; en un mot pour quelque espece de style que ne fût, la mesure & le mouvement étoient déterminés par des regles, en prose ainsi qu’en poésie ; & ces regles étoient regardées comme si essentielles, que Ciceron n’en dispense pas même les orateurs qui avoient à parler sur le champ. (D. J.)

Rhythme, s. m. (Musique.) ρυθμος, peut se définir généralement, la proportion que les parties d’un tems, d’un mouvement, & même d’un tout ont les unes avec les autres : c’est, en musique, la différence du mouvement qui résulte de la vîtesse ou de la lenteur, de la longueur ou de la briéveté respective des notes.

Aristide Quintilien divise le rhythme en trois especes ; savoir, celui des corps immobiles, lequel résulte de la juste proportion de leurs parties, comme dans une statue bien faite. Le rhythme du mouvement local, comme dans la danse, la démarche bien composée, les attitudes des pantomimes ; ou enfin celui des mouvemens de la voix & de la durée relative des sons dans une telle proportion que, soit qu’on frappe toujours la même corde, comme dans le son du tambour, soit qu’on varie les sons de l’aigu au grave, comme dans la déclamation & le chant, il puisse, de leur succession, résulter des effets agréables par la durée ou la quantité. C’est de cette derniere espece de rhythme seulement que j’ai à parler dans cet article ; sur les autres voyez Pantomimes, Danse, Sculpture.

Le rhythme appliqué au son ou à la voix, peut encore s’entendre de la parole ou du chant. Dans le premier sens, c’est du rhythme que naissent le nom-