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Et Silius Italicus, l. VIII. v. 381. lui donne celle de nebulosa.

Quæ Saturæ nebulosa palus restagnat.

Cluvier croit que ce marais est le même que le marais Pomptine. Il s’étendoit dans l’espace d’une dixaine de lieues, le long du pays des Volsques. Les rivieres Ufens, aujourd’hui Ofanto ; & Amazène, aujourd’hui Toppia, formoient ce marais. (D. J.)

SATURANS, se dit quelquefois pour absorbans. Voyez Absorbant.

SATURATION, s. f. (Chimie.) Ce mot ne se dit guere que de l’état de parfaite neutralité de sels moyens ou neutres ; c’est-à-dire, de celui où chacun de leurs principes a été employé dans une juste proportion. Lorsqu’on forme un sel neutre dans une liqueur, en y versant successivement les deux principes qui doivent former ce sel par leur union, par exemple, de l’acide & de l’alkali ; on est parvenu au point de saturation, lorsqu’il n’y a dans cette liqueur aucune partie sensible de l’un des deux principes qui soit libre, nue, sur-abondante.

Les moyens ordinaires de s’assurer de ce point de saturation qui importe très-fort à la perfection du sel neutre, sont, 1°. d’observer la nullité ou privation, l’effervescence, la non-effervescence dans le cas très-ordinaire où les deux principes s’unissent avec effervescence, lorsqu’on verse successivement & en tâtonnant la plus petite quantité possible de chacun de ces principes. 2°. D’essayer une petite quantité de la liqueur sur le sirop ou la teinture de violette. Ce moyen est surtout très-commode, lorsque la base du sel neutre est une matiere alkaline, soluble par l’eau : car la plus petite portion d’acide nud ou surabondant rougit assez constamment cette couleur végétale qui est naurellement bleue, & les substances alkalines la verdissent. Ce signe est pourtant équivoque quelquefois. Voyez Violette. 3°. Enfin, on éprouve la liqueur par le mélange de la teinture du tourne-sol, ou en y plongeant du papier bleu ordinaire. La plus légere portion d’acide rougit cette teinture & ce papier. L’excès de l’un des principes, découvert par ce moyen, se compense par une addition ménagée d’une quantité proportionnée du principe qui manque.

On dit encore d’une liqueur quelconque, considérée comme menstrue, qu’elle est saoule ou saturée d’un certain corps, lorsqu’elle en a dissous autant qu’elle en peut dissoudre : car il y a ici un terme qui peut s’appeller aussi point de saturation ; par exemple, une partie d’eau n’est saturée de sucre que lorsqu’elle en a dissous deux parties : une partie de tartre vitriolé saoule huit parties & demie d’eau ; vingt-huit parties d’eau sont saturées par moins d’une partie de crême de tartre, &c. (b)

SATURNALES, s. f. pl. (Mithol. Littér. Médaill. Antiquit. rom.) saturnalia, célebres fêtes des Romains.

Cette fête n’étoit originairement qu’une solemnité populaire ; elle devint une fête légitime, lorsqu’elle eut été établie par Tullus Hostilius, du moins en fit-il le vœu qui ne fut accompli que sous le consulat de Sempronius Atratinus & de Minutius, suivant Tite-Live. D’autres auteurs en attribuent l’institution à Tarquin-le-superbe, sous le consulat de T. Largius. Enfin, quelques écrivains font commencer les saturnales dès le tems de Janus roi des Aborigènes, qui reçut Saturne en Italie. Ensuite voulant représenter la paix, l’abondance & l’égalité dont on jouissoit sous son regne, il le mit au nombre des dieux ; & pour retracer la mémoire de ce siecle d’or, il institua la fête dont nous parlons. Quoi qu’il en soit, sa célébration fut discontinuée depuis le regne de Tarquin ; mais on l’a réta-

blie par autorité du sénat pendant la seconde guerre

punique.

Ces fêtes se passoient en plaisirs, en réjouissances & en festins. Les Romains quittoient la toge, & paroissoient en public en habit de table. Ils s’envoyoient des présens, comme aux étrennes. Les jeux de hasard défendus en un autre tems, étoient alors permis ; le sénat vaquoit ; les affaires du barreau cessoient ; les écoles étoient fermées. Il sembloit de mauvais augure de commencer la guerre, & de punir les criminels pendant un tems consacré aux plaisirs.

Les enfans annonçoient la fête en courant dans les rues dès la veille, & criant : io saturnalia. On voit encore des médailles, sur lesquelles ces mots de l’acclamation ordinaire de cette fête se trouvent gravés. M. Spanehim en cite une qui devoit son origine à la raillerie piquante que Narcisse affranchi de Claude essuya, lorsque cet empereur l’envoya dans les Gaules, pour appaiser une sédition qui s’étoit élevée parmi les troupes. Narcisse s’avisa de monter sur la tribune pour haranguer l’armée à la place du général ; mais les soldats se mirent à crier : io saturnalia, voulant dire que c’étoit la fête des saturnales, où les esclaves faisoient les maîtres.

Les saturnales commencerent d’abord le 17 Décembre, suivant l’année de Numa, & ne duroient alors qu’un jour. Jules César, en réformant le calendrier, ajouta deux jours à ce mois, qui furent insérés avant les saturnales, & attribués à cette fête. Auguste approuva cette augmentation par un édit, & y joignit un quatrieme jour. Caligula y fit l’addition d’un cinquieme nommé juvenalia. Dans ces cinq jours, étoit compris celui qui étoit particulierement destiné au culte de Rhéa, appellé opalia. On célébroit ensuite pendant deux jours en l’honneur de Pluton, la fête sigillaries, à cause des petites figures qu’on offroit à ce dieu.

Toutes ces fêtes étoient autant de dépendances des saturnales qui duroient ainsi sept jours entiers, savoir du 15 au 21 Décembre. C’est pourquoi Martial, épigr. liv. XIV. dit :

Saturni septem venerat ante dies.

Telle est en peu de mots l’histoire des fêtes de Saturne, mais elles méritent bien que nous nous y arrêtions davantage.

Nous avons dit que les saturnales étoient consacrées aux plaisirs, aux ris & aux festins. En effet, la premiere loi de cette fête étoit d’abandonner toute affaire publique, de bannir tous les exercices du corps, excepté ceux de récréation, & de ne rien lire en public qui ne fût conforme à ce tems de joie.

Les railleries étoient encore permises, ou pour m’exprimer avec un auteur latin, lepida proferendi licebat. C’est pour cela qu’Aullugelle raconte qu’il passa les saturnales à Athènes dans des amusemens agréables & honnêtes : saturnalia Athenis agitabamus hilarè ac honnestè ; car les gens de goût ne se permettoient qu’une raillerie fine, qui eût le sel & l’urbanité attique.

Il ne faut pas s’étonner que les festins regnassent dans cette fête, puisque Tite-Live, liv. I. c. j. en exposant l’institution des saturnales, parle en particulier de l’ordonnance d’un repas public : convivium publicum per urbem saturnalia, diem ac noctem clamatum. L’empereur Julien dit plaisamment à ce sujet dans sa satyre des césars qui l’ont précédé, que Tarquin voulant célébrer les saturnales, fit un grand festin, auquel il invita non-seulement les dieux, mais encore les césars ; & tous les lits y furent préparés, d’après l’usage que ces derniers suivoient pour leurs plaisirs.