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due à une intempérie du foie, car ces boutons ne sauroient disparoître que le foie ne s’endurcisse & ne jette le malade dans l’hydropisie, & ces maladies du foie diminuent considérablement, lorsque ces maladies paroissent sur le visage : ainsi on ne doit point appliquer à contretems des topiques sur ces sortes d’éruptions, dans le dessein de les faire disparoître.

On appelle cette rougeur gutta rosacea, à cause des petites gouttes ou tubercules rougeâtres qui sont disposées sur tout le visage. Quelques-uns l’appellent rubedo maculosa, ou plutôt ruber cum maculis, à cause que le visage est tellement couvert de ces sortes de taches, qu’il en devient hideux.

La cause est un sang épais & visqueux, engendré par le vice du foie, qui passant par les vaisseaux capillaires jusqu’à la surface de la peau du visage, la couvre d’une rougeur pareille à celle que cause la honte ; comme il est lent & visqueux, & qu’il ne peut retourner par les veines, il s’arrête sur cette partie, y cause une rougeur qui ne peut être dissipée à cause de la densité de l’épiderme, & dégénere en des pustules qui s’ulcerent après avoir rongé le tissu des glandes cutanées.

On peut guerir cette maladie lorsqu’elle est benigne, récente, & que le malade est d’un bon tempérament ; mais la cure n’en peut être que palliative, lorsqu’elle est invétérée ou d’une nature maligne, elle n’est pas toujours causée par la débauche du vin & des liqueurs, puisque les personnes sobres n’en sont pas exemptes ; cependant ceux qui font un usage immoderé du vin, de biere forte, de liqueurs spiritueuses, en sont plus fréquemment attaqués que ceux qui s’en abstiennent. On ne peut la guérir qu’en remédiant à l’intempérie du foie & des autres visceres, & aux obstructions, & en détournant les humeurs des parties affectées, par la saignée, les vesicatoires, les ventouses, les cauteres, & l’usage réiteré des purgatifs ; le régime doit être humectant & rafraîchissant, les alimens faciles à digerer ; on doit s’abstenir du vin & des liqueurs fortes, aussi-bien que des viandes en ragoût & épiceries ; les eaux de chicorée émulsionnée, le lait coupé, le petit lait clarifié, les plantes tempérantes, telles que la laitue, le pourpier, l’oseille, & les épinars, sont fort bonnes ; on peut y ajouter la patience, la fumeterre, l’aunée, dans le cas d’épaississement du sang.

On doit prendre garde d’employer imprudemment des topiques repercussifs, car la rougeur répercutée deviendroit aussi dangereuse que la gale, les dartres, & autres maladies de cette nature.

Le sucre ou sel de saturne, avec le blanc-rasis, & autres linimens, sera fort bon.

On peut employer le mélange suivant, l’alun, le sel de saturne, le camphre, l’alun brulé, le crystal minéral humecté avec de l’eau de frai de grenouille, de jonbarbe ou du suc de nénuphar, cela sera bon si les boutons sont invétérés & durcis.

En général on doit abandonner cette cure, si le malade a d’ailleurs toutes les autres parties saines, & si toutes ses fonctions sont dans leur état naturel.

Cette rougeur considérée comme symptome de la fievre & des maladies inflammatoires, dénote que le sang se porte avec violence à la tête, & que le cerveau est entrepris. De-là vient que le sang ne pouvant revenir du cerveau & des parties voisines, embarrassé d’ailleurs par celui qui engorge les vaisseaux de la face dans l’état ordinaire & naturel, s’arrête dans ces parties, les engorge, les gonfle, se jette sur les petits capillaires ; la raison de ce phénomene est sur-tout la structure particuliere du réseau artériel cutané de cette partie, qui fait que le sang y est arrêté par l’engorgement des grands vaisseaux, & l’erétisme des nerfs. Cette rougeur est ordinaire dans les fievres tierces & ardentes, dans la péripneumo-

nie, dans l’esquinancie, & dans toutes les maladies

aiguës & chroniques qui attaquent la poitrine & les organes qu’elle contient.

Souvent ce phénomene est l’effet de la passion hypochondriaque & hystérique dans les personnes en qui l’estomac, la rate, le foie & la matrice se trouvent irrités soit par le sang trop épais, soit par le spasme & la tension trop grande des nerfs.

La rougeur causée par la fievre & les affections, soit chroniques, soit aiguës, de la tête ou de la poitrine, demande que l’on employe les remedes indiqués par ces causes.

La rougeur produite par l’affection hystérique, demande à être traitée différemment ; elle suit les indications de cette affection. Voyez Hystérique.

ROUGIR, v. act. (Gram.) voyez les articles Rouge & Rougeur.

Rougir les cuirs, (Courroyerie.) façon que les Courroyeurs donnent aux cuirs qu’ils courroyent, en leur appliquant un rouge composé de bois de Brésil & de chaux mis dans de l’eau à certaine proportion, & bouillis long-tems ensemble. Les cuirs des Courroyeurs ne se rougissent que du côté de la fleur ; ceux des Peaussiers se rougissent de chair & de fleur. Dictionnaire du Commerce. (D. J.)

ROUGISSURE, s. f. terme de Chauderonniers ; les Chauderonniers appellent rougissure, la couleur de cuivre rouge : ce mot se dit en parlant d’un vase de cuivre qui n’est pas d’un beau rouge. Richelet. (D. J.)

ROUHAN, s. m. (Maréchall.) c’est la couleur ou le poil d’un cheval qui a du poil gris ou blanc semé fort épais, & presque dominant sur un poil bay, alezan, ou noir. Lorsque ce poil domine sur un alezan chargé, on l’appelle rouhan vineux ; rouhan cap ou cavesse de maure, est un poil mêlé de blanc & de noir communément mal teint : il n’y a pas beaucoup de différence entre rouhan & rubican. Voyez Rubican.

ROVIGNO, (Géog. mod.) ville d’Italie, en Istrie, sur sa côte occidentale, dans une presque île, d’où l’on tire de belles pierres pour les édifices de Venise, dont elle dépend depuis l’an 1330, qu’elle se soumit à cette république : les vins qu’on y recueille sont estimés. Long. 31. 27. latit. 45. 15. (D. J.)

ROVIGO, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, capitale du Polésin de Rovigo, sur l’Adigesto, à 10 lieues au sud-ouest de Padoue, & à 16 de Venise : elle est la résidence de l’évêque d’Adria. Long. 29. 20. latit. 45. 6.

Avant que Rovigo fût dans son état de dépérissement, elle a été dans le xvj. siecle la patrie de quelques gens de Lettres, de Frachetta, par exemple, de Ricoboni, & de Rhodiginus.

Frachetta (Jérome) a traduit Lucrece en italien avec des notes, & a donné sur la politique un ouvrage intitulé, Seminario di Governi, di stato, e di guerra.

Ricoboni (Antoine) a mis au jour entre autres ouvrages des commentaires latins sur l’Histoire, avec des fragmens d’anciens historiens. Si Scaliger parle de lui avec beaucoup de mépris, c’est un peu l’effet de la haine qu’il lui portoit ; parce que Ricoboni étoit du nombre de ceux qui lui avoient disputé la noblesse de sa naissance.

Rhodiginus (Ludovicus Cælius) s’est fait honneur par son ouvrage latin des anciennes leçons. Il n’en publia que les seize premiers livres ; mais son neveu Camille Ricchieri, y joignit les quatorze autres ; ensorte que l’ouvrage complet, forme trente livres, qui sont utiles aux Littérateurs. (D. J.)

ROUILLE, (Chimie métall.) c’est ainsi que l’on nomme un changement que subit le fer lorsqu’il est exposé aux impressions de l’air ou de l’eau ; alors il se couvre peu-à-peu d’un enduit brun ou rougeâtre,