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l’épée avec laquelle on le faisoit alors chevalier, tandis qu’un autre portoit sur une lance sa cotte-d’armes. (D. J.)

Roi d’armes d’Angleterre, le roi d’armes étoit autrefois un officier fort considérable dans les armées & dans les grandes cérémonies ; il commandoit aux héros & aux poursuivans d’armes, présidoit à leur chapitre, & avoit jurisdiction sur les armoiries. Voyez Héraut & Armes.

Nous avons en Angleterre trois rois d’armes, sçavoir, Gaster, Clarence, & Norroy.

Gaster premier roi d’armes. Voyez Gaster.

Cet officier fut établi par Henri V. il accompagne les chevaliers de la jarretiere aux assemblées, le maréchal aux solemnités & aux funérailles des personnes de la premiere noblesse, & il porte l’ordre de la jarretiere aux princes & aux rois étrangers ; mais dans ces sortes d’occasions, il est toujours accompagné de quelqu’un des premiers pairs du royaume.

Clarence roi d’armes, il est ainsi appellé du duc de Clarence, qui posseda le premier cette dignité. Sa fonction est d’ordonner des obseques de la noblesse inférieure, des baronets, des chevaliers, des écuyers, & des gentilhommes, au sud de la riviere du Trent. Voyez Clarence.

Norroy roi d’armes, exerce les mêmes fonctions au nord du Trent. On appelle ces deux derniers, hérauts provinciaux, parce qu’ils partagent pour leurs fonctions le royaume en deux provinces. V. Héraut.

Ils ont pouvoir par une charte, de visiter les familles nobles, de rechercher leur généalogie, de distinguer leurs armoiries, de fixer à chacun les armes qui lui conviennent, & régler avec le Gaster la conduite des autres hérauts.

Autrefois les rois d’armes étoient créés & couronnés solemnellement par les rois mêmes ; mais aujourd’hui c’est le grand maréchal qui est chargé de les installer, & qui dans cette fonction représente la personne du roi.

On peut ajouter aux deux rois d’armes précédens, le Lyon roi d’armes pour l’Ecosse, qui est le second en Angleterre, & dont le couronnement se fait avec beaucoup de solemnité. Il est chargé de publier les édits du roi, de régler les funérailles, & de casser les armoiries.

Roi de la bazoche, (Jurisp.) Voyez Bazoche.

Roi de la féve, (Antiq. rom.) les enfans tiroient au sort avec des féves, à qui seroit roi ; ils faisoient à la fin de Décembre, pendant les saturnales, ce que nous avons transporté au commencement de Janvier, à l’occasion de la fête des rois. Cet usage de se servir de féve, pouvoit tirer son origine de ce que chez les Grecs on en usoit pour l’élection des magistrats ; d’où est venu ce précepte énigmatique de Pythagore, κυάμων ἀπέχου, a fabis abstine, ne vous mêlez point du gouvernement. Ciceron dit quelque part, fabam mimum, la farce de la féve, parce que cette royauté de la féve étoit une espece de royauté de théâtre. (D. J.)

Roi du festin, (Critiq. sacrée.) la coutume d’occident de faire les rois, pour dire se régaler ; créer un roi de la fête, est bien ancienne dans les festins ; ce qui concerne cette coutume chez les Grecs & les Romains, appartient à la littérature prophane. Voyez-en l’article qui suit.

Pour ce qui regarde l’usage des Juifs, nous en sommes instruits par l’Ecclésiast. ch. xxxij. v. 1. & suiv. Voici ce qu’en dit ce livre. Si l’on vous nomme le roi d’un festin (ἡγούμενον) la vulgate dit rectorem aut regem, ne vous élevez pas par cette raison au-dessus des autres ; mais après avoir eu soin de tous les convives, & avoir tout bien réglé, vous vous mettrez à table avec les conviés, vous vous rejouirez avec eux, & même pour l’ornement, vous pouvez recevoir ou prendre la couronne. Ces paroles justifient

que dans ces repas mêmes où il n’y avoit point d’excès, on mettoit une couronne de fleurs, ou de quelque feuillage, sur la tête du roi du festin ; ainsi l’usage des couronnes dans les festins, régnoit chez les Juifs, comme chez les Grecs & chez les Romains, & n’étoit blâmé de personne, quoiqu’il l’ait été furieusement par Tertullien, dans son livre de coronâ.

Le chapitre de l’Ecclésiastique, que nous venons de citer, nous apprend encore que les Juifs aimoient à réunir dans leurs festins, les chants & la musique ; une agréable mélodie, avec un vin délicieux, est comme un sceau d’émeraudes enchâssé dans de l’or. C’est au verset 7. qu’on lit ces paroles. Voyez les Commentaires de Drusius, où vous trouverez beaucoup d’érudition sur cet usage. (D. J.)

Roi du festin, ou roi de la table ; (Antiq. grecq. & rom.) anciennement, dit Plutarque, on créoit un chef, un législateur, un roi de la table, dans les repas les plus sages. Je trouve qu’il se faisoit de deux manieres, ou par le sort du dé, ou par le choix des convives. Horace veut que le dé en décide.

. . . . . Quem Venus arbitrum
Dicet bibendi ? Od. 7. l. II.


Et ailleurs,

Nec regna vini sortiere talis. Od. 4. l. I.

Plaute ne s’en rapporte pas au hasard ; les personnages qu’il introduit se donnent eux-mêmes des maîtres & des maîtresses ; do hanc tibi florentem florenti, tu sic eris dictatrix nobis, dit un de ses acteurs, en mettant une couronne de fleurs sur la tête d’une jeune personne. Et dans un autre endroit ; strategum te facio huic convivio. Plutarque parle comme Plaute, dans la quatrieme question du liv. I. Ἐμαυτὸν αἵρουμαι συμποσίαρχον ὑμῶν.

Ce roi donnoit en effet des lois, & prescrivoit sous certaines peines, ce que chacun devoit faire, soit de boire, de chanter, de haranguer, ou de réjouir la compagnie par quelqu’autre talent. Ciceron dit que Verres, qui avoit foulé aux piés toutes les lois du peuple romain, obéissoit ponctuellement aux lois de la table. Iste enim prætor severus ac diligens, qui populi romani legibus nunquam paruisset, iis diligenter legibus parebat, quæ in poculis ponebantur.

Cependant on ne faisoit pas un roi dans tous les repas, & on ne s’en avisoit guere dans les derniers tems, qu’au milieu du festin ; c’étoit une ressource de gayeté quand on commençoit à craindre la langueur, & pour lors chacun renouvelloit son attention à paroître bon convive. Ce dernier acte s’appelloit chez les Romains comessatio, du mot grec κῶμος, dit Varron, parce que les anciens Romains qui habitoient plus volontiers la campagne que la ville, se regaloient à tour de rôle, & soupoient ainsi tantôt dans un village & tantôt dans un autre. Horace, Martial, Lucien, Arien, nous parlent aussi beaucoup des rois de table dans les saturnales. (D. J.)

Roi, dans le Commerce, est un titre qui a été donné à plusieurs chefs de différens corps ou communautés. Il y avoit autrefois à Paris un roi des barbiers, un roi des arpenteurs ; il y a encore un roi de la bazoche, qui est à la tête de la petite jurisdiction que tiennent dans la cour du palais, les clercs des procureurs au parlement ; & un roi des violons.

Roi des Merciers, c’étoit autrefois à Paris, & même par toute la France, le premier, ou pour mieux dire le seul officier qui veillât sur tout ce qui concernoit le commerce.

Quelques-uns attribuent à Charlemagne l’institution de cette espece de magistrature mercantille ; il est du moins certain qu’elle étoit très-ancienne, & l’on donnoit à celui qui l’exerçoit le nom de roi des merciers, parce qu’alors il n’y avoit que les merciers