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naquit dans cette petite ville, en 1623. Il montra des sa jeunesse des talens éminens pour percer dans la connoissance des métiers, des arts, des sciences & de l’économie politique ; & dans la suite il trouva le secret de faire une brillante fortune. A 20 ans, il servit sur la flotte du roi, où il amassa six cens livres sterling. Avec cette somme il étudia la Médecine en France & dans les Pays-bas ; & revint en Angleterre au bout de 3 ans, ayant dix livres sterling de plus qu’il n’avoit emporté avec lui.

Il prit son degré de docteur en Médecine à Oxford ; donna des leçons de son art ; ressuscita Anne Green qui venoit d’être pendue ; & l’université le créa professeur. Quelque tems après il se rendit à Londres, où il fut nommé professeur au college de Gresham, & ensuite médecin de l’armée. A son retour il eut la commission de la distribution des terres confisquées en Irlande. En 1658 il fut élu un des députés au parlement qui se tint sous Richard Cromwell. Il se distingua dans la société royale, dès la fondation de ce corps illustre, & mourut en 1687, à 64 ans, riche de quinze mille livres sterling de revenu, c’est-à-dire d’environ 330 mille livres de rente de notre monnoie.

Il obtint à l’age de 24 ans une patente du parlement, pour enseigner à écrire d’une façon particuliere ; car il avoit imaginé un instrument pour faire à la fois deux copies parfaitement semblables d’un même original, aussi exactes & bien écrites qu’en suivant la maniere ordinaire. Il publia à Londres en 1648 un morceau de génie, sur les moyens de perfectionner certaines parties des sciences. Il inventa en 1663 un vaisseau à double fonds, qui lui mérita de grands éloges. Il a fait plusieurs dissertations sur les arts & les métiers, qu’on a insérées dans les Transactions philosophiques. Il a donné divers autres ouvrages, & entr’autres un Traité de la construction des vaisseaux, que le lord Brouncker président de la société royale a toujours gardé comme un secret d’état ; mais l’Arithmétique politique de Guillaume Petty, fut imprimée en 1690 in-8°. & c’est un livre fort curieux, ainsi que les autres pieces qu’il a publiées en ce genre, & qui intéressent principalement le royaume de la Grande-Bretagne. (Le chevalier de Jaucourt.)

ROMULA, (Géog. anc.) ville de la Liburnie. L’itinéraire d’Antonin la marque sur la route de Bénevent à Hydrunte, entre Eclanum & Pons Ausidi, à 31 milles du premier de ces lieux, & à 22 milles du second. (D. J.)

ROMULEA, (Géog. anc.) ville d’Italie dans le Samnium. Tite-Live, lib. X. c. xvij. dit que Décius la prit par escalade, la pilla, y fit passer 2300 hommes au fil de l’épée, & emmena 6000 captifs. Etienne le géographe au lieu de Romulea écrit Romylia. (D. J.)

ROMULIANUM, (Géog. anc.) lieu de la Dace ripense, & où fut enterré l’empereur Galere Maximin qui lui avoit donné ce nom en l’honneur de sa mere Romula. Lazius dit que ce lieu se nomme aujourd’hui Ramzaret. (D. J.)

RONALSA, (Géog. mod.) nom commun à deux îles comprises parmi les Orcades ; la premiere nommée North-Ronalsa, est de toutes les Orcades celle qui avance le plus du côté du nord ; elle a environ trois milles de long, sur un demi-mille de large. La South-Ronalsa, c’est-à-dire la Ronalsa du sud, est au midi de l’île de Pomana ; elle a six milles de long sur cinq de large, & est fertile en blé & en pâturages : au midi de cette île on trouve les Pentland-skeries, qui sont des rochers dangereux. (D. J.)

RONAS, (Hist. nat. Bot.) racine d’un arbrisseau que l’on compare à la racine de la réglisse ; & qui ne croît, dit-on, qu’en Arménie sur les frontieres de la Perse. Cette racine trempée dans l’eau lui donne en

peu de tems, une couleur d’un rouge très-vif. On s’en sert pour teindre en rouge la toile de coton dans l’Indostan, qui en tire une très-grande quantité de la Perse. Tavernier, dans ses voyages, dit que cette racine colore l’eau avec tant de facilité, qu’une barque indienne ayant fait nauffrage dans la rade d’Ormus, la mer fut teinte en rouge pendant plusieurs jours sur ses bords.

RONCALIÆ, (Géog. mod.) ou Rhoncaliæ ; plaine de Lombardie, entre Plaisance & Crémone, sur le Pô. Cette plaine est fameuse dans l’histoire du xj. & du xij. siecle, parce que toutes les fois que les rois d’Allemagne alloient en Italie pour y être couronnés, ils campoient quelque tems dans cette plaine avec leur suite.

On trouve dans le droit féodal des Lombards, quelques lois données dans ce lieu par des empereurs d’Allemagne. C’est ici, par exemple, que Fréderic Barberousse publia en 1157, à la sollicitation de Bulgare & de Martin, deux professeurs en Droit à Boulogne, la fameuse authentique, Habita C. ne fil. pro patre. Dans les anciens diplomes, & principalement dans la constitution de Charles-le-Gros, de expeditione romanâ, la plaine de Roncaliæ est appellée Rungalle curia, sedes Gallorum ou Francorum, parce que les rois d’Allemagne ou de Franconie y reposoient avant que de se rendre à Rome. (D. J.)

RONCE, s. f. (Hist. nat. Bot.) rubus ; genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond, & soutenus par un calice. Le pistil sort du milieu de ce calice ; il est entouré d’un grand nombre d’étamines, & il devient dans la suite un fruit presque rond, & composé de plusieurs baies pleines de suc & attachées au placenta ; elles renferment une semence le plus souvent oblongue. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Ronce, (Jardinage.) rubus, arbrisseau rampant & épineux, qui se trouve très-communément en Europe, dans tous les lieux incultes. Ses feuilles au nombre de trois ou de cinq, sont attachées à l’extremité d’une queue commune ; elles sont d’un verd-brun en dessus & bleuâtre en dessous. Ses fleurs viennent en longues grappes au bout des nouvelles branches, sont rougeâtres, disposées en rose, & elle fleurissent dans les mois de Juin & de Juillet. Ses fruits que l’on nomme mûres de renard, deviennent noires en murissant sur la fin de l’été.

Les ronces poussent de longues tiges qui sont garnies de quantité d’épines crochues, ainsi que la queue & la principale nervure des feuilles. Cet arbrisseau se multiplie très-aisément de bouture, & même ses tiges font racine dès qu’elles touchent contre terre.

Les mûres que produisent les ronces sont remplies d’un suc douçâtre & fade, mais extrèmement noir ; on s’en sert pour colorer le vin, & il y a des pays où on ramasse ce fruit pour le donner aux pourceaux. L’eau distillée des fleurs a une odeur de violette ; la poudre à canon faite avec du charbon de ronces, a plus de force & d’activité que quand elle est composée avec tout autre charbon. On fait quelqu’usage en Médecine des fruits, des graînes & des racines de cet arbrisseau.

Quoique la ronce ne soit qu’un arbrisseau vil & abject, le vain produit des terres abandonnées, le résultat infortuné de la paresse & du découragement ; cependant il y a des especes de ronces singulieres, & des variétés qui ont de l’agrément : voici les plus remarquables.

1. La ronce commune à fruit noir.

2. La ronce commune à fruit blanc. Il est plus agréable au goût que le noir ; sa feuille est d’un verd plus tendre.

3. La ronce commune à feuilles panachées. Elles sont tachées & très-apparentes.