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cueillies par M. de Chaufepié, dans son dictionnaire, se trouve une table de M. Osborn, à la suite de la lettre dont voici la fin.

Il y a, dit M. Molineux, dans les principes mathématiques de Newton, une observation qui mérite l’admiration de tous les hommes ; c’est la raison sesquialtere entre les révolutions & les distances des plane-

tes, & cela non-seulement parmi les planetes du premier,

mais aussi parmi celles du second ordre. La chose est évidente, selon M. Newton, par rapport aux satellites de Jupiter ; & M. Osborn a pris la peine d’en faire l’essai par rapport à ceux de Saturne, sur les data des Transactions philosophiques du mois de Mai 1686, où l’on trouve le tems marqué.

Table de M. Osborn.
Révolution de Périodes Périodes en Minutes de Tems Logarithmes des quarrés des distances Logarithmes du cube des distances 1000 S. Diam 2300 S. Diam Distances des Anses. 0.′ 10.″ 30.‴
0. 24. 34.
1. 1 : 21 : 19. 002719. 6.8688184 1. 9113691. 4 ⎲ 336. 0. 45. 03.
2. 2 : 17 : 43. 003943. 7. 1916524. 2. 2342041. 5 ⎲ 556. 0. 58. 20.
3. 4 : 12 : 27. 006507. 7. 6267616. 2. 6693123. 7 ⎲ 758. 1. 21. 27.
4. 15 : 23 : 15. 022995. 8. 7232668. 3. 7658175. 18 ⎲ 000 donné. 3. 09. 00.
5. 79 : 21 : 00. 115020. 10. 1215466. 5. 1640973. 58 ⎲ 646. 9. 12. 48.

Voici à quoi sert la derniere colomne ; c’est qu’en supposant le demi diametre de saturne de 10′ 30‴. & ses anses de 24′ 34‴, les distances entre le centre de saturne & ses satellites, dans leurs plus grands éloignemens, nous paroissent sous les angles marqués dans la derniere colomne, ce qu’on peut vérifier par le micrometre. C’est selon M. Molineux, une pensée qui absorbe, que de voir comment cette grande loi regne universellement dans toutes les parties de la nature, & convient à des corps qui sont à une si vaste distance les uns des autres, & qui semblent n’avoir aucune relation les uns avec les autres. C’est sans contredit le plus fort argument que la constitution de l’univers fournit de l’existence de Dieu, de voir régner une loi aussi fixe & aussi inviolable parmi ces vastes corps, qui sont à de si prodigieuses distances ; certainement leur situation & leurs mouvemens reglés ainsi, ne peuvent être un effet du hasard, mais il faut qu’un être tout puissant & sage, en soit l’auteur. (D. J.)

Saturne, (Mythol.) fils d’Uranus & de Vesta, ou du Ciel & de la Terre. On sait assez tout ce qu’en dit la fable, & les charmes que la poésie a répandus sur le regne de ce dieu, qu’elle a nommé le regne d’or, parce qu’il gouverna ses sujets paisibles avec douceur, & qu’il rétablit l’égalité des conditions.

Diodore de Sicile rapportant la tradition des Crétois sur les Titans, fait de Saturne le même éloge que les poëtes. Saturne, l’ainé des Titans, dit-il, devint roi, & après avoir policé ses sujets, qui menoient auparavant une vie sauvage, il porta sa réputation & sa gloire en différens lieux de la terre ; il établit par-tout la justice & l’équité, & les hommes qui ont vêcu sous son empire, passent pour avoir été bienfaisans, & par conséquent très-heureux. Il a regné dans les pays occidentaux, où sa mémoire est encore en vénération. En effet, les Romains & les Carthaginois, lorsque leur ville subsistoit, & tous les peuples de ces cantons, ont institué des fêtes & des sacrifices en son honneur, & plusieurs lieux lui sont consacrés par leur nom même. La sagesse de son gouvernement avoit en quelque sorte banni les crimes, & faisoit goûter un empire d’innocence, de douceur, & de félicité. La montagne qu’on appella depuis le mont-Capitolin, étoit anciennement appellée le mont-Saturnin, & si nous en croyons Denis d’Halycarnasse, l’Italie entiere avoit porté auparavant le nom de Saturnie : Virgile ; parlant de ce prince, dit :

Aureus hanc vitam in terris Saturnus agebat.


Il est certain qu’il fut persécuté par son fils, & qu’il fut obligé de se réfugier en Italie, après avoir erré en plusieurs mers, comme le remarque Ovide.

Thuscum rate venit ad amnem
Ante per errato falcifer orbe deus.

Mais, en quel tems vivoit-il ? L’historien Thalus le fait contemporain de Bélus, qui fleurissoit 322 ans avant le siege de Troie, ce qui paroît assez probable, car nous voyons qu’Agamemnon, Achille, Ajax, & Ulysse, prenoient la qualité d’arriere-petits-fils de ce Saturne, qui du tems de Janus, apprit aux Italiens à cultiver la terre.

Sous la fable de Saturne, dit Ciceron, se cache un sens physique assez beau. On a entendu par Saturne, celui qui préside au tems, & qui en regle les dimensions ; ce nom lui vient de ce qu’il dévore les années, Saturnus quod saturetur annis, & c’est pour cela qu’on a feint qu’il mangeoit ses enfans ; car le tems consume toutes les années qui s’écoulent ; mais de peur qu’il n’allât trop vîte, Jupiter l’a enchaîné, c’est-à-dire l’a soumis au cours des astres, qui sont comme ses liens.

Rome & plusieurs villes d’Italie dédierent des temples à Saturne, & lui rendirent un culte religieux. Ce fut Tullus Hostilius, selon Macrobe, qui établit les saturnales en son honneur. Le temple que ce dieu avoit sur le penchant du capitole, fut dépositaire du trésor public, par la raison que du tems de Saturne, c’est-à-dire, pendant le siecle d’or, il ne se commettoit aucun vol. On sacrifioit à ce dieu la tête découverte, au lieu qu’on se couvroit toujours en sacrifiant aux dieux célestes, dit Plutarque, c’est-à-dire que, selon lui, Saturne étoit un des dieux infernaux.

Saturne se trouvoit communément représenté. en un vieillard courbé sous le poids des années, tenant une faulx à la main, pour marquer qu’il préside à l’agriculture. (D. J.)

SATURNIA Colonia, (Géog. anc.) ville d’Italie, dans l’Etrurie de Calétra, suivant ce passage de Tite-Live, l. XXXIX. c. lv. Saturnia colonia civium romanorum in agrum Caletranum deducta. On ignore si Calétra subsistoit alors, ou si elle étoit détruite. On prétend que les ruines de la ville Saturnia, se voyoient encore dans le dernier siecle, & Léander dit qu’on les nomme saturniana. Au lieu de Saturnia colonia, Ptolomée, l. III. c. j. écrit Saturniana colonia, & il la place dans les terres. Les habitans de cette ville sont appellés saturnini par Pline, l. III. c. v. & il ajoute qu’auparavant on les nommoit aurinini ; ce qui fait conjecturer à Cellarius, Géog. ant. l. II. c. ix. que l’ancien nom de la ville étoit Aurinia. (D. J.)

SATURNIA TELLUS, (Géog. anc.) c’est un des premiers noms qu’ait eu l’Italie, & quoiqu’elle en ait porté divers autres depuis, ce premier n’a pas laissé d’être employé par les poëtes. Virgile, géog. l. II. v. 173. dit :


Salve magna parens frugum Saturnia tellus,
Magna virum. . . . . . .