Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/660

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pierre. Son fruit est une baie ronde, légere, vuide, & grosse comme un grain de poivre. (D. J.)

SARGEL, (Geogr. mod.) ville d’Afrique dans la province de Tremecen, au royaume de Maroc, sur la côte, entre Ténès & Alger, à huit lieues de cette derniere ville. Elle a été autrefois florissante ; mais aujourd’hui c’est une ville ruinée, avec un port qui n’est bon que pour de petits bâtimens. Long. 16. 22. latit. 33. 32. (D. J.)

SARGLTIA, (Géogr. anc.) fleuve de la Dace, selon Dion Cassius, in Trajano. Ce fleuve arrosoit la ville Sarmizogœthusa, depuis nommée Ulpia-Trajana, & se jettoit ensuite dans le Rhabon. Le roi Déébalus avoit caché ses trésors dans un creux de ce fleuve, dont le nom moderne, à ce que dit Tzetzès, est Argentia ou Sargentia ; mais, selon Sambucus, les Hongrois le connoissent sous le nom de Sirel, & les Allemands sous celui d’Istrig. Ce sentiment est appuyé par Lazius, dans sa république romaine. (D. J.)

SARGO, s. m. (Hist. nat. Ichtiolog.) sargus ; poisson de mer fort ressemblant à la Daurade, mais plus rond. Voyez Daurade. Il a le corps applati & épais ; ses écailles sont petites & d’une couleur argentée ; il y a sur les côtés du corps des traits noirs qui s’étendent depuis le dos presque jusqu’au ventre, & dont les uns ont plus de longueur & de largeur que les autres ; ces traits sont disposés de façon qu’il y en a alternativement un long & un court. Les yeux sont très-ronds ; les nageoires placées près des ouies & le bout de la queue, ont une couleur rougeâtre ; celles du ventre sont noires ; la nageoire qui s’étend depuis l’anus jusqu’à la queue est plus grande que dans la daurade. Il y a sur la queue une tache noire semblable à celle du sparaillon ; la nageoire de la queue est divisée en deux parties. Le sargo reste sur les rivages ; il fraye au printems & en automne ; les poissons de cette espece que l’on pêche dans les eaux pures & nettes sont meilleurs que ceux qui restent dans les endroits fangeux. En général la chair du sargo est dure, un peu seche, & très-nourrissante, mais moins bonne que celle de la daurade. On a aussi donné le nom de sargo à une espece de scarre. Voyez Scarre. Rondelet, hist. nat. des poissons, I. part. liv. V. ch. v. Voyez Poisson.

SARIGOY, ou Carigne, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) animal quadrupede du Brésil ; son poil est grisâtre ; il répand une odeur très-desagréable, ce qui vient, dit-on, de la graisse qu’il a sur les rognons ; si on l’ôte, sa chair est très-bonne à manger. On croit que c’est une espece de putois.

SARGUEMINE, (Géogr. mod.) en allemand Guemund ; petite ville de la Lorraine allemande, sur la gauche de la Saare, entre Saralbe & Sarbruck, environ à trois lieues de chacune. Longit. 24. 46. latit. 49. 5. (D. J.)

SARIGAN, l’Isle de, (Géogr. mod.) autrement l’île de Saint-Charles ; petite île de l’Archipel de Saint-Lazare, & l’une des Mariannes, à six lieues de l’île de Guguan ; on lui donne douze milles de circuit. Latit. septent. 17. 35. (D. J.)

SARIPHES, Monts (Géogr. anc.) Sariphi, montagnes d’Asie. Strabon, épitom. l. XI. pag. 1275, & Ptolomée, l. VI. c. x. s’accordent à dire que le fleuve Oxus prenoit sa source dans ces montagnes, qui étoient dans la Margiane. (D. J.)

SARISSES, s. f. (Art milit.) piques dont les Grecs se servoient, & qui avoient plus de longueur que les nôtres. Voyez Pique & Phalange. (q)

SARLAT, (Géogr. mod.) ville de France dans le Périgord, à une lieue & demie de la rive droite de la Dordogne, à 10 lieues au sud-est de Périgueux, à 15 au nord-ouest de Cahors, à 125 de Paris. Il y a présidial, sénéchaussée, bailliage, élection, & un évêché d’un modique revenu ; il a été démembré de

celui de Périgueux, suffragant de Bourdeaux, & fut érigé par le pape Jean XXII.

Cette ville doit son origine à une abbaye d’hommes, ordre de saint Benoît, fondée du tems de Charlemagne. Ses habitans sont très-pauvres, & n’ont d’autre commerce que l’huile de noix. Long. 18. 50. latit. 46. 6.

Trois gentilshommes, hommes de lettres, & c’est une chose rare dans ce royaume, MM. Amelin, de la Boëtie & de la Calprenede, sont nés à Sarlat.

Amelin (Jean d’) a composé une histoire de France, & a publié une traduction de quelques livres de Tite-Live sur les guerres puniques. Cette version n’est pas mauvaise, outre que l’auteur a eu soin d’y marquer à la marge le nom moderne des villes, des rivieres & des provinces. Il vivoit sous le regne d’Henri II.

Boëtie (Etienne de la) mort en 1563 à 33 ans, a laissé un traité curieux, intitulé de la servitude volontaire, ouvrage qu’il fit à l’âge de 18 ans ; tout le monde le connoît, car il est imprimé à la suite des œuvres de Montagne son intime ami.

Calprenede (Gautier de Coste sieur de la) naquit à deux lieues de Sarlat. Il servit d’abord cadet, ensuite officier dans le régiment des gardes, & devint enfin gentilhomme ordinaire du roi. Il mourut en 1661 d’un coup de tête que lui avoit donné son cheval, qu’il avoit relevé trop vivement dans un faux pas.

Il avoit dès sa jeunesse beaucoup de talens pour narrer agréablement. Aussi montoit-il assez volontiers étant cadet au régiment des gardes, dans la salle de l’appartement de la reine, où il débitoit plusieurs petites histoires agréables, qui attiroient du monde de l’un & l’autre sexe autour de lui. La reine se plaignant un jour à ses femmes de chambre de ce qu’elles ne se rendoient pas exactement à leur devoir, elles répondirent qu’il y avoit dans la premiere salle de son appartement, un jeune militaire qui contoit des histoires si amusantes, qu’on ne pouvoit se lasser de l’écouter. La reine voulut le voir, & elle fut si satisfaite de son esprit & de ses manieres, qu’elle lui donna une pension.

Il est auteur des tragédies de la mort de Mithridate, du comte d’Essex, de la mort des enfans d’Hérode, & de plusieurs autres. Elles eurent peu de succès. Le cardinal de Richelieu s’en étant fait lire une, dit que la piece étoit bonne, mais que les vers en étoient lâches. « Comment lâches ! s’écria la Calprenede, quand on lui rapporta la décision du cardinal ; cadedis, il n’y a rien de lâche dans la maison de la Calprenede ».

C’est à ses romans qu’il dut toute sa réputation dans le dernier siecle ; mais le nôtre ne la lui a pas confirmée. Le premier ouvrage qu’il publia en ce genre, est Cassandre : le second est Cléopatre, qu’il acheva en 1645. Le premier est plus intéressant, & le second plus varié pour les événemens. M. Despréaux cependant trouvoit que les caracteres s’y ressembloient trop, car c’est le roman de Cléopatre qu’il censure, quand il dit dans l’art poétique,

Souvent, sans y penser, un écrivain qui s’aime,
Forme tous ses héros semblables à soi-même ;
Tout a l’humeur gascone, en un auteur gascon ;
Calprenede & Juba parlent du même ton.

Il est certain que ces deux ouvrages sont écrits avec noblesse, mais avec beaucoup de négligence. Son dernier roman est Pharamond, dont il n’a travaillé que les sept premiers tomes. Comme il en vouloit faire son chef-d’œuvre, il le composoit à loisir. Il est en effet mieux écrit, & conduit avec plus d’art que les deux autres. Vaumoriere l’a fini, mais il s’en faut beaucoup que la fin vaille le commencement.

La tragédie de Mithridate de la Calprenede fut re-