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ce. Mithau est la capitale de la haute-Marche, & Villefranche de la basse.

Le Rouergue & sa capitale Rodès, ont pris leur nom des peuples Ruteni, dont César fait plusieurs fois mention dans ses commentaires. Auguste mit les Ruténiens dans l’Aquitaine, & Pline remarque qu’ils consinoient avec la Gaule narbonnoise. Voyez Ruténiens (Géog. anc.)

Lorsque sous Valentinien I. l’Aquitaine fut divisée en deux, les Ruténiens furent attribués à la premiere Aquitaine ; ils furent soumis aux Visigoths, dans le cinquieme siecle, à Clovis dans le sixieme, & après sa mort, les Goths s’emparerent de Rouergue. Dans le septieme siecle, les Rois de Neustrie, ou plutôt les Maires du palais qui dominoient sous leur nom, furent seuls reconnus en Aquitaine. Ce pays passa dans le huitieme siecle au pouvoir du duc Eudes, & le roi Pepin en dépouilla Gaïfre, petit-fils d’Eudes. Les rois Carlovingiens, successeurs de Pepin, jouirent du Rouergue jusqu’à la dissipation de leurs états, où chacun se rendit le maître où il put. Sous le regne de Lothaire, & sous celui de Hugues Capet, quoique le Rouergue eût ses seigneurs, comme les autres pays voisins ; on ne sait pas néanmoins le nom du premier comte de Rodès, qui se rendit héréditaire.

Dans la suite des tems, Hugues sorti de la maison de Carlat, transigea de ses terres & du comté de Rodès, avec Alphonse, roi d’Arragon, l’an 1167. Par ce traité, le roi d’Arragon se reserva en propre la seigneurie utile des dioceses de Rodez & de Mende ; mais son successeur par un autre traité fait avec saint Louis l’an 1258, renonça à tout ce qui lui appartenoit dans le Rouergue & le comté de Rodez ; c’est ainsi que cette province a été annexée à la couronne.

C’est un pays montagneux, mais fertile en pâturages, où on nourrit beaucoup de bestiaux, & surtout des mulets. La sénéchaussée de Rouergue a deux siéges présidiaux, Villefranche qui est le plus étendu, & Rodez dont le ressort ne va pas au-delà de l’élection de cette ville.

Montjosieu (Louis de) en latin Montejosius, gentilhomme de Rouergue au seizieme siecle, a mis au jour cinq livres d’antiquités, où l’on trouve quelques morceaux assez curieux sur la peinture & la sculpture des anciens. (D. J.)

ROUET, s. m. (Architect.) est une espece de rose de charpenterie sur laquelle on pose la premiere assise de pierre pour fonder un puits ; surtout dans le cas où l’on rencontre un grand banc de glaise, qu’il est impossible de percer, sans occasionner l’éboulement des terres.

Rouet, (Hydr.) est un assemblage de charpente dispersé circulairement, pratiqué au bout de l’arbre d’une machine, & dont la partie circulaire est garnie de dents qui s’engrenent dans les fuseaux d’une lanterne.

On appelle encore rouet, l’assemblage circulaire de charpente sur lequel on cloue à cheville une plateforme de planches pour asseoir la maçonnerie d’un puits, d’une citerne, ou d’un bassin, que l’on nomme encore racinaux. Voyez Racinaux. (K)

Rouet, armes à, (anciennes armes.) les arquebuses & les pistolets à rouet sont aujourd’hui des armes fort inconnues ; l’on n’en trouve guere que dans les arsenaux & les cabinets des armes, où l’on en a conservé quelques-uns par curiosité. Ce rouet étoit une espece de petite roue solide d’acier, qu’on appliquoit contre la platine de l’arquebuse ou du pistolet. Elle avoit un aissieu qui la perçoit dans son centre. Au bout intérieur de l’aissieu qui entroit dans la platine, étoit attachée une chaînette, qui s’entortilloit autour de cet aissieu, quand on le faisoit tourner, & ban-

doit le ressort quand elle tenoit. Pour bander le ressort, on se servoit d’une clé, où l’on inséroit le bout extérieur de l’aissieu. En tournant cette clé de gauche à droite, on faisoit tourner le rouet, & par ce mouvement une petite coulisse de cuivre, qui couvroit le bassinet de l’amorce, se retiroit de dessus le bassinet. Par le même mouvement le chien armé d’une pierre à fusil, étoit en état d’être lâché, dès que l’on tiroit avec le doigt la détente, comme dans les pistolets ordinaires ; alors le chien tombant sur le rouet d’acier faisoit feu, & le donnoit à l’amorce, (D. J.)

Rouet de poulie de chaloupe, (Marine.) c’est une poulie de fonte ou de fer, qu’on met à l’avant ou à l’arriere de la grande chaloupe, pour lever l’ancre d’affourché, ou une autre ancre qu’on ne veut pas lever avec le vaisseau.

Rouet, en terme de Boutonnier, est une machine à roue, montée à-peu-près comme les rouets à filer, à l’exception qu’elle est plus grosse. La tête de ce rouet est garnie de deux poupées postiches, où sont arrêtés en-dedans deux crochets ou têtes de fer, l’une percée au milieu d’un trou rond & profond, & l’autre d’un trou profond, mais vuide pour pouvoir y faire entrer les ouvrages montés sur des broches. Souvent le rouet n’a qu’une poupée, comme quand il faut percer une piece. Voyez Percer. Le rouet fait précisement entre les mains du Boutonnier ce que le tour fait entre les mains du tourneur. Les uns & les autres sont des culs, des crans, des pauses, des gorges & des têtes, mais le tourneur est vis-à-vis de son morceau, & le boutonnier est toujours à côté. Quant à leurs ouvrages, ils ne peuvent empiéter les uns sur les autres. Ils ont grand nombre d’outils qui leur sont communs, mais le boutonnier ne peut travailler sur le tour sans contrevenir aux ordonnances, & aux priviléges des tourneurs ; & au contraire rien n’empêche ceux-ci de faire les ouvrages des boutonniers, si ce n’est qu’il faut entendre & le langage, & les travaux des boutonniers, pour bien faire les ouvrages en bois qu’il leur faut ; science que les tourneurs n’ont point, & qu’ils ne peuvent acquérir que par un apprentissage chez les boutonniers.

Rouet, en terme de Boutonnier, est une machine composée de trois roues montées au-dessus les unes des autres, dans un chassis de deux montans soutenus sur leurs piés. L’une de ces roues qui se tourne à la main sans manivelle est moyenne, & a une corde qui répond à la noix d’une plus grande, dont la corde à son tour passe, après s’être croisée sur douze petites molettes montées à distances égales, sur une petite roue pleine, creusée tout autour, comme une poulie ; cette roue est sur chacun de ces bords percée de douze fentes, toutes vis-à-vis l’une de l’autre, pour recevoir les petites broches de fer des molettes. Chacune de ces fentes est le plus souvent doublée d’une plaque de cuivre jaune pour conserver la roue, qui ne tarderoit guere à s’user sans cela. Les broches des molettes sont toutes courbées en crochet du même côté ; c’est dans ces crochets que l’on arrête le fil de soie ou de poil, alors on le retord de la maniere qu’on veut, en tournant la premiere roue, comme nous avons dit. C’est avec ce rouet qu’on fait la milanoise, le cordonnet, le guipé, &c. Voyez ces articles.

Rouet, instrument dont les Boyaudiers se servent pour filer les cordes à boyau.

Le rouet des Boyaudiers est composé d’une sellette à quatre piés, qui a environ quatre piés en quarré, & est haute d’un pié. Du milieu de la sellette s’élevent deux montans de bois, au milieu desquels est l’axe de la roue qui traverse les deux montans à la hauteur d’environ trois piés. Les deux montans sont un peu éloignés l’un de l’autre, & l’espace intermé-