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se dit pour s’affoiblir, il commence bien à se casser.

Rompre est beaucoup plus usité au figuré, que briser & casser ; on dit rompre un bataillon, un escadron, pour signifier l’enfoncer.

On dit également rompre ou briser ses fers, ses chaînes, ses liens, pour se mettre en liberté. On dit rompre avec quelqu’un, pour dire rompre l’amitié qu’on avoit ensemble. On dit, dans le même sens, rompre le dessein, les mesures de quelqu’un.

Rompre signifie encore manquer à l’observation de ce à quoi on est obligé, rompre son jeûne, ses vœux, son serment. Rompre se dit pour dresser, exercer ; comme rompre un homme aux affaires, rompre la main à l’écriture ; je suis rompu à cela.

On dit, rompre la glace, pour signifier faire les premiers pas dans une affaire, ou surmonter les premieres difficultés.

Rompre les chiens, en termes de chasse, c’est les rappeller, pour les empêcher de continuer la chasse. Rompre le fil d’un discours, c’est quitter tout d’un coup la suite d’un discours, & entrer dans une autre matiere.

Rompre les chemins, signifie les gâter ; le dégel & les pluies ont rompu les chemins. (D. J.)

Rompre la couche ; les brasseurs entendent par ces mots, remuer les grains dans le germoir, pour empêcher qu’ils ne se pelotent.

Rompre la trempe, en terme de brasserie, c’est avec le fouquet mêler le grain bruisiné & l’eau qui sont dans la cuve matiere.

Rompre, v. a. (Commerce de vin.) c’est l’épreuve que font les marchands & cabaretiers pour connoître la bonne ou mauvaise qualité du vin. Cette épreuve est simple, & consiste à mettre du vin dans un verre, & le laisser pendant quelque tems à l’air & découvert ; s’il ne se rompt pas, c’est-à-dire, s’il ne change point de couleur, il est bon ; & au contraire, si sa couleur s’altere, ce qu’ils nomment se rompre, il n’est pas de garde, & est sujet à se gâter. Savary. (D. J.)

Rompre le jet, (terme de Fondeur de caracteres.) c’est séparer du corps d’une lettre nouvellement fondue, la portion de matiere qui a rempli cette espece de petit entonnoir qui est au-dedans du moule, & qui porte la fonte jusques sur la matiere du caractere. On appelle rompure, & l’endroit par où se rompt la lettre, & l’action de l’ouvrier qui la rompt. (D. J.)

Rompre, (Jardinage.) on dit un arbre qui rompt de fruits, quand il en est trop chargé, une branche que le vent a rompue. Cet accident peut se prévenir, en réduisant les fruits à moitié dès qu’ils commencent à nouer, pour qu’ils deviennent plus beaux, & en même tems soulagent l’arbre.

Rompre la laine, (Lainage.) c’est faire le mélange des laines de différentes couleurs que l’on veut employer à la fabrique des draps mélangés. Ces laines sont teintes & non filées, & le filage ne s’en fait qu’après qu’elles ont été bien rompues, c’est-à-dire bien mêlées, en sorte que le fil de laine dont on doit composer la chaîne & la treme de cette espece de draps, tiennent également de toutes les couleurs qui sont entrées dans le mélange ; ce qui s’entend néanmoins à proportion du plus ou du moins qu’on y a mis de chacune. Savary. (D. J.)

Rompre une planche, (Gravure.) ce mot se dit chez les Graveurs & Imprimeurs en taille-douce, pour signifier qu’on ne veut, ou qu’on n’ose plus s’en servir ; ou même qu’elle a été effectivement rompue par autorité des magistrats de police. Les estampes dont les planches sont rompues, augmentent ordinairement de prix par la difficulté d’en trouver. (D. J.)

Rompre, terme de Manege. Rompre un cheval à quelque allure, c’est l’y accoutumer. Rompre le col à

un cheval, c’est l’obliger quand on est dessus, à plier le col à droite & à gauche, pour le rendre flexible, & qu’il obéisse aisément aux deux mains ; c’est une assez mauvaise leçon qu’on donne à un cheval, lorsqu’on ne gagne pas les épaules en même tems. Rompre l’eau à un cheval, c’est l’empêcher de boire tout d’une haleine lorsqu’il a chaud.

Rompre les chiens, c’est les empêcher de suivre.

Rompre les dés, au jeu de Trictrac, signifie porter promptement la main sur les dés après que son adversaire a joué, pour rendre son coup nul.

Rompre son plein, au même jeu, c’est après l’avoir fait, lever une de deux dames qui faisoient une des cases du plein, & être forcé par le dé à la laisser découverte. Une des grandes attentions au trictrac, c’est d’empêcher son adversaire de tenir long-tems, & par conséquent de lui faciliter par la disposition de son propre jeu, le plus de moyens possibles de rompre. Voyez l’article Trictrac.

ROMPTURE, s. f. (Jurisp.) dans quelques coutumes des Pays-bas, telles qu’Artois, Bolenois, &c. signifie la même chose que déconfiture. Le cas de rompture est lorsqu’il s’agit de discuter un héritage du débiteur, qui est le seul bien qui lui reste. Voyez le glossaire de M. de Lauriere au mot Rompture. (A)

ROMPU, (Gram.) participe du verbe rompre. Voyez l’article Rompre.

Rompus, pierre des, (Hist. nat. Icthyolog.) lapis ossifragus ; c’est un des noms que les Naturaliste ont donné à la substance appellée plus communément osteocolle. Voyez cet article.

Rompu, adj. (Arithm.) nombre rompu est la même chose que fraction. Voyez Nombre & Fraction. (E)

Rompu, (Rayon.) en Optique, est la même chose que rayon refracté. Voyez Refracté.

Rompu, en terme de Blason, se dit des pieces ou armes brisées, & des chevrons dont la pointe d’enhaut est coupée. Ainsi l’on dit : il porte d’argent, au chevron rompu, entre trois molettes, &c.

Blanlus en Touraine, d’azur au chevron rompu d’or, accompagné de trois étoiles d’argent.

Rompue, couleur, (Peint.) couleur nuancée d’une autre couleur. On appelle couleur rompue, dit M. de Piles, celle qui est diminuée & corrompue par le mélange d’une autre, (excepté du blanc, qui ne peut pas corrompre, mais qui peut être corrompu.) On peut dire, par exemple, qu’un tel azur d’outre-mer est rompu de laque & d’ocre jaune, quand il y entre un peu de ces deux dernieres couleurs, & ainsi des autres. Les couleurs rompues, ajoute-t-il, servent à l’union & à l’accord des couleurs, soit dans les tournans des corps & dans leurs ombres, soit dans toute leur masse. Titien, Paul Véronèse, le Rimbrant, ont employé avec beaucoup d’art les couleurs rompues.

Couleur rompue & couleur composée, sont mots synonymes ; en parlant d’une draperie d’un jaune-clair, qui est ombrée d’une laque obscure, quelques-uns disent que cette draperie est rompue de rouge ; ce n’est pas parler correctement : il faut dire, cette draperie est ombrée de laque, parce que ces deux couleurs sont séparées. Or le mot de rompu ne se dit au sens propre, que de deux couleurs mêlées l’une dans l’autre. Les Italiens disent rottura di colori. (D. J.)

ROMPURES, s. f. terme de Fondeur de caracteres d’Imprimerie : lorsque la lettre est fondue, le jet ou ouverture du moule par laquelle on introduit le métal, la remplit & fait une adhérence au corps de la lettre. Cette partie est de trop, on la supprime en la rompant à un endroit foible ; ce jet ainsi cassé s’appelle rompures. Voyez Jet, Pl. fig.

ROMSEY, (Géog. mod.) port de mer dans le comté de Hamp.

Petty (Guillaume), fils d’un marchand drapier,