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ces, d’où leur vient le nom qu’elles portent. Leurs piés de derriere n’excedent pas la hauteur de leur dos, ainsi que font ceux des autres sauterelles : ils sont toujours pliés sous le ventre comme dans les puces, ce qui fait que les sauterelles-puces sautent extrèmement vîte, & sans perdre le moindre tems. Elles ont un aiguillon roide & fort pointu, avec lequel elles tirent le suc des plantes. Ce sont peut-être les seules especes de sauterelles qui ayent un aiguillon. Toutes les autres qui sont connues ont une bouche, des levres & des dents, avec lesquelles elles mangent les herbes & même la vigne.

Vos locustæ . . . . .
Ne meas loedatis vites : sunt enim teneræ.

Nos sauterelles-puces font des œufs, d’où naissent d’autres petites sauterelles qui sont enveloppées pendant quelque tems d’une fine membrane. Cette membrane est un fourreau qui a des yeux, des piés, des aîles, & d’autres organes qui sont les étuis de semblables parties du petit animal qu’elles renferment. Quand il sort de son œuf, il paroît comme un petit ver blanchâtre. Quelques jours après, il devient couleur de verd de pré, couleur que le suc des plantes, dont il se nourrit, pourroit bien lui communiquer. Alors il ressemble presque à un petit crapeau ou à une grenouille verte qui monte sur les arbres, & qu’on appelle pour cette raison rana arborea, grenouille d’arbre. Quoique cet insecte soit enveloppé d’une membrane, il ne laisse pas de marcher fort vîte & hardiment, mais il ne saute & ne vole point qu’il n’ait quitté sa pellicule.

Aussi-tôt qu’il est sorti de son œuf, il monte sur une plante qu’il touche avec son anus, pour y attacher une gouttellette de liqueur blanche & toute pleine d’air. Il en met une seconde auprès de la premiere, puis une troisieme, & il continue de la sorte jusqu’à ce qu’il soit tout enveloppé d’une grosse écume, dont il ne sort point qu’il ne soit devenu un animal parfait, c’est-à-dire qu’il ne soit délivré de la membrane qui l’environne.

Pour jetter cette écume, il fait une espece d’arc de la moitié de son corps, dont le ventre devient la convexité ; il recommence à l’instant un autre arc opposé au premier, c’est-à-dire que son ventre devient concave de convexe qu’il étoit. A chaque fois qu’il fait cette double compression, il sort une petite écume de son anus, à laquelle il donne de l’étendue en la poussant de côté & d’autre avec ses piés.

M. Poupart a mis sur une jeune menthe plusieurs de ces petites sauterelles : les feuilles sur lesquelles elles firent leurs écumes ne grandirent point, & celles qui leur étoient opposées devinrent de leur grandeur naturelle ; cela prouve que ces insectes vivent du suc des plantes, tandis qu’ils sont dans leurs écumes. Quand la jeune sauterelle est parvenue à une certaine grandeur, elle quitte son enveloppe qu’elle laisse dans l’écume, & elle saute dans la campagne : cette écume la garantit des ardeurs du soleil qui la pourroient dessécher. Elle la préserve encore des araignées qui la suceroient. Les laboureurs disent que ces écumes sont un présage de beau tems ; mais c’est qu’elles ne paroissent que quand le tems est beau, car le mauvais tems les détruit. (D. J.)

Sauterelle, (Coupe des pierres.) instrument de bois composé de deux regles BA, CA, assemblées par un bout A, comme la tête d’un compas pour être mobiles, & propres à prendre l’ouverture de toutes sortes d’angles, rectilignes, droits, aigus ou obtus.

Ce récipiangle sert pour transporter sur la pierre ou sur le bois l’angle d’une encoignure ou d’un trait de l’équerre, il est plus usité dans la coupe des bois que dans celle des pierres, où l’on se sert pour la même fin du compas d’appareilleur, qui est une es-

pece de sauterelle, à laquelle on a ajouté des pointes

pour servir de fausse-équerre ou de compas, suivant les occurrences.

SAUTEUR, s. m. (Littérature.) les Grecs qui avoient placé la danse au rang des marches militaires en abusant de l’établissement de leur gymnase, la prostituerent aux baladins & à des gens méprisables, sans même lui faire changer de nom ; alors l’art de faire des sauts & des tours de force fut un des quatre genres de la danse ; mais il faut ajouter qu’on faisoit peu de cas de ce talent & de ceux qui l’exerçoient. Clistene refusa sa fille à Hippoclide pour avoir fini sa danse par l’imitation des postures baladines. On a trouvé à Nîmes une petite figure de bronze, qui représente un de ces sauteurs ; la conformité qui s’y rencontre avec la pratique que nos voltigeurs suivent aujourd’hui, a une singularité qui frappe. Le tonnelet même que ces sortes de gens portent, ressemble à-peu de chose près à celui que l’on voit à cette figure. Le comte de Caylus, antiq. greq. rom. &c. tome III. (D. J.)

Sauteur, (Manege.) un sauteur est de deux especes, ou entre les piliers, ou en liberté. Le sauteur entre les piliers est un cheval auquel on apprend à faire des sauts entre les deux piliers. Voyez Saut. Le sauteur en liberté est celui à qui on apprend à faire le pas & le saut en appuyant le poinçon, ou en croisant la gaule par-derriere.

On met des trousse-queues aux sauteurs, pour leur tenir la queue en état, & l’empêcher de jouer & de faire paroître le sauteur large de croupe.

SAUTOIR, terme d’Horlogerie, c’est le nom d’une piece de la cadrature d’une montre ou d’une pendule à répétition ; il est synonyme à valet. Voyez Valet.

Sautoir, terme de Blason, piece honorable de l’écu fait en forme de croix de saint André, qu’on appelle autrement croix de Bourgogne. Sa largeur ordinaire est le tiers de l’écu, quand elle est seule. Il y a des sautoirs alaisés, & des sautoirs en nombre qu’on pose en différens endroits de l’écu. Il s’en voit de chargés, d’accompagnés, d’engrelés, d’endenchés, d’échiquetés, & de panne comme vair & hermine. Ménestrier. (D. J.)

SAUTRIAUX, s. m. plur. (Basse-lisserie.) ce sont des especes de petits bâtons dont les basse-lissiers se servent pour attacher les lames où tiennent leurs lisses ; ils sont dans la forme de ce qu’on appelle le fléau dans une balance ; c’est la camperche qui les soutient. (D. J.)

SAUVAGAGI, s. m. (Coton des Indes.) toile de coton blanche qui vient des Indes orientales, particulierement de Surate. Les pieces de ces toiles ont treize à treize aunes & demie de long, sur cinq à huit de large. Savary. (D. J.)

SAUVAGE, ce mot sert en matiere médicale à distinguer les végétaux qui croissent naturellement dans les champs d’avec ceux que l’on cultive. Sur quoi il faut remarquer que cette distinction est essentielle, d’autant que les plantes sauvages ont pour l’ordinaire plus d’efficacité que celles qui sont cultivées.

Sauvage est encore une épithete dont l’on se sert en matiere médicale, pour désigner les animaux sauvages, & les distinguer de ceux qui sont privés.

Les animaux sauvages fournissent une meilleure nourriture que les domestiques, car les animaux privés ou domestiques sont d’un tempérament humide, nourris dans la mollesse & l’inaction, tandis que les sauvages ont la chair ferme & même grasse.

D’ailleurs si l’exercice contribue à conserver la santé aux hommes, il fait le même effet parmi les animaux : les sels & les huiles sont plus exaltés dans la viande des animaux qui ont été laissés en liberté ; ils