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rameaux, formées chacune en petit godet de couleur purpurine obscure, soutenue par un calice d’une seule piece, fendu en cinq quartiers, avec quatre étamines à sommets jaunes. Quand ces fleurs sont passées, il leur succede des fruits arrondis terminés en pointe, & partagés en deux loges qui contiennent plusieurs petites semences brunes.

Toute la plante a une odeur de sureau fort desagréable, & un goût amer ; elle croît aux lieux ombrageux, dans les haies, dans les brossailles & les bois taillis ; elle fleurit en Juin, Juillet & Août. Sa racine est d’usage en Médecine.

La seconde espece de scrophulaire est aquatique ; elle est nommée dans Bauhin & Tournefort scrophularia aquatiqua major. Ses feuilles & ses fleurs sont semblables à celles de la scrophulaire des bois.

Scrophulaire, (Mat. med. & diete.) grande scrophulaire, scrophulaire aquatique ou herbe du siége, & petite scrophulaire.

La grande scrophulaire commune ou scrophulaire des bois, & la scrophulaire aquatique ou herbe du siége, sont regardées assez unanimement comme possédant les mêmes vertus.

Toutes les parties de ces plantes sont d’usage tant intérieurement qu’extérieurement. La principale vertu qu’on leur attribue c’est d’être spécifiques contre les hémorroïdes étant prises intérieurement. On donne donc dans les acces des hémorroïdes internes douloureuses, ou la racine en poudre à la dose d’un gros le matin à jeun, ou bien un verre de vin dans lequel cette racine a infusé pendant la nuit ; la semence de scrophulaire est comptée aussi parmi les vermifuges.

Quant à l’usage extérieur de ces plantes, l’application de leurs feuilles récentes, pilées & réduites en consistence de cataplasme, aux tumeurs scrophuleuses est regardée par plusieurs auteurs comme un remede assûré pour résoudre ces tumeurs, & c’est de cette vertu que ces plantes tirent leur nom.

Le suc de ces plantes est un puissant mundificatif. On trouve dans les Botanistes la description de plusieurs onguens préparés, la plûpart par des manœuvres fort inexactes & avec des circonstances très inutiles, qu’on célebre comme des remedes très-efficaces contre les tumeurs scrophuleuses, les hémorroïdes, les dartres vives, la gale, &c.

La racine de grande scrophulaire entre dans l’onguent mundificatif d’ache, & la racine & les feuilles dans l’eau vulnéraire & dans l’emplâtre diabotanum, &c.

Scrophulaire, (Mat. méd.) La petite scrophulaire qui est aussi appellée petite chélidoine petite éclaire, ranunculus vernus, rotondi-folius, &c. porte aux petites fibres blanchâtres dont sa racine est composée, des tubercules arrondis ou oblongs, semblables pour la grosseur à des grains de froment, & qui paroissent être véritablement nourrissans, par l’observation qui est rapportée dans l’article précédent, & qui est rappellée à l’article Farine, Farineux, Chimie, &c. Les observations sur l’usage diététique de cette substance manquent cependant encore.

Au reste cette qualité des tubercules dont nous venons de parler, n’empêche point que les autres parties de cette plante ne soient âcres & dangereuses, comme toutes les especes de renoncules, quoique peut-être à un degré inférieur. Voyez Renoncules, Mat. met. d’où l’on doit conclure que son usage intérieur n’est pas trop sûr. Quant à son usage extérieur, on lui attribue presqu’absolument les mêmes vertus, & on les emploie de la même maniere que la grande scrophulaire & que l’herbe du siege.

Le suc des racines de cette plante a une vertu errhine, c’est-à-dire qu’étant tiré dans le nez il en fait couler abondamment de la sérosité ; ce qui est

un indice de l’âcreté que nous lui avons attribuée. La racine & les feuilles de petite scrophulaire entrent dans l’emplâtre diabotanum. (b)

SCROPHULES, s. m. maladie. Voyez Ecrouelles.

SCROTUM, s. m. (Anatom.) On donne ce nom à l’envelope cutanée, qui renferme les testicules. Au dehors, c’est une bourse commune à tous les deux, fermée par la continuation de la peau qui couvre les parties voisines, & pour l’ordinaire très inégale par la quantité de rides ou rugosités qui paroissent dans toute sa surface. Au-dedans elle est charnue, & forme à chaque testicule une bourse musculeuse, appellée dartos.

La portion externe ou cutanée du scrotum, est à-peu-près de la même structure que la peau en général, dont elle est la continuation. Elle est plus fine cependant, & elle est parsemée d’espace en espace de plusieurs petits grains appellés glandes sébacées, & de quantité d’oignons de poils.

Quoiqu’elle ne soit qu’une envelope commune aux testicules, elle est néanmoins distinguée en deux parties latérales par une espece de ligne superficiellement saillante & inégale, qui paroît comme une espece de suture ou couture, & pour cela est appellée en terme grec raphé.

Cette ligne est la continuation de celle qui partage pareillement l’envelope cutanée du pénis, & elle continue tout de suite jusqu’à l’anus, en divisant de la même façon le périnée, c’est-à-dire l’espace qui est entre l’anus & le scrotum, en deux parties latérales. Elle n’est que superficielle, & elle ne paroît pas au dedans de la peau.

La surface interne de la bourse cutanée, est tapissée d’une membrane celluleuse fort mince, au-travers de laquelle les grains glandduleux, & les oignons de poils, paroissent assez distinctement quand on l’examine au dedans ; la rugosité du scrotum est pour l’ordinaire une marque de l’état naturel en santé, & pour lors il ne forme qu’un volume médiocre. Ce volume augmente principalement en longueur, & les rides s’effacent plus ou moins, selon les degrés contre nature & d’indisposition.

On lut à l’académie des Sciences en 1711, une relation écrite de Pondichery sur un homme de Malabar, dont le scrotum étoit si prodigieusement enflé, qu’il pesoit soixante livres ; mais il faut mettre cette relation même au rang des exagérations monstrueuses ; il est vrai cependant que les negres de Guinée sont sujets à des enflures du scrotum assez considérables pour les priver du commerce des femmes, & les empêcher de marcher librement. Dans nos pays cette partie est exposée à l’hidropisie, qui demande l’opération de la paracenthèse.

Au reste, Nicolaus Massa nous a laissé le premier une description très-exacte de la cloison du scrotum, dont quelques modernes ont eu tort de vouloir se faire honneur. « Cette poche, dit l’anatomiste vénitien, est partagée en deux parties par une membrane intermédiaire qui sépare le testicule droit du testicule gauche, ensorte que le scrotum a deux cavités, d’où il arrive quelquefois qu’un des côtés est tendu & gonflé par une affluence d’humeurs, ou par une descente d’intestins, tandis que l’autre côté reste dans son état naturel ». Charles Etienne a décrit depuis assez exactement la cloison du scrotum découverte par Massa, & il lui a donné les noms de scroti septum, seu diaphragma.

Scrotum, maladies du, (Médec.) 1°. La bourse lâche formée par les tégumens communs, suspendue au périnée, aux aînes & à la verge, séparée en deux par une cloison, & recouvrant les testicules, s’appelle scrotum. Il est attaqué de différentes maladies, qui ont leurs noms particuliers.