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augmente tous les jours en quantité, tant que la maladie dure.

Les blés ne sont frappés de la rouille que dans des tems de sécheresse, & lorsque la rosée leur a manqué pendant plusieurs jours : or la privation de cette humidité si favorable à la végétation, peut être capable de causer aux tuyaux & aux feuilles, un desséchement qui en désunit les parties, & qui en entrouvre le tissu par où se fait l’extravasation de la seve.

M. de Châteauvieux a proposé un moyen qu’il a expérimenté, pour arrêter le progrès de la rouille des blés. Après avoir remarqué que le corps de la plante dans la terre, est sans aucune altération, & que ses racines sont parfaitement saines, il a retranché sur la fin de Septembre, toutes les feuilles des plantes rouillées. Quelques jours après cette opération de nouvelles feuilles parurent ; les plantes firent des progrès considérables, & à l’entrée de l’hiver elles étoient belles & en pleine vigueur. Après l’hiver elles tallerent très-bien, & produisirent de fort grands épis qui parvinrent en maturité. La rouille continua ses ravages sur les plantes dont il n’avoit pas retranché les feuilles, & elle les fit périr à tel point, qu’elles ne produisirent pas un seul épi.

Voilà un remede dont on peut faire usage pour détourner cette maladie ; à la vérité il ne peut s’appliquer que lorsqu’elle se manifeste en automne & au printems, car quand elle se manifeste dans le tems que les blés sont en tuyaux & près d’épier, alors le mal paroit sans remede.

M. de Châteauvieux a de plus observé que les blés que l’on seme de très-bonne heure sont plus sujets à être rouillés, que ceux qu’on seme tard : en évitant de tomber dans le premier cas, on auroit encore en automne une ressource contre cette maladie.

Enfin il a remarqué que lorsque les blés ont été rouillés, les seconds foins des prés l’ont été également ; leurs feuilles ont passé d’un beau verd à cette mauvaise couleur de la rouille des blés ; ces feuilles ont eu de la poussiere semblable, & l’herbe diminuoit chaque jour très sensiblement. Comme tous les champs de blé n’en sont pas ordinairement infectés de même, aussi on ne l’a remarqué s’étendre qu’à cette partie des prairies. Cette maladie est sans doute opérée par la même cause sur les blés que sur les foins ; mais elle n’y produit pas exactement le même effet. Sur les plantes annuelles, telles que le blé, elle peut les faire périr entierement, comme cela arrive ; mais sur les plantes vivaces, telles que celles des prés, elle ne détruit point les plantes, les feuilles seules sont endommagées. Leur conservation ne pourroit-elle pas être attribuée à la suppression qu’on fait des feuilles quand on fauche les prés ?

Quoi qu’il en soit, si l’on avoit une connoissance assez certaine des causes de la rouille, on parviendroit vraissemblablement à découvrir plus aisément le remede ; mais en attendant cette découverte, il est à propos de recueillir toutes les observations que les amateurs d’Agriculture feront sur cette maladie ; on en tirera certainement quelque secours. Traité de la culture des terres, par M. Duhamel, de l’académ. des Scien. tom. IV. (D. J.)

ROUIR, v. act. (Econom. rustiq.) préparation que l’on fait au chanvre avant que de le broyer : voici comme on s’y prend. On arrange le chanvre dans le routoir au fond de l’eau ; on le couvre d’un peu de paille, & on l’assujettit sous l’eau avec des morceaux de bois & des pierres. Voyez fig. Pl.

On le laisse dans cet état jusqu’à ce que l’écorce qui doit fournir la filasse, se détache aisément de la chenevotte, ou du bois qui est au milieu de la tige du chanvre ; ce qu’on reconnoit en essayant de tems en tems si l’écorce cesse d’être adhérente à la chenevotte. On juge que le chanvre est assez roui, quand il

s’en détache sans difficulté, & pour lors on le tire du routoir.

Cette opération dispose non-seulement le chanvre à quitter la chenevotte, mais encore elle affine & attendrit la filasse.

On ne peut pas déterminer positivement combien il faut de tems pour que le chanvre soit assez roui ; cela dépend de la qualité de l’eau, de la chaleur de l’air, & même de la qualité du chanvre. Voyez l’article Chanvre.

ROULADE, s. f. ou Roulement, en Musique, se dit de plusieurs inflexions de voix sur une même syllabe.

Il faut un choix de sons ou de voyelles, convenable pour les roulades ; les a sont les plus favorables pour faire sortir la voix, ensuite les o, les c ouverts ; l’i & l’u sont peu sonores, encore moins les diphtongues. Quant aux voyelles nasales, on n’y doit jamais faire de roulemens. La langue italienne pleine d’o & d’a, est beaucoup plus propre pour les roulades que n’est la françoise ; aussi les musiciens italiens ne les épargnent-ils pas. Au contraire, les françois obligés de composer presque toute leur musique syllabique, à cause des voyelles peu favorables, sont obligés de donner aux notes une marche lente & posée, ou de faire heurter les consonnes en faisant courir les syllabes ; ce qui rend nécessairement le chant languissant ou dur. Je ne vois pas comment la musique françoise pourra jamais surmonter cet obstacle. (S)

Roulade sur un tambour, (Physiq.) on nomme roulade, ou roulement, le bruit continu qui résulte de la rapidité avec laquelle on fait succéder les baguettes sur un tambour, en le battant avec adresse. Ces percussions répétées lestement sur un corps élastique & tendu, font sur l’organe de l’ouie une impression continue, à cause de la rapidité avec laquelle elles se succedent. C’est ainsi que les roulemens dans le chant, qui ne sont autre chose que les promptes inflexions de voix sur une syllabe, dépendent de la flexibilité des organes dans la personne qui chante, & de la rapidité de la percussion des sons dans la personne qui écoute. Les impressions excitées par l’organe font une trace continue, à cause de la célérité avec laquelle elles se succedent. La corde de viole élargie & multipliée par les vibrations, produit le même effet. Le cercle de feu qu’on fait voir avec un simple charbon ardent tourné en rond, s’explique par le même principe. En un mot, tous ces phénomenes de l’ouie & de la vue dépendent de la durée de la sensation que les objets excitent dans les nerfs, & de la promptitude avec laquelle leurs actions se répetent. (D. J.)

ROULAGE, s. m. (Comm.) profession qu’exercent les Rouliers. Il signifie aussi le prix, le salaire qu’on paye aux rouliers pour leurs peines. Voyez Roulier.

Roulage se dit encore de la fonction de certains petits officiers de villes que l’on entretient sur les ports pour sortir des bateaux les balles, ballots, tonneaux & futailles, les mettre à terre en les roulant sur des planches. Ces officiers ont à Paris pour le roulage des marchandises des droits particuliers qui leur sont attribués par une ordonnance de la ville de l’année 1641. Dict. de Comm & de Trévoux.

ROULEAU, s. m. (Conchyliol.) genre de coquille marine, univalve, dont la bouche est toujours alongée ; son sommet est quelquefois détaché du corps par un cercle, & quelquefois il est couronné ; le fût est toujours uni.

Les rouleaux sont autrement nommés cylindres, & plus communément olives. Voyez Olive, (Conchyliol.) (D. J.)

Rouleau, s. m. (Antiq. ecclés.) feuille de parchemin, au haut de laquelle on inscrivoit anciennement dans les monasteres le nom & l’éloge d’un abbé