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mier, & soyez sûr que je vous seconderai bien.

SECONDINES, s. f. pl. terme de Médecine, qui signifie les différentes membranes, & les diverses tuniques dans lesquelles le fœtus est enveloppé dans la matrice ; comme le chorion, l’amnios, & le placenta. Voyez nos Planc. anat. & leur explic. Voyez aussi Fœtus, Chorion, Amnios, &c. On les appelle ainsi, parce qu’elles sortent en second, c’est à-dire après l’enfant dans l’accouchement ; les matrones & les sages-femmes les appellent arriere-faix, comme les considerant de même qu’un second fardeau dont la mere est délivrée ; d’autres les appellent le dèlivre, parce que quand elles sortent, la mere est estimée parfaitement délivrée ; il faut prendre garde de laisser les secondines dans la matrice, c’est un corps étranger qui feroit mourir la personne : il est même dangereux d’en laisser la moindre partie. Hippocrate remarque que des jumeaux ont toujours les mêmes secondines. Voyez Jumeau.

Le docteur Grew, dans son anatomie des plantes, applique le terme secondine à la quatrieme & derniere tunique des graines, parce qu’elles font à-peu-près le même office dans les plantes, que les membranes du fœtus dans les animaux ; & c’est certainement dans ce sens que Pline, Columelle, Apulée, &c. se sont servis du mot secondine.

SECOUER, v. act. (Gram.) émouvoir à plusieurs reprises ; secouer la poussiere de ses souliers ; secouer la bride à un cheval ; secouer un arbre pour en faire tomber les insectes, les fruits. Il se prend aussi au figuré ; il a secoué le joug de ses maîtres ; les habitans du Paraguai, mal conseillés, ont secoué le joug de leur souverain, &c.

SECOURIR, v. act. (Gram.) c’est donner du secours. Voyez l’article Secours.

Secourir, (Maréchal.) en parlant des chevaux, c’est leur donner les aides à tems & à propos, lorsqu’ils travaillent & qu’ils veulent demeurer, qu’ils se ralentissent, qu’ils ne continuent pas de la même cadence qu’ils ont commencé. On dit secourir un cheval des deux talons, pour dire lui donner les aides des talons, & ainsi de toutes les autres aides usitées dans le manege. Voyez Aides.

SECOURS, s. m. (Gram.) aide, assistance ; il faut implorer le secours du ciel ; nous devons du secours aux pauvres ; il ne faut pour donner du secours, que voir dans le malheur d’un autre, celui auquel nous sommes exposés.

Secours, (Hist. ecclés. mod.) c’est le nom que les fanatiques modernes de France, appellés convulsionnaires, donnent à divers tourmens que l’on fait endurer aux personnes qui sont sujettes aux convulsions, & qui dans les instans où elles prétendent en être saisies, assurent que ces tourmens leur procurent un vrai soulagement. Ces prétendus secours consistent tantôt à recevoir plusieurs centaines de coups de buche contre l’estomac ; tantôt à recevoir des coups d’épée dans les bras, dans le ventre, & dans d’autres parties du corps, tantôt à se faire piquer les bras avec des aiguilles ou des épingles ; tantôt à se laisser fouler rudement aux piés ; tantôt à se faire serrer fortement avec une corde, &c. Dans ces dernieres années on a vu des convulsionnaires se faire attacher sur des croix avec des cloux, qui, de l’aveu des spectateurs les moins prévenus, leur perçoient très-réellement les piés & les mains, & leur causoient des douleurs que ces malheureuses victimes de la fourberie avoient bien de la peine à masquer à des yeux attentifs ; cependant elles prétendoient que tout cela ne leur faisoit aucun mal, & qu’au contraire elles y trouvoient un très-grand soulagement. Ces convulsionnaires, après avoir été ainsi attachées en croix pendant quelques heures qu’elles employoient on priéres éjaculatoires, & en exhortations mysti-

ques & prophétiques, sur les maux de l’église,

finissoient quelquefois par se faire percer le côté, à l’imitation du Sauveur du monde ; après quoi on les détachoit de la croix, & elles affectoient d’avoir oublié tout ce qui s’étoit passé, & d’être satisfaites des supplices qu’elles venoient d’éprouver. Tous ces faits incroyables sont attestés par un grand nombre de témoins non suspects, & très peu disposés à s’en laisser imposer ; les gens éclairés n’ont vu dans tout cela que des femmes séduites par des imposteurs intéressés, ou par des fanatiques aveugles ; ils ont pensé que le desir du gain déterminoit des pauvres femmes à se laisser tourmenter, & à jouer une farce indécente & lugubre, dont le but étoit de persuader que le Tout-puissant prenoit visiblement en main la cause des appellans de la constitution Unigenitus, & qu’il opéroit en leur faveur des œuvres surnaturelles. Le gouvernement avoit pris le parti de dissimuler pendant quelque tems la connoissance qu’il avoit de ces extravagances ; mais les mysteres de la religion chrétienne indignement joués par les prétendus convulsionnaires, ne lui ont pas permis de tolérer plus long-tems de pareils abus. Voyez Convulsionnaires.

Secours, se dit ordinairement dans l’Art militaire, d’une armée qui vient secourir une place assiégée, pour tâcher d’en faire lever le siege à l’ennemi.

Quoiqu’on ne doive entreprendre un siege qu’après avoir pris toutes les précautions convenables pour ne point manquer cette entreprise, & résister à tous les efforts de l’ennemi qui voudroit en empêcher, il arrive cependant quelquefois qu’il assemble son armée plus promptement qu’on ne le croyoit, ou que le siege étant plus long qu’on n’avoit cru, on se trouve obligé de le combattre pour ne point interrompre l’opération du siege.

Il y a dans ce cas deux partis à prendre : le premier d’attendre l’ennemi dans les lignes, & le second d’y laisser une partie de l’armée pour leur garde & pour continuer les travaux des approches, & d’aller avec le reste au-devant de l’armée ennemie pour la combattre hors de la portée des lignes & de la place.

Ce dernier parti paroît avoir moins d’approbateurs que le premier ; mais, si nous osons dire notre sentiment sur ce sujet, nous croyons qu’on ne peut rien prescrire de géneral à cet égard ; parce que ce sont les circonstances particulieres dans lesquelles on se trouve, qui doivent décider de la conduite qu’il faut tenir en cette occasion.

Si l’armée assiégeante n’a rien à craindre pour la sûreté de ses convois ; si elle est assez nombreuse pour bien garnir tous ses postes & mettre ses lignes partout en état de faire une bonne défense, elle doit dans ce cas se borner à les défendre, pour ne point faire dépendre le succès du siege, de l’évenement toujours incertain d’une bataille. Mais si elle se trouve gênée pour ses fourrages ; si l’ennemi peut couper & intercepter ses convois, elle doit, si elle est assez forte pour aller au-devant de l’ennemi & pour laisser un nombre de troupes suffisant pour continuer le siege, & résister à tous les efforts de la garnison ; elle doit dis-je, dans ce cas, prendre le parti d’aller le combattre pour se délivrer de toutes les inquiétudes qu’il peut lui donner.

L’armée assiégeante doit encore prendre le même parti, si la circonvallation de la place est trop étendue pour qu’elle puisse bien défendre toutes ses différentes parties. Quand elle seroit même alors inférieure à celle de l’ennemi, elle ne peut guere se dispenser de sortir des lignes pour aller le combattre. Il n’est point rare dans les fastes militaires de voir une armée inférieure arrêter & même vaincre une armée plus nombreuse ; le tout dépend de l’habileté du gé-