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fixes & déterminées. Elle est réputée contenir 560 livres de sel ; ainsi les 8250 bosses forment la quantité de 46200 quintaux.

Ces sels sont fournis par préférence, & rendus aux frais du roi dans les magasins de Grandson & Yverdun en Suisse, où ils sont livrés à chaque canton à un prix fort au-dessous de ce qu’il en coute pour la formation & pour la voiture[1].

On fournit de plus 4570 quintaux de sel en 816 bosses pour le remplissage, & pour les déchets que l’on suppose arriver dans la route. Cette quantité est délivrée gratis : ainsi le total des sels en pains fournis aux cantons catholiques en exécution des traités du roi, est de 50770 quintaux.

Indépendamment du sel en grain, on délivre en-

core chaque année au canton de Fribourg, en vertu

des anciens traités du roi, 4300 charges de sel en pain, du poids de 114 livres la charge, ce qui fait 4902 quintaux. Ce sel est levé à Salins aux frais du canton, qui ne le paye non plus que fort au-dessous du prix de la formation.

Outre ces traités sur lesquels le roi donne une indemnité considérable à ses fermiers, il est encore fait par ceux-ci, suivant la possibilité ou la convenance d’autres traités avec des cantons protestans[2] pour 35 à 40 mille bosses : ensorte que la formation en sel de Salins pour les différens cantons suisses peut être évaluée, année commune, à 90000 quintaux.

Nous avons dit que l’on ne délivroit que du sel en pain aux habitans de la province de Franche-Comté, & cela est vrai, à l’exception des 164 quintaux de sel en grains distribués par gratification, tant aux principaux officiers de la province & de la ville de Salins, qu’aux officiers & employés des salines.

Avant l’établissement de la saline de Montmorot, celle de Salins fournissoit toute la province ; mais aujourd’hui elle ne délivre plus, année commune, que 67000 quintaux de sel formé en pains.

Il y a neuf especes de sel en pain ; & on les distingue par des marques particulieres à chacune par leur grosseur & par leur poids. Tous les pains sont de forme ronde ; le dessous est à-peu-près convexe, & le dessus contient les marques distinctives. Les moules de chacune de ces especes sont étalonnés sur des matrices qui restent au greffe des salines, & dont les originaux sont à la chambre des comptes de Dole.

La délivrance de ces sels est faite une partie par charge ; la charge est composée de quatre benates, & la benate de douze pains ; & l’autre partie en gros pains de 12 & de 18 livres : la destination & les prix en sont différens.

Des neuf especes de sel rapportées ci-dessus, les trois premieres, appellées sel d’ordinaire[3], sont accordées aux villes & communautés qui les font lever[4] chaque mois dans les salines. La quantité de

    pouce 10 lignes de hauteur, mesurés de même que les longues.

    La premiere espece de bosses est la seule dont on se servoit précédemment ; mais la difficulté de trouver une quantité suffisante de douves assez hautes, a obligé en 1745 d’en fabriquer d’une espece plus courte, en regagnant par la circonférence ce qu’on perdoit sur la hauteur : ainsi les bosses longues & les courtes contiennent la même quantité de sel.

    Le remplissage des bosses se fait par les manœuvres aides au poulinage : ils chargent le sel du magasin dans des gruaux, & l’apportent dans la salle, ou ils le versent dans la bosse. Après les quatre premiers gruaux versés, l’aide au poulinage destiné à la manœuvre du foulage, entre dans la bosse, foule le sel avec ses piés, & continue ensuite la même chose de quatre en quatre mesures : cette opération s’appelle piétinage.

    Lorsque la bosse est remplie, on la laisse pendant huit jours sur son fonds, après lesquels l’aide au poulinage monte de nouveau sur la bosse, la foule de 18 coups de pilon, & fait remplir de sel le vuide qui s’est formé ; ce qui s’appelle fierlinage. Ce mot vient de l’allemand vierling, ou en l’écrivant comme il se prononce, fierling, quart, mesure de Berne. La bosse en doit contenir seize ; ensuite elle est fermée, numérotée, marquée, & mile en rang pour entrer dans les premiers pesages, & être délivrée aux voituriers. Les poulins ont 10 deniers par bosses, pour y apporter le sel, les remplir & fierliner, suivant l’usage que nous avons rapporté.

    On appelle envoi, l’expédition de trois ou quatre cens bosses délivrées les jours indiqués pour les chargemens aux communautés qui les voiturent d’entrepôt en entrepôt jusqu’à Grandson & Yverdun.

    Lorsqu’elles y sont arrivées, elles doivent encore y rester trois semaines en dépôt : on les mesure de nouveau, & l’entrepreneur des voitures, à qui le fermier passe pour déchet 9 pour 100 en dedans, c’est à-dire qu’il lui en livre 100 pour 91 qu’il lui compte, est tenu de les remplir de façon qu’il n’en revienne pas de plaintes.

    Il y a deux salles pour le remplissage des bosses ; l’une appellée la grande salle, en contient environ 600 longues & 400 courtes ; la deuxieme dite salle de l’ancienne forge, contrent 400 bosses longues & 3 0 courtes.

    Chaque salle a pour le pesage des bosse deux balances, dont l’une se meut par un balancier, & l’autre par un cric ; elle a aussi deux portes opposées pour la commodité des voitures, qui entrant par l’une afin de charger les bosses, sortent par l’autre : chaque porte a deux serrures a clés différentes, qui sont comme celles des étuailles partagées entre le contrôleur à l’emplissage & le moutier.

    On appelle pousset le sel qui se répand sur le plancher pendant le remplissage des bosses, & qui, soulé aux piés par les ouvriers & les voituriers, ressemble à un sable noir & rempli d’ordures. Les habitans de la campagne le mêlent avec la nourriture de leurs bestiaux, & ils l’achetent dix livres dix sols le quintal : on en donne aussi par gratification aux voituriers qui les premiers frayent les chemins fermés par l’abondance des neiges, & à ceux qui perdent des bœufs en voiturant les bosses.

    Quatorze ouvriers nommés bossiers travaillent à la fabrication des bosses dans un atelier qui est dans l’intérieur de la saline, & où on leur amene les douves, fonds & cercles nécessaires.

  1. Les cantons de Lucerne, Ury, Schwitz, Underval le haut & le bas, & de Zug, payent la bosse de sel, 20 liv. 16 sols 4 den.

    Fribourg, qui outre son sel en pains, a encore 1500 bosses de sel trié, le paye 23 liv. 6 sols 8 den. la bosse.

    Soleure n’en donne que 22 liv. 1 sol 8 den.

    Et le canton de Berne sur lequel on passe, & qui pour raison de ses péages, a 700 bosses de sel, les paye néanmoins beaucoup plus cher ; il en donne 28 liv. 5 sols.

    Pour les 4300 charges de sels en pains qui sont fournis de plus à Fribourg, ce canton la paye à raison de 6 liv. la charge.

  2. La ferme générale a traité avec le canton de Zurich pour lui fournir annuellement quatre mille bosses au volume, & au prix de 36 liv. 10 lois par cosse.

    Elle a encore traité avec le canton de Berne pour lui fournir par an vingt quatre mille quintaux de sel trié, au prix de 6 liv. 10 fois par quintal. Une partie de cette fourniture est faite par la saline de Salins, & l’autre par celle de Montmorot.

    Ces deux traités, tant avec Zurich qu’avec Berne, sont de la même date. Ils sont faits également pour 24 ans, & ont commencé au premier Octobre 1744.

  3. Les trois especes de sel d’ordinaire étant destinées à la fourniture de la Franche Comté, comme il ne subsistoit anciennement dans cette province que trois bailliages, celui d’amont, celui d’aval & celui de Dole, toutes les villes & communautés ont été employées dans les rôles sous ces trois divisions, ainsi que les especes de sel qui leur sont affectées.

    Le gros ordinaire se délivre aux bailliages d’amont & de Dole.

    Le petit ordinaire au bailliage d’aval.

    Et le sel de porte à quelques communautés du voisinage de Salins, probablement pour les attacher au service des salines.

    Quoique ces bailliages aient été supprimés par la création de quatorze nouveaux bailliages, on n’a apporté aucun changement dans l’attribution des sels aux villes & communautés, qui pour cette délivrance, sont toujours réputées appartenir aux anciens bailliages dont elles faisoient partie.

  4. C’est dans les dix premiers jours de chaque mois que les communautés affectées à la saline de Salins, ainsi que les magasineurs, y envoient lever les premieres leur sel d’ordinaire, & les seconds le sel roziere. Les voituriers qui viennent chercher ces sels se nomment sauniers. Le receveur après avoir vû leur procuration, leur donne un billet de délivrance, qu’ils vont porter à des employés établis sous le nom de contrôleurs aux passavants. Ces commis, au nombre de deux, enregistrent le billet, & expédient ensuite au nom de chaque communauté, avec celui du saunier, les passavans, qui le mois suivant, doivent être rapportés avec la décharge des échevins & des curés des lieux.

    Les passavans sont donc des especes de saufs conduits qui