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de Samothrace ; selon Pline, lib. IV. ch. xij. c’est aujourd’hui Monte-Nettuno, dans l’île de Samandrachi. Il lui donne 10000 pas de hauteur, ce qu’il ne faut pas entendre de sa hauteur perpendiculaire, mais seulement du chemin qu’il faut faire en montant, depuis le pié de cette montagne jusqu’au sommet. (D. J.)

SAONE, la, (Géogr. mod.) prononcez Sône ; riviere de France, l’une de celles qui grossissent le Rhône. Elle prend sa source au mont de Vosge, traverse la Franche-Comté, la Bourgogne, le Beaujolois, coule le long de la principauté de Dombes, & enfin se rend à Lyon qu’elle coupe en deux parties inégales, & s’y jette dans le Rhône tout joignant les murs de cette grande ville, près de l’abbaye d’Aisnay. Son nom latin est Arar, au génitif Araris. On appelloit déjà cette riviere Sauconna du tems d’Ammien Marcellin, qui dit lib. XV. Ararim quem Sauconnam appellant ; & c’est de ce mot Sauconna qu’est venu le nom françois.

Il ne faut pas confondre la Saone avec la Saona, en latin Savo, riviere d’Italie au royaume de Naples, dans la terre de Labour. Cette derniere prend sa source vers Tiano, & se rend dans le golfe de Naples, entre la roche de Montdragron & la bouche du Voltorno. (D. J.)

SAORRE ou QUINTILLAGE, s. f. (Marine.) ces termes sur la Méditerranée signifient lest. Voyez Lest.

SAOULE, s. f. (Jeu d’exercice.) c’est le nom d’un jeu que les seigneurs de paroisse proposent en Bretagne à leurs vassaux, dans des jours de réjouissance, &c. Ce jeu se fait avec un ballon bien huilé en-dehors pour le rendre plus glissant. On le jette à l’aventure, & chacun cherche à s’en saisir & à se l’entr-arracher ; enfin celui qui le peut porter sur une autre paroisse que celle où se fait le jeu, gagne le prix proposé ; ce jeu se nomme en Normandie la pelote ou l’éteuf. (D. J.)

SAOULÉ, SOU ou SATURÉ, (Chimie.) Voyez Saturation.

SAOULER, (Jardin.) quelques autres modernes se sont servis de ce terme en parlant d’une terre qu’on avoit trop fumée ou arrosée.

SAPÆI, (Géogr. anc.) ancien peuple de la Thrace, selon Etienne le géographe. Appien, civil. lib. V. en fait aussi mention. Leur pays est nommé Sapaica præfectura par Ptolomée, lib. III. ch. xj. Leurs villes étoient Ænos, Cypsela, Bisanthe, &c. selon le P. Hardouin, in Plin. l. IV. c. ij.

2. Sapæi, ancien peuple de l’Ethiopie sous l’Egypte, selon Ptolomée, l. IV. c. viij. il les met au midi du peuple Memnones, qui étoient entre le Nil & l’Astapus, près de Méroé. (D. J.)

SAPAJOU, voyez Singe.

SAPAN, s. m. (Hist. mod.) c’est le nom que les habitans du Pégu donnent à leurs principales fétes ou solemnités, qui se célebrent avec beaucoup de pompe. La premiere est la fête des fusées ; les gens riches lancent des fusées en l’air, & ils jugent du degré de faveur qu’ils obtiennent auprès de la divinité, par la hauteur à laquelle leur fusée s’éleve : ceux dont la fusée ne s’éleve point, s’ils en ont les moyens, font bâtir un temple à leurs dépens, pour expier les fautes qui leur ont attiré le déplaisir du ciel. La seconde fête s’appelle kollok, on choisit des femmes du peuple, & sur-tout des hermaphrodites qui sont communs au Pégu, qui forment une danse en l’honneur des dieux de la terre. Lorsque la danse est finie, les acteurs ou actrices entrent en convulsion, & prétentendent ensuite avoir conversé avec les dieux, & se mêlent de prédire si l’année sera bonne ou mauvaise, s’il y aura des épidémies, &c. La fête appellée sapankatena, consiste à faire de grandes illuminations, & à promener dans les rues de grandes pyramides ou

colonnes. Celle que l’on nomme sapan-dayka, ou là fête des eaux, se célebre en se baignant & en se jettant les uns aux autres une grande quantité d’eau. La fête appellée sapan-donon, se célebre par des joutes ou courses sur l’eau. Le maître ou conducteur de la barque qui arrive la premiere au palais du roi, obtient un prix ; celui qui arrive le dernier reçoit par dérision un habit de veuve : cette fête dure pendant un mois entier.

SAPHAR, (Géogr. anc.) ou Sapphar & Sapharà par Ptolomée, lib. VI. ch. vij. ville de l’Arabie heureuse dans les terres, selon Pline, lib. ch. xxiij. c’étoit du tems d’Arrien la métropole du roi des Hémérites & des Sabaïtes leurs voisins. Le P. Hardouin dit que le nom moderne est Sacada. (D. J.)

SAPHENE, s. f. (Anatomie.) cette veine est la plus grosse & la plus longue des six qui forment la crurale. Elle commence par quelques rameaux qui viennent du gros orteil & de dessus le pié, & montant par la malléole interne le long de la jambe, & par la partie intérieure de la cuisse, entre la peau & la membrane charnue, elle va se perdre vers les glandes de l’aine dans la crurale, à l’opposite de la sciatique mineure qui s’y insere à la partie externe ; elle reçoit plusieurs branches dans son chemin, & c’est elle qu’on a coutume d’ouvrir dans la saignée du pié.

Galien, de curat. per venæ sectionem, a le premier établi que l’ouverture de cette veine est efficace pour exciter les regles, parce qu’après l’ouverture le sang se porte abondamment non-seulement à la veine sur laquelle on a opéré, mais encore à tous les vaisseaux qui en dépendent, à cause que le sang trouve moins de résistance à l’endroit où la veine est ouverte, que par-tout ailleurs. Lors donc qu’on a fait la saignée au pié, il se porte plus de sang aux vaisseaux de la matrice qui viennent de la veine-cave, aussi-bien que de la saphene. Et comme le fluide qui s’y porte en plus grande abondance distend considérablement les vaisseaux, le flux menstruel doit trouver une issue plus facile. Aussi lorsque le sang superflu, sans être visqueux, se trouve retenu par le vice des vaisseaux, on n’a pas plutôt ouvert la saphene que les humeurs se jettent en plus grande quantité vers la matrice, au moyen de quoi le cours du sang vers les vaisseaux de l’uretere est plus libre, & procure l’écoulement des regles. (D. J.)

SAPHIR, s. m. (Hist. nat.) pierre précieuse, bleue ; elle est transparente & d’une dureté qui ne le cede qu’au diamant & au rubis. Sa couleur se dissipe au feu sans que pour cela la pierre entre en fusion.

Relativement à la couleur, on compte quatre différentes especes de saphirs : 1°. Le saphir d’un bleu céleste, ou d’un bleu d’asur ; c’est celui que l’on regarde comme le plus beau. C’est ce saphir que quelques auteurs appellent saphir mâle ; on le nomme aussi cyanus, parce qu’il est de la couleur des barbots. 2°. Le saphir d’un bleu foncé ; il est moins estimé que le précédent. 3°. Le saphir d’un bleu clair, tirant un peu sur le verd d’eau ; quelques auteurs le nomment saphirus prasitis. 4°. Le saphir très-clair, dans lequel la teinte bleue est presqu’entierement imperceptible. Il n’y a, pour ainsi dire, que la dureté qui mette de la différence entre lui & le diamant ; ce dernier a quelquefois été appellé saphir femelle : d’autres l’ont appellé leuco-saphirus.

Wallerius dit que les saphirs sont ordinairement d’une forme octogone, ou d’un plus grand nombre de côtés ; mais les relations des voyageurs nous apprennent qu’on les trouve communément sous la forme de petits cailloux roulés dans quelques rivieres des Indes orientales, de même que presque toutes les autres pierres précieuses. Les plus beaux saphirs viennent des royaumes de Pégu, de Bisnagar, de Cambaye & de l’île de Ceylan. Ceux qui se trouvent