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bres & dans le Lévitique pour intimider, dit-on, les pécheurs, & les porter au repentir en leur rappellant la mémoire du jugement de Dieu. Le reste du jour & le suivant se passent à entendre des sermons & à d’autres exercices de dévotion. Leon de Modene, part. III. c. v.

ROSHEIM, (Géogr. mod.) petite ville de France dans la basse Alsace sur le torrent de Mogol, à quatre lieues de Strasbourg, près de Molsheim, bâtie dans le douzieme siecle ; elle fut presque réduite en cendres en 1385. Elle a été libre & impériale. (D. J.)

ROSICLE, s. m. (Minéralogie.) espece de minéral noir que l’on tire des mines du Chily & du Pérou. Son nom lui vient de ce qu’en le mouillant & le frottant contre du fer, il rougit. Ce minéral est très riche, & l’argent qu’on en tire est le meilleur de toutes les mines de Lipes, du Potosi & des autres provinces de l’Amérique. Voyez Argent. Il paroît par la propriété de rougir le fer, qu’on attribue à cette mine, qu’elle contient du vitriol cuivreux dont le métal est précipité par le fer. Il ne faut point confondre cette mine avec la mine d’argent rouge, qui est une mine d’argent en crystaux rouges, semblables à des grenats ou à des rubis.

ROSIENNE, (Géogr. mod.) petite ville de Pologne au grand duché de Lithuanie, dans la Samogitie, à 22 lieues au sud de Mittau, sur une petite riviere qui se rend dans le Némen. Long. 41. 56. latit. 55. 28. (D. J.)

ROSIER, s. m. (Hist. nat. Botan.) rosa ; genre de plante à fleur composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le calice est formé de plusieurs feuilles, & il devient dans la suite un fruit arrondi ou oblong, & charnu ; il n’a qu’une capsule, & il renferme des semences le plus souvent anguleuses & velues. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Rosier, (Jardinage.) rosa ; arbrisseau épineux qui se trouve en Europe plus qu’en nulle autre partie du monde. Il pousse plusieurs tiges du pié, qui sont de peu de durée, mais qui se renouvellent aisément. La hauteur commune des rosiers est de quatre à cinq piés : quelques especes en prennent beaucoup moins, & d’autres un peu plus. Les racines de cet arbrisseau tracent beaucoup, & produisent des rejettons. Sa feuille est composée de cinq ou sept folioles qui sont ovales, dentelées, & attachées par paires à un filet commun qui est terminé par une seule foliole. Ses sieurs sont simples ou doubles, plus ou moins, & de différentes grandeurs & couleurs, selon les especes. Elles viennent au bout des branches, & elles donnent un fruit oblong qui contient plusieurs semences.

Le rosier doit tenir une des premieres places parmi les arbrisseaux fleurissans. C’est sans contredit l’un des plus beaux, des plus variés, & des plus agréables, tant par la quantité & la durée de ses fleurs, que par leur éclat & la douce odeur qu’elles exhalent. La rose embellit tous les lieux qu’elle habite ; elle est la parure la plus brillante de la nature ; c’est le plus riant objet de ses productions, & l’image le plus pur de la douceur, de la beauté & de la candeur.

Rien de plus simple & de plus facile que d’élever, de cultiver & de multiplier le rosier. Il se plait dans tous les climats tempérés ; il vient à toutes expositions, & il réussit dans tous les terreins. Cependant il vit peu dans les terres seches & légeres, & ses fleurs ont moins d’odeur dans celles qui sont grasses & humides. On évitera ces deux inconvéniens en mettant le rosier dans un terrein de moyenne qualité.

On peut multiplier cet arbrisseau de toutes les façons possibles ; de rejettons, de branches couchées, de boutures ; par les graines, par la greffe & par ses racines. La semence est le moyen le plus long & le plus incertain : pour l’ordinaire, on n’acquiert de cette façon que des especes batardes ou dégénérées.

Toutes les autres méthodes ont un succès à-peu-près égal. Cet arbrisseau peut se transplanter en tout tems avec succès, & même pendant tout l’été, en supprimant tout le fanage, & en réduisant la tige à quatre pouces au-dessus de terre. Nulle autre culture que de le tailler souvent & sans ménagement. Plus on le taillera, plus il durera, plus il donnera de fleurs, & plus le tems de leur venue pourra varier. Les différens tems de la transplantation rempliront aussi ce dernier objet.

Tous les rosiers peuvent se greffer les uns sur les autres ; mais il faut éviter de prendre pour sujets, ou plûtôt on doit exclure des jardins la rose à odeur de canelle, celle à fleur jaune simple, celle à feuille de pimprenelle, & sur-tout la rose sauvage de Virginie. Elles envahissent le terrein par la quantité de rejettons qu’elles poussent sur leurs racines, qui s’étendent considérablement. Le mois de Juin est le tems le plus convenable pour greffer ces arbrisseaux en écusson.

On connoît près de quatre-vingt variétés du rosier, dont le tiers environ ne donne que des fleurs simples ; cependant il y en a plusieurs qui ont assez d’agrément ou de singularité pour mériter qu’on les cultive. Tous les rosiers à fleurs doubles ont de la beauté. On peut considérer les roses sous quatre couleurs principales ; les jaunes, les blanches, les incarnates & les rouges. Il y en a peu de jaunes, un peu plus de blanches, beaucoup davantage d’incarnates, & les rouges font le plus grand nombre. Dans ces deux dernieres couleurs, il y a une infinité de nuances depuis le couleur de chair le plus tendre, jusqu’à l’incarnat le plus vif, & du rouge pâle au pourpre foncé. Il regne encore une grande variété dans la stature des rosiers, dans l’odeur des fleurs, dans les saisons de leurs venues, dans leur grandeur. Il y a aussi des rosiers sans épines ; d’autres sont toujours verds ; dans quelques-uns les feuilles ont une odeur agréable ; dans d’autres elles sont joliment tachées. Il s’en trouve plusieurs dont les roses sont panachées, tiquetées ou mi-parties. On en voit de proliferes ; d’autres à fruit épineux ; d’autres qui fleurissent deux fois l’an ; d’autres pendant presque toute l’année ; d’autres enfin ne s’ouvrent qu’à demi. Nul arbrisseau ne rassemble des différences aussi singulieres, aussi variées & aussi intéressantes. Le rosier seul peut former une collection nombreuse, où chaque jour de la belle saison donnera du nouveau & de l’agréable.

Le rosier étant donc de la plus grande ressource pour l’embellissement des jardins, on peut en faire plusieurs usages. On le met en buisson dans les platesbandes ; on le mêle avec d’autres arbrisseaux fleurissans dans les bosquets ; on en garnit des quarres entiers, où on les retient à trois piés de hauteur ; mais si l’on veut tirer grand parti de cet arbrisseau, c’est de l’entremêler de jasmin & de chevre feuilles pour en former des bordures longues & épaisses, que l’on taille en ados, & que l’on retient à deux ou trois piés de hauteur. Les bordures peuvent se mettre, & réussissent fort bien sous des grands arbres taillés en hautes palissades sur tiges, où elles donneront des fleurs pendant toute la belle saison.

La Médecine tire des services du rosier. Il y a des roses astringentes, & d’autres purgatives. On en tire un miel, une huile, & un suc électuaire : on en fait des sirops, des conserves, & jusqu’à du vinaigre ; les roses pâles & odorantes sont les plus propres à donner l’eau-rose. On fait aussi quelque usage des fruits du rosier, & d’une sorte d’éponge qui vient sur cet arbrisseau, & qui a des propriétés.

Les variétés du rosier sont si nombreuses, que la nature de cet ouvrage ne permet pas d’entrer ici dans une description détaillée de toutes les especes. Je n’en