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que les causes qui l’ont produit. Il est bon quelquefois d’employer les béchiques expectorans ; d’autres fois les sudorifiques, les alkalis volatils, les sels volatils huileux, & souvent les vésicatoires : les ventouses appliquées entre les épaules ont guéri des rhumes séreux, invétérés & incurables par toute autre voie.

Remarquez ici sur-tout qu’il arrive des rhumes par l’épaississement des humeurs, par le desséchement des fibres. C’est ce qui se voit dans ceux qui combattent à tout instant sous les étendards de Vénus, ou qui sacrifient très-souvent à Bacchus. Dans ces cas les remedes doivent être bien ménagés ; la diete restaurante est le plus grand secours.

Comme on rencontre par-tout des personnes qui cherchent des remedes formulés pour le rhumes, nous allons en marquer ici quelques-uns.

Looch commun adoucissant. Prenez du sirop de guimauve, de l’huile d’amandes douces, de chaque une once ; du blanc de baleine dissout dans l’huile ci-dessus, un gros : mêlez le tout ensemble pour un looch à prendre dans le rhume avec toux, par cuillerée ; & le laissant fondre dans la bouche, il atténue, il fait cracher ; il convient dans la toux avec chaleur modérée, dans la difficulté de cracher.

Looch anti-asthmatique, bon dans le rhume avec sérosité. Prenez du sirop d’erysimum, de lierre terrestre, de l’oxymel scillitique, de chacun une once ; du blanc de baleine dissout dans l’huile, un gros ; de poudre d’iris de Florence, de feuilles d’hyssope séchées, de chaque un scrupule : mêlez le tout pour un looch à prendre par cuillerée dans le rhume avec trop de sérosité, dans l’épaississement de l’humeur bronchique. Voyez Potion huileuse, Bechiques, Alterans, Expectorans, Peripneumonie.

Opiat restaurant dans le rhume. Prenez des poudres de feuilles de scordium, d’hyssope, de sauge, de mélisse & de cataire séchées, de chaque trois gros ; de confection alkermes, demi-once ; d’extrait de genievre & d’absinthe, de chacun six gros ; de sirop de karabé & de roses simples, de chaque une once & demie : faites du tout un opiat dont on donnera au malade trois gros par jour dans les rhumes avec expectoration lente, sans ardeur ni fievre aiguë.

On ordonnera par-dessus chaque, un verre de lait coupé avec l’eau d’orge. Voyez Catarre & Toux.

Rhume de cerveau, (Médecine.) la génération trop abondante de la mucosité nasale, & son changement morbifique ordinairement en une humeur tenue & âcre, quelquefois plus épaisse, accompagnée d’une légere inflammation des narines, de mal de tête, & de tout le corps, & souvent d’une légere fievre, s’appelle rhume de cerveau dans le langage ordinaire.

La suppression de la matiere de l’insensible transpiration déposée à la membrane du nez, paroît fournir la plus grande abondance de cette humeur.

De-là 1°. toutes les causes qui dérangent l’insensible transpiration, produisent tout d’un coup ce mal, sur-tout si la chaleur ou le mouvement du corps l’ont rendue plus âcre, & qu’ensuite un froid subit empêche cette matiere de s’exhaler : d’où il arrive que dans certains tems de l’année, dans les changemens de vents, & quand on se découvre le corps, autant de fois on est attaqué de rhumes de cerveau.

2°. La foiblesse naturelle dans cette membrane produite par l’âge ou par l’inspiration d’un air trop froid, est cause que cette humeur s’y amasse. 3°. L’abus des sternutatoires y attire cette sérosité.

L’humeur qui s’écoule y est d’autant plus mauvaise, qu’elle est plus tenue, plus abondante, plus chaude & d’une plus longue durée. L’épidémique qui arrive sans un changement manifeste de la qualité de l’air, est plus dangereuse. Celle qui est une

suite de la foiblesse naturelle annonce la longueur de la maladie.

La secrétion plus abondante qui s’y fait de l’humeur en question, présente d’abord une mucosité & des crachats plus abondans ; elle détruit le sentiment de l’odorat, cause une respiration difficile dans le nez, une sensation de gravité à sa racine & aux parties antérieures de la tête, la dureté de l’ouie, la somnolence & la céphalalgie. 2°. Par son acrimonie, elle produit l’éternuement, la toux, la rougeur des narines, leur excoriation, la phlogose des yeux accompagnée de larmes plus abondantes ; quelquefois l’ozene & le polype. 3°. Quand le mal descend jusqu’à l’estomac, il détruit l’appétit & la digestion. Enfin lorsque la matiere se communique à toute l’habitude du corps, elle est suivie de fievre, de cachéxie & de paleur.

Dans le traitement de cette maladie on doit avoir recours aux diaphorétiques & aux sudorifiques pour attirer à la peau cette humeur & la faire sortir. Dans l’usage des topiques, il faut choisir ceux qui sont humectans, capables de couvrir la partie, de l’échauffer, & de la préserver de la pourriture, suivant la différence & l’acreté de l’humeur morbifique. Souvent les hypnotiques conviennent pour accélérer la coction de cette matiere. (D. J.)

RHUS, s. m. (Botan.) genre de plante dont les feuilles sont crénelées ou à trois dents ; son calice est petit, dentelé, & fendu en cinq quartiers. Les fleurs sont approchantes de celles de la rose, pentapétales & disposées en bouquets. L’ovaire qui est au fond du calice devient une capsule ronde, remplie d’une graine unique, & à-peu-près sphérique.

Les Botanistes comptent une douzaine d’especes de rhus, dont la plûpart sont d’Afrique & d’Amérique ; mais les deux especes principales les plus connues sont le rhus à feuilles d’ormeau, & le rhus de Virginie. La premiere s’appelle en françois sumac, & la seconde sumac de Virginie. Nous les décrirons l’un & l’autre au mot Sumac. (D. J.)

Rhus, (Géogr. anc.) bourg de l’Attique. Pausanias, l. I. ch. xij. rapporte qu’on lui donna ce nom, à cause qu’anciennement l’eau des montagnes voisines tomboit sur ce bourg. M. Spon, voyages de Grece, c. ij. p. 170. nous apprend que ce bourg est entierement abandonné, & tombe en ruine. On y voit quelques inscriptions anciennes, & une entre autres d’un certain Nicias fils d’Hermias, qui fut le premier à ce que dit Pline, l. VII. c. lvj. qui inventa le métier de foulon. (D. J.)

RHUSUNCORAE, (Géogr. anc.) ville de la Mauritanie césarienne. Elle étoit, selon Ptolomée, l. IV. c. ij. entre Addyme & Jomnyum. C’est la même que l’itinéraire d’Antonin appelle Rusucurrum, & sans doute aussi la même qui est nommée Rusucurium par Pline, l. V. c. ij. Cette ville a été colonie romaine, & ensuite honorée d’un siége épiscopal. (D. J.)

RHYAS, ou RHAEAS, terme de Chirurgie ; consomption de la caroncule lacrymale qui est au grand angle de l’œil. Voyez Caroncule lacrymale.

Cette maladie est l’effet de l’ulcération de cette partie. L’acreté des larmes & l’application inconsidérée des remedes mordicans, peuvent être la cause de l’inflammation & de l’ulcération qui produit la destruction de la caroncule lacrymale.

L’usage de cette partie fait voir que le rhyas occasionne un écoulement involontaire des larmes, auquel on peut remédier. Voyez Rhæas. (Y)

RHYMNUS, (Géogr. anc.) fleuve de la Scythie, en-deçà de l’Imaiis. Ptolomée, l. VI. c. xiv. qui dit que ce fleuve prenoit sa source dans les monts Rhymnici, place son embouchure entre celle du fleuve Rha & celle du fleuve Daïs. Mercator l’appelle Saïck. C’est le Rhæmnus d’Ammien Marcellin. (D. J.)