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ture sont causés par le goût perverti des organes, par une indisposition singuliere de leurs nerfs.

Les excrétions ne sont pas un objet moins intéressant pour le patricien, toute maladie pouvant être regardée comme consistant dans un effort des organes qui travaillent à une excrétion. Les excrétions peuvent être critiques ou non critiques, abondantes ou en très-petite quantité ; mais c’est principalement la qualité des matieres qui mérite le plus d’attention par rapport aux pronostics.

L’effet des médicamens est encore du ressort de la secrétion & de l’excrétion, il est toujours subordonné au sentiment & à la mobilité des organes dont ces médicamens augmentent ou diminuent le ton & le jeu ; c’est d’après ces circonstances qu’un même remede peut devenir évacuant ou astringent, &c. la salivation par le mercure dépend des mêmes causes ; les glandes salivaires sont par leur état, leur disposition, plus irritées, plus agitées que les autres, c’est pourquoi le mercure qui est si divisible, se porte plus vers elles ; mais elles le cedent à un organe dont l’activité, l’irritation l’emportent ; ainsi en purgeant beaucoup un malade, les médecins suppriment la salivation. Par-là on pourroit encore rendre raison de la vertu des spécifiques, pourvu toutefois que sans recourir à des insinuations de particules, à des affinités, & à mille autres fictions de cette espece, on considere qu’il est des organes qui ont un plus grand département les uns que les autres, un influx plus général, une action plus étendue & qui en intéresse un grand nombre d’autres. Tel est, par exemple, l’estomac, avec le mouvement duquel la marche, le tems, l’ordre des secrétions ont un rapport manifeste ; & certes il est plus clair que le jour, que les forces épigastriques sont fort employées dans les différentes secrétions. Cet article est de M. Fouquet, docteur en l’université de Médecine de Montpellier, & médecin dans la même ville.

SECRETTE, s. f. (Gram.) oraison que le prêtre dit à la messe, après l’offerte ; elle est appellée secrette ou de ce que le prêtre la dit tout bas, ou de ce qu’anciennement les cathécumenes & les pénitens se retiroient alors ; dans ce second cas, la dénomination de secrette viendroit de secretus, participe du verbe secernere.

SECSIVA, (Géog. mod.) montagne d’Afrique au royaume de Maroc. C’est une montagne très-haute, très-froide, dont le sommet est toujours couvert de neige, & qui présente partout des rochers escarpés. Ceux qui l’habitent avec leurs troupeaux n’ont ni lois, ni juges, ni culte. Ils vivent sainement & longtems. (D. J.)

SECTAIRE, s. m. (Gram.) celui qui est attaché à quelque secte. Il se prend presque toujours en mauvaise part : on dit sectateur d’une école de philosophie ; un sectaire de dogme religieux.

SECTE, s. f. (Gram. & Théol.) terme collectif qui se dit de ceux qui suivent les opinions ou les maximes de quelque docteur ou maître particulier, soit théologien, soit philosophe.

C’est en ce sens qu’on a distingué dans l’ancienne Grece plusieurs sectes de philosophes, comme les Pyrrhoniens, les Epicuriens, les Platoniciens, les Stoïciens, &c. & qu’on distingue encore aujourd’hui les Péripatéticiens, les Gassendistes, les Cartésiens & les Newtoniens.

Il y a aussi en Théologie différens partis opposés, connus sous le nom de Thomistes, Augustiniens. Molinistes & Congruistes. Voyez chacun de ces noms sous leur article particulier.

Le nom latin secta a la même signification que le nom grec hoeresis, quoiqu’il ne soit pas aussi odieux. Cependant on désigne ordinairement les hérétiques sous le nom de sectaires ; & les hérésies, sous le nom

de sectes. Ainsi l’on dit, la secte des Marcionites, des Manichéens, des Montanistes ; la secte de Luther, de Calvin, &c. & l’on employe plus fréquemment le mot école, en parlant des Théologiens de l’Eglise romaine, qui sont divisés de sentiment ; ainsi l’on dit mieux l’école des Thomistes, que la secte des Thomistes.

L’on connoissoit parmi les Juifs quatre sectes particulieres qui se distinguoient par la singularité de leurs pratiques ou de leurs sentimens, & qui demeuroient unis de communion entre elles & avec le corps de la nation. Ces sectes sont celles des Pharisiens, des Saducéens, des Esséniens & des Hérodiens ; nous avons traité de chacune en particulier. Au commencement du Christianisme on vouloit faire passer la Religion de J. C. pour une secte du Judaïsme. On croit que les sectes des Philosophes chez les Grecs ont donné naissance à celles qu’on vit paroître chez les Juifs vers le tems des Macchabées ; & c’est à la même imitation que dès les premiers tems du Christianisme, quelques juifs ou payens convertis, voulant rafiner sur les dogmes reçus dans l’Eglise, formerent toutes ces sectes de Gnostiques & autres si fréquentes dans l’histoire des premiers siecles.

Nous avons donné dans ce Dictionnaire une idée de chaque secte, des opinions ou des hérésies qui la caractérisent sous le nom de chacune ; le lecteur peut y avoir recours pour s’en instruire, s’il a besoin.

Secte, (Hist. Philos. & Polit.) tant de sectes & d’opinions fausses, qui se sont perpétuellement succédées en matiere de religion, loin de nous aigrir, doivent nous apprendre à reconnoître l’imperfection de notre jugement, & sa foiblesse naturelle ; ce qui n’est pas un leger apprentissage.

Rien ne fit plus de tort à l’état politique du gouvernement de Justinien, que le projet qu’il conçut de réduire tous les hommes à une même façon de penser sur les matieres de religion, sur-tout dans des circonstances qui rendoient son zèle entierement indiscret.

Comme les anciens Romains fortifierent leur empire, en y laissant toutes sortes de culte ; dans la suite on le réduisit à rien, en coupant successivement les sectes qui ne dominoient pas.

Ces sectes étoient des nations entieres ; les unes, après avoir été conquises par les Romains, conservoient leur ancienne religion, comme les samaritains & les juifs ; les autres s’étoient répandues dans un pays, comme les sectateurs de Montan, dans la Phrygie ; les manichéens ; les sabatéens, les ariens, dans d’autres provinces ; outre qu’une grande partie des gens de la campagne étoient encore idolâtres, & entêtés d’une religion grossiere comme eux-mêmes.

Justinien qui détruisit ces sectes par l’épée ou par ses lois, & qui les obligeant à se révolter, s’obligea à les exterminer, rendit incultes plusieurs provinces ; il crut avoir augmenté le nombre des fideles, il n’avoit fait que diminuer celui des hommes.

Procope nous apprend que par la destruction des samaritains, la Palestine devint deserte ; & ce qui rend ce fait singulier, c’est qu’on affoiblit l’empire par zèle pour la religion du côté par où quelques regnes après, les Arabes pénétrerent pour la détruire.

Ce qu’il y a de desespérant, c’est que pendant que l’empereur portoit si loin l’intolérance, il ne convenoit pas lui-même avec l’impératrice sur les points les plus essentiels ; il suivoit le concile de Chalcédoine, & l’impératrice favorisoit ceux qui y étoient opposés, soit qu’ils fussent de bonne foi, dit Evagre, soit qu’ils le fissent à dessein.

L’exemple destructeur de Justinien, ne fut que trop imité dans la suite, les hommes étant toujours