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sont plus sains & plus robustes, ils fournissent une nourriture meilleure aux personnes qui ont la force de le digérer, car le même exercice qui exalte leur sel & leur huile rend aussi leur chair plus ferme & plus dense.

Les médicamens tirés du regne animal sont comme les alimens plus efficaces & meilleurs lorsqu’ils sont tirés des animaux sauvages, que s’ils sont pris parmi les animaux domestiques. Tel est le bézoard animal, tel est la graisse d’ours ; tels sont d’autres remedes tirés du regne animal, qui sont d’autant plus efficaces, qu’ils sont tirés des animaux les plus féroces & les moins apprivoisés.

Sauvage ou Sauvement, (Marine.) on sousentend faire le : c’est s’employer à recouvrer les marchandises perdues par le naufrage ou jettées à la mer. Le tiers de ces marchandises appartient à ceux qui les sauvent.

On appelle frais du sauvage le payement qu’on donne à ceux qui sauvent quelque chose, ou la part qu’ils ont à ce qu’ils sauvent.

Sauvages, s. m. plur. (Hist. mod.) peuples barbares qui vivent sans lois, sans police, sans religion, & qui n’ont point d’habitation fixe.

Ce mot vient de l’italien salvagio, dérivé de salvaticus, selvaticus & silvaticus, qui signifie la même chose que sylvestris, agreste, ou qui concerne les bois & les forêts, parce que les sauvages habitent ordinairement dans les forêts.

Une grande partie de l’Amérique est peuplée de sauvages, la plûpart encore féroces, & qui se nourrissent de chair humaine. Voyez Antropophages.

Le P. de Charlevoix a traité fort-au-long des mœurs & coutumes des sauvages du Canada dans son journal d’un voyage d’Amérique, dont nous avons fait usage dans plusieurs articles de ce Dictionnaire.

Sauvages, (Géog. mod.) on appelle sauvages tous les peuples indiens qui ne sont point soumis au joug du pays, & qui vivent à-part.

Il y a cette différence entre les peuples sauvages & les peuples barbares, que les premiers sont de petites nations dispersées qui ne veulent point se réunir, au-lieu que les barbares s’unissent souvent, & cela se fait lorsqu’un chef en a soumis d’autres.

La liberté naturelle est le seul objet de la police des sauvages ; avec cette liberté la nature & le climat dominent presque seuls chez eux. Occupés de la chasse ou de la vie pastorale, ils ne se chargent point de pratiques religieuses, & n’adoptent point de religion qui les ordonne.

Il se trouve plusieurs nations sauvages en Amérique, à cause des mauvais traitemens qu’elles ont éprouvés, & qu’elles craignent encore des Espagnols. Retirés dans les forêts & dans les montagnes, elles maintiennent leur liberté, & y trouvent des fruits en abondance. Si elles cultivent autour de leurs cabanes un morceau de terre, le mays y vient d’abord ; enfin la chasse & la pêche achevent de les mettre en état de subsister.

Comme les peuples sauvages ne donnent point de cours aux eaux dans les lieux qu’ils habitent, ces lieux sont remplis de marécages où chaque troupe sauvage se cantonne, vit, multiplie & forme une petite nation. (D. J.)

SAUVAGEA, s. f. (Botanique.) genre de plante, dont voici les caracteres. Le calice subsistant de la fleur est de cinq feuilles faites en lancettes pointues ; la fleur est à cinq pétales plats, droits, obtus, échancrées, & plus longs que les feuilles du calice. Les étamines sont des filets nombreux, chevelus, qui ont la moitié de la longueur de la fleur ; leurs bossettes sont simples ; le germe du pistil est enseveli dans le calice ; le stile est court ; les stigma sont au nombre de six, oblongs, & de la longueur du stile : le fruit

est une capsule ovale, couverte, à une seule loge ; l’enveloppe de la fleur & la capsule s’ouvrent horisontalement au milieu ; les graines sont petites & nombreuses. Linn. gen. plant. p. 240. (D. J.)

SAUVAGEON, s. m. (Jardinage.) est le même que sujet, que franc. Voyez Sujet.

SAUVAGINE, s. f. (Pelleterie.) nom que l’on donne aux peaux non apprêtées de certains animaux sauvages qui se trouvent communément en France, tels que peuvent être les renards, les lievres, les blaireaux, les putois, les fouines, les belettes ; & la sauvagine n’est regardée que comme une pelleterie commune qui ne s’emploie que pour les fourrures de peu d’importance. Savary. (D. J.)

SAUVAGUZÉES, s. m. pl. (coton des Indes.) ce sont des toiles blanches de coton qui viennent des Indes orientales. Il y en a, qu’on appelle balazées, qui se fabriquent à Surate, & d’autres que l’on nomme sauvaguzées-dontis. Elles ont treize aunes & demie sur deux tiers de large. Dict. de Comm.

SAUVE-GARDE, s. m. (Hist. nat.) c’est le nom que les Hollandois établis à Surinam, donnent à une espece de serpent, qui differe des serpens ordinaires, des lézards & de l’ignane ; il vient d’un œuf, comme les lézards ; ses écailles sont menues & lisses ; il se nourrit des œufs d’oiseau qu’il va manger dans leurs nids : lorsqu’il veut pondre les siens, il forme un creux sur le bord des rivieres, & il les laisse éclorre à la chaleur du soleil ; ses œufs sont de la grosseur de ceux d’une oie, mais plus alongés ; les Indiens ne font aucune difficulté d’en manger. Mademoiselle Mérian, qui nous donne la description de cet animal, n’a pas pu éclaircir davantage sa nature ; elle nous laisse dans l’incertitude si elle parle d’un crocodile ou cayman, d’un serpent ou d’un lézard.

Sauve-garde, s. f. (Jurisprud.) sont des lettres données à quelqu’un, par lesquelles on le met sous sa protection, avec défenses à toutes personnes de le troubler ni empêcher, sous certaines peines, & d’être déclaré infracteur de la sauve-garde. Il y a des sauve-gardes pour la personne en quelque lieu qu’elle aille ; il y en a qui sont spécialement pour les maisons & biens, pour empêcher qu’il n’y soit fait aucun dommage, & pour empêcher le propriétaire du logement des gens de guerre.

Il est parlé de ces sauve-gardes dans plusieurs coutumes ; & dans le recueil des ordonnances de la troisieme race, on trouve nombre de lettres de sauve-garde données à des abbayes & autres églises.

La sauve-garde peut être accordée par le roi, ou par les juges, soit royaux, ou des seigneurs.

On entend quelquefois par sauve-garde, une plaque de fer apposée sur la porte d’une maison, sur laquelle sont les armes du roi ou de quelqu’autre seigneur, avec ce mot sauve-garde ; ces panonceaux ne sont pas la sauve-garde-même, ils ne sont qu’un signe extérieur qui annonce que le propriétaire de la maison est sous la sauve-garde du roi ou de quelqu’autre seigneur. Voyez le glossaire de M. de Lauriere & le mot Sauf-conduit. (A)

Sauve-garde, (Art milit.) c’est, à la guerre, la protection que le général accorde à des particuliers pour conserver leurs châteaux, maisons ou terres, & les mettre à l’abri du pillage. Le garde ou le soldat qui va résider dans ces lieux, se nomme aussi sauve-garde. Il a un ordre par écrit contenant l’intention du général. Il est défendu, sous peine de la vie, d’entrer dans les lieux où sont envoyés les sauve-gardes, & de leur faire aucune violence. Le profit des sauve-gardes appartient au général, & il peut les étendre autant qu’il le juge à propos. Cependant le trop grand nombre de sauve-gardes est au détriment de l’armée, qui se trouve privée de tout ce que les lieux conservés pourroient lui fournir. Lorsqu’un